Une petite imprimerie a fait une étonnante découverte en ouvrant les cartouches usagées de leur imprimante EPSON. Celles-ci contenaient des grosses quantités d’encre alors que l’imprimante demandait leur remplacement… Histoire d’une obsolescence démontrée.

En Europe, près de 200 millions de cartouches sont utilisées et jetées chaque année. Une manne de 60.000 tonnes de déchets dont on se passerait bien. La rumeur court depuis plusieurs années, les fabricants d’imprimantes utiliseraient diverses techniques pour encourager le remplacement précoce des cartouches. En effet, face aux prix des imprimantes qui ne cessent de baisser, le commerce des cartouches est de loin le plus juteux pour les marques. Et il y a de quoi ! Une cartouche domestique de couleur noire contient en moyenne entre 6 et 15 millilitres d’encre (parfois plus) pour un coût allant de 10 à 15 euros. Ceci équivaut à plus de 1000 euros le litre d’encre. De « l’or liquide » qu’il conviendrait, en principe, d’utiliser jusqu’à la dernière goutte.

Wasted_Ink_in_the_Epson_9900_-_YouTube

Jusqu’à 23% de gaspillage

Comme l’indique le site pixelistes.com, c’est « un pavé dans la mare du « lobby » des fabricants d’imprimantes » que vient d’envoyer Seattle Bellevue Fine, une petite société spécialisée dans l’impression. Ceux-ci utilisent régulièrement une imprimante professionnelle de type Epson 9900 et le « budget encre » leur est particulièrement élevé. D’une contenance de 350 millilitres, elle coûtent 150 euros chacune. Comme toute imprimante, une alerte se déclenche automatiquement quand l’imprimante juge que le niveau d’encre est critique. Il devient alors impossible d’imprimer tant que les cartouches ne sont pas remplacées.

Les membres de Bellevue Fine ont ainsi décidé de démonter les cartouches pour en extraite le précieux liquide et la surprise va être à la hauteur de leurs espérances. Chaque cartouche contenait entre 60 et 80 millilitres d’encre, soit entre 17 et 23% du contenant. Bien loin des 1% indiqué par l’appareil. Sur l’ensemble de la gamme de couleurs, l’entreprise va récupérer près d’un litre d’encre. Epson n’ayant jamais donné suite aux réclamations de l’entreprise, ceux-ci ont décidé de publier leur découverte dans une vidéo publiée sur Youtube.

Un phénomène déjà connu mais ignoré

Déjà en 2008, le fameux magazine informatique PC World avait révélé cette « arnaque » courante réalisée par les grandes marques de l’impression. À l’époque, les tests avaient démontré que certaines imprimantes poussaient à changer une cartouche alors qu’elle contenait jusqu’à 45% du contenu initial. Paradoxalement, EPSON s’en sortait plutôt bien avec 8% d’encre restante contre 24% chez Canon et 43% chez Kodak (cartouches originales).

En pratique, le phénomène est considéré comme une forme d’obsolescence profitant de la naïveté du consommateur tout en laissant les marques prétexter des spécificités techniques (qualité d’impression) pour se justifier. Rappelons que dans le documentaire Prêt à jeter, réalisé par Cosima Dannoritzer en 2010 et diffusé sur Arte, on découvrait qu’une imprimante, également de marque EPSON, était soupçonnée de porter une puce limitant le fonctionnement de l’appareil à 18 000 impressions pour inciter l’utilisateur à la remplacer.

- Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

ink_cartridges_used

Au delà de ce gaspillage manifeste, il faut savoir que les cartouches d’encre usagées font partie de la famille des Déchets Industriels Spéciaux (DIS). En effet, elles contiennent des composants très toxiques pour l’environnement dont de l’aluminium, des plastiques non-biodégradables, de l’oxyde de fer, et l’encre elle-même. Par ailleurs, les tambour photoconducteur peuvent contenir de l’arsenic et du nitrate d’argent. Si la filière du recyclage des cartouches d’encre s’est largement développée ses dernières années, ainsi que les systèmes de cartouches rechargeables à volonté, on est encore très loin d’une solution soutenable en matière d’impression domestique.

Une seule question, le « bad buzz » généré par les révélations de cette entreprise vont-elles faire réagir les industriels de l’impression ? Tout dépendra probablement de l’ampleur des partages.


Source : news.pixelistes.com / greenit.fr / pcworld.com / encyclo-ecolo.com

- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation