Certaines activités ménagères paraissent anodines mais sont en réalité à l’origine d’une pollution importante, quasi quotidienne. C’est le cas de la lessive industrielle. En plus des microplastiques rejetés par les vêtements eux-mêmes quand ils sont lavés, la plupart des poudres à lessiver et lessives vendues dans le commerce s’avèrent très polluantes à plus d’un titre. Face à ce problème, l’entreprise La Lessive de Paris propose aux habitants de la capitale française de laver leurs vêtements en évitant de produire toujours plus de déchets plastiques, de polluer les océans avec des résidus toxiques, tout en participant à la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Découverte.

L’une des principales causes du fléau constitué par la pollution plastique des océans pourrait être le lavage des vêtements. Trop souvent composés de plastique, les textiles rejettent une quantité considérable de microfibres synthétiques lors de leur passage dans la machine à laver. Or 20 millions de lessives sont réalisées chaque jour en France. Un ménage moyen consomme chaque année 26 litres de lessive liquide et 40 kg de lessive en poudre, nécessaires pour lancer ses 220 machines à laver.

Les écosystèmes aquatiques perturbés

La composition de la plupart des lessives industrielles est particulièrement néfaste. Rejetés dans la nature via les eaux usées, les détergents et autres phosphates perturbent l’écosystème des cours d’eau, des lacs et des océans de la planète. En France, le Golfe de Gascogne avait par exemple été envahi par une écume brunâtre à la surface de l’eau, liée aux produits chimiques issus des lessives. Sans oublier les contenants eux-mêmes, en plastiques complexes et colorés, qui sont très peu recyclés. À peine 27% des déchets plastiques sont traités en France.

C’est notamment pour lutter contre cette pollution systémique et les fausses alternatives que La Lessive de Paris a vu le jour. Ses concepteurs proposent une alternative concrète plus écologique pour permettre aux habitants de la Région Parisienne (dans un premier temps) de laver leur linge sans contribuer à la pollution, grâce à un circuit de fabrication et de distribution scrupuleusement optimisé pour respecter l’environnement.

Après plusieurs projets dans l’univers digital, les deux fondateurs lancent La Lessive de Paris.

Les deux fondateurs, Hubert Michaux et Victor Cerutti, se sont rencontrés en 2006 au cours de leur parcours professionnel. Après avoir lancé ensemble deux entreprises actives dans la transformation digitale, ils réfléchissent à un concept de start-up autour d’un produit écologique concret et utile, qui apporterait une solution donnée à un problème environnemental. C’est ainsi qu’est née La Lessive de Paris, dans laquelle ils ont investi toutes leurs économies, en plus d’un financement spécial obtenu auprès de la Région Île-de-France.

De la production à la distribution

Mise au point par un laboratoire spécialisé, la composition des produits proposés par l’entreprise exclut les ingrédients nuisibles à la fois pour la santé et pour l’environnement. Ceux-ci sont donc naturels à 99,9%, sans azurant, phosphate, sulfate ni tensioactifs dérivés du pétrole, ce qui fait de La Lessive de Paris un produit entièrement biodégradable. Les fondateurs ont également décidé de se passer d’huile de palme, pour réduire au maximum l’impact carbone de la lessive. C’est également dans cette optique qu’ils ont misé sur l’intégration totale des savoir-faire, contrairement aux industriels de la lessive qui se contentent de la fabriquer.

C’est ce qui leur permet de garder la maîtrise de chacune des étapes et d’en réduire l’empreinte environnementale. L’entreprise dispose ainsi de son propre atelier de fabrication dans Paris, où la lessive est aussi mise en bouteille à la main ! La commercialisation se fait en direct sur Internet, et les produits sont livrés à domicile à vélo dans un panier de 4 bouteilles en verre, qui seront reprises une fois vides pour être lavées et remplacées par de nouvelles. Les bouteilles en verre sérigraphiées (sans étiquette plastique), fabriquées en Champagne, pourront ainsi être utilisées des centaines de fois avant recyclage. Cette lessive supprime donc à la fois le plastique des contenants, les déchets, et la pollution engendrée par la livraison en camions.

Zéro déchet, zéro plastique, zéro carbone, tout a été réfléchi pour proposer une alternative vraiment écologique aux lessives industrielles.

Une alternative à l’efficacité réelle

En créant cette boucle locale de fabrication, commercialisation, livraison et consigne, La Lessive de Paris montre qu’il est possible de proposer une alternative bas-carbone au même prix qu’une lessive écologique vendue en supermarché. Persuadés que la protection de l’environnement ne doit pas être un luxe, Hubert Michaux et Victor Cerutti ont en effet mis un point d’honneur à commercialiser un produit sain à un prix abordable et à l’efficacité réelle.

Car devant la crise écologique, d’autres alternatives ont aussi vu le jour dans les boutiques télévisées ainsi que sur Internet. On pense aux « boules de lavage » à céramique. Ces « alternatives » en plastique sont généralement vendues en dropshipping 30 fois le prix réel via des fournisseurs chinois, le tout reconditionné en France sous des noms francophones sympathiques. Sous l’effet de la chaleur, ces produits libèrent, comme les vêtements, des particules de plastique dans l’eau, accentuant la problématique. Certaines de ces boules contiennent en outre des nanoparticules d’argent, potentiellement néfastes pour la santé. Par ailleurs, les scientifiques et des tests en double aveugle indiquent que ces pseudo-alternatives ne fonctionnent pas pour assainir les vêtements. Des associations de consommateurs en sont venues à la conclusion qu’utiliser une balle de lavage revenait simplement à nettoyer son linge à l’eau chaude. Antithèse des logiques locales, ces « boules magiques » semblent être une véritable arnaque reposant sur l’auto-suggestion des acheteurs, mais surtout un juteux business pour les revendeurs !

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Des alternatives parfois douteuses pullulent sur le net. Source : Amazon

Une autre solution, bien plus sérieuse, au problème de la pollution liée au lavage du textile est mise au point par l’entreprise slovène PlanetCare. Elle consiste à installer un filtre sur les machines à laver. Un dispositif qui pourrait faire ses preuves si généralisé à toutes les machines, même s’il n’existe en définitive aucune solution miracle. L’important  à ce stade semble avant tout d’acheter moins de vêtements ! Fabriquer sa propre lessive ou acheter un produit liquide local (à privilégier sur la poudre qui a un effet gommage) et en vrac (ou consigné) figurent également parmi les meilleures solutions. A plus forte raison lorsque cette lessive permet de soutenir l’économie locale, de réduire les déchets plastiques, la pollution des océans et les émissions de CO2.

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