Le statut de personne non-humaine accordé à certaines autres espèces animales commence à faire son chemin dans les mentalités, et même au sein des institutions juridiques. Ainsi en 2013, l’Inde a reconnu les dauphins comme étant des personnes non-humaines jouissant donc de droits. Des droits qui prennent surtout forme dans le fait de pouvoir jouir de liberté, et donc, ne pas être soumis à une forme d’exploitation commerciale quelconque.

La science parle

Les travaux modernes d’éthologie (l’étude du comportement des diverses espèces animales dans leur milieu naturel) ont amené un regard neuf sur les espèces animales sauvages qui nous entourent et qui peuplent en notre compagnie la planète sur laquelle nous vivons. Le fait d’avoir observé des comportements d’empathie, de coopération ou encore de protection chez les espèces sauvages a permis une prise de conscience sur le rapport que nous entretenons avec ces dernières. On reconnaît également des formes de langage chez certaines espèces en particulier.

Loin de « l’animal-machine » de la philosophie cartésienne selon laquelle les animaux seraient dépourvus de conscience, de pensée et aussi de douleur, cette nouvelle vision du règne animal est un véritable changement de paradigme. Elle se veut davantage ancrée dans une dimension empathique, compassionnelle mais surtout réaliste car elle s’appuie sur des études solides souvent menées sur le terrain, en milieu naturel. Rappelons tout de même que les théories de René Descartes sur cette thématique furent déjà critiquées à son époque par d’autres penseurs, alors que nous étions loin des avancées du XXIe siècle sur la question. Les oppositions à cette théorie mécanique se basent tout simplement sur le sens de l’observation et du bon sens. Mais à qui peut bien faire profiter l’idée que les animaux ne sont que des amas inanimés de ressources ? Suivez mon regard !

Butcher-to-the-World-fixImage : ourhenhouse.org

Pas seulement les singes !

En ce qui concerne les grandes intelligences, outre celle de l’Homo-sapiens bien sûr, nous savons donc désormais aujourd’hui que les dauphins, les baleines ou encore les éléphants mais aussi les grands singes de manière générale, en sont pourvus. Si c’était nécessaire de le rappeler, les grands singes appartiennent d’ailleurs aux Hominidae (hominidés), tout comme les Hommes.

Par ailleurs diverses études vont démontrer la vive intelligence d’animaux moins courants. Par exemple, la pieuvre (poulpe) et son étonnante capacité de mimétisme. On note aussi les capacités surprenantes de certains oiseaux qui utilisent les actions humaines à leur profit (le passage de voitures pour briser des noix). Il est fort à parier que de nouvelles connaissances vont voir le jour avec la recherche moderne.  Est-ce l’aube d’un basculement de paradigme sur notre vision du vivant ?

Découvrez les étonnantes et incroyables imitations de la pieuvre en action :

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

Le cas de Sandra

En ce qui concerne les orang-outan précisément, on vient d’apprendre que la justice argentine vient de reconnaître des droits à une femelle de cette espèce qui vivait jusqu’à présent dans un zoo. La justice a considéré que sa privation de liberté était illégale en raison de ses capacités cognitives. Cette femelle orang-outan de 29 ans a pour nom Sandra, elle est née en captivité et souffrait apparemment d’une situation d’exposition permanente et de manque d’espace. Après une plainte déposée de la part des défenseurs de la cause animale (AFADA), la justice a donc tranché : Sandra ira vivre en liberté dans un sanctuaire au Brésil.

SandraL’orang-outan Sandra (2010) Credit Photo : MARCOS BRINDICCI / REUTERS)

Le cas de Hercules et de Léo

Hercules et Léo sont deux chimpanzés cobayes de l’Université de Stony Brook de Long Island que l’association Nonhuman Rights Project tente de faire libérer depuis deux ans. Ils sont utilisés à des fins d’expérimentations biomédicales, mais leur situation vient de changer. En effet, si en décembre 2014, la Cour du comté a estimé que les deux chimpanzés n’avaient pas de droits humains et a également refusé leur libération, La Cour suprême de l’état New York devant qui l’affaire a été portée, elle, a récemment revu le dossier en convoquant un représentant de l’Université au tribunal. La justice a ainsi reconnu que ces deux chimpanzés avaient le droit à un jugement, s’appuyant sur une « détention possiblement illégale ». La Cour Suprême de l’état de New York a en effet invoqué l’Habeas Corpus ( « Institution anglo-saxonne (dont l’origine remonte à 1679 qui a pour objet de garantir la liberté individuelle de tout citoyen en le protégeant contre les arrestations et les détentions arbitraires. » Lire la définition complète sur larousse.fr)

De ce fait, les deux primates sont donc désormais des personnes, et c’est maintenant à l’Université qui les détient de prouver juridiquement le contraire. Si elle ne le peut pas, il est possible qu’ Hercules et Léo soient envoyés dans la réserve de l’association Save the Chimps en Floride. La Nonhuman Rights Project voit dans cette décision une vraie avancée pour le droit des animaux, car le débat est désormais présent de manière sérieuse. L’association souhaite changer les lois de l’intérieur pour faire évoluer la cause animale.

Chimpanzees munch on leek at Tokyo's Tama Zoo on February 16, 2009. The zoo started to give welsh onions to chimpanzees four years ago to help the primates stay healthy in winter and to avoid catching colds, according to Japanese traditional medicine. AFP PHOTO / Yoshikazu TSUNO
Chimpanzees munch on leek at Tokyo’s Tama Zoo on February 16, 2009. The zoo started to give welsh onions to chimpanzees four years ago to help the primates stay healthy in winter and to avoid catching colds, according to Japanese traditional medicine. AFP PHOTO / Yoshikazu TSUNO

Credit photo : © Yoshikazu TSUNO / AFP

La Nonhuman Rights Project (Le projet des droits non humains)

Vidéo introductive et explicative (langue anglaise)
L’association lutte également pour la reconnaissance des droits des cétacés et des éléphants (en plus des grands singes.) Leur site

Dans la définition de personne non humaine, c’est la notion d’individu qui est à relever. Peut-on continuer à maintenir en captivité des êtres doués d’intelligence et de sensibilité à la vue de toutes les connaissances actuelles ? L’idée va forcément découler sur une question plus délicate : peut-on continuer d’exploiter des espèces animales douées d’une grande intelligence reconnue, à des fins commerciales ?


Sources : huffingtonpost.fr / sciencesetavenir.fr / nonhumanrightsproject.org / Image à la une : © Yoshikazu TSUNO / AFP / huffingtonpost.fr

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation