En écho au récent « acte 24 » des gilets jaunes organisé ce samedi 27 avril, 24 artistes de toute la France se sont associés autour d’une exposition ouverte du 23 au 28 avril en plein cœur de Paris à l’espace culturel « Jour et nuit culture ». Nous nous y sommes rendus.


Macron éclaboussé de jaune, des visages de citoyens français, Coluche habillé d’un gilet jaune… Voici quelques-unes des œuvres que l’on peut découvrir toute cette semaine au centre culturel du 9 place Saint-Michel dans le 6e arrondissement de Paris. Car ces artistes sont bien décidés à apporter leur soutien symbolique aux mouvements sociaux actuels.

« De la capitale à la Provence, en passant par la Sarthe et la Haute-Savoie, qu’ils soient mobilisés chaque samedi ou observateurs des évènements, tous proposent de poser leur regard [sur le mouvement des gilets jaunes] », expliquent les organisateurs dans la présentation de l’évènement. Selon eux, « alors que ce mouvement historique, inédit et complexe se poursuit, alors que certains de nos droits les plus fondamentaux sont malmenés, cette exposition collective, en nuances de jaune, sera placée sous le signe de la diversité et de la liberté d’expression ».

Marie, artiste investie dans le mouvement depuis le début, nous guide à travers les deux étages de l’exposition dont elle a été à l’initiative. « C’est la première fois que j’organise quelque chose de ce genre », souffle-t-elle. Elle nous explique : « je voulais réunir des travaux d’artistes qui s’expriment sur ce qui se passe. Certains exposent pour la première fois, d’autres sont installés en galerie. Certains s’impliquent directement dans le mouvement, d’autres agissent comme de simples observateurs ». Pour retrouver ces personnes qui ont illustré le mouvement par l’intermédiaire de différentes techniques – photographie, peinture, art de rue – la jeune femme s’est essentiellement tournée vers les réseaux sociaux, où elle a mené ses recherches à l’aide du mot clé #giletjaune.

« J’ai passé beaucoup de temps sur un rond-point avec les gens qui s’y rencontrent pour les photographier », raconte l’artiste. Ses clichés imprimés et collés sur des palettes ont été installés sur un rond-point à Peyruis, village dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, avant d’être détruits avec l’ensemble du mobilier sous ordre du préfet. Pour elle, l’art est une forme de résistance et un engagement fort : « bon nombre d’artistes ne réussissent pas à vivre de leur travail », tient-elle à souligner. Si elle s’investit depuis de nombreuses semaines, « c’est parce qu’elle n’en peut plus de voir des personnes dormir dans la rue, l’éducation qui s’écroule, les hôpitaux qui ne fonctionnent plus. L’anormal est devenu normal ». L’énergie et la colère saine qui anime ces artistes est palpable.

« Premier Gilet Jaune ». Posca et vernis acrylique. Artiste : Karim Le H

Un peu plus loin, Peter, artiste allemand installé depuis bientôt 20 ans en France, dessine et caricature notre époque « par passion ».  « J’aime porter un regard cynique sur actualité« , nous confie-t-il. Le père de deux enfants ne s’est pas associé au mouvement dans la rue, mais essaye d’en comprendre les tenants et aboutissants à travers le dessin. « Le pays va mal, analyse-t-il, il y a un déphasage complet entre la politique et la population« .

En définitive, l’exposition traduit l’envie pressante de certains membres des gilets jaunes de trouver d’autres manières d’exprimer des opinions, en dehors des médias classiques qui ne cessent de les accuser de tous les maux. Marie résume : « j’ai commencé à faire des photos après avoir entendu des horreurs sur les gilets jaunes à la télé, je voulais montrer un autre visage ». Et, chacun sur le terrain se doit de le constater, la différence gigantesque saute aux yeux entre la réalité en nuance de gris et l’image déformée par le prisme de nos téléviseurs.

L’exposition intitulée acte XXIV se tient du 23 au 28 avril à Paris entre 15 heures et 20 heures. Le vernissage se tiendra le 25 avril à 18 heures. Adresse : 9 place Saint-Michel, 750006 Paris au « Jour et nuit culture ». Métro : Saint Michel. Entrée libre.

« Le réveil des Troopers ». Dessin numérique. Artiste : Mademoiselle Cynthia

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