Un an de cuisine sans viande en photo pour casser tous les préjugés

C’est une histoire qui ressemble à beaucoup d’autres, celle d’une personne devenue vegane en réaction à un système de consommation déshumanisé et hyper-industriel. Ce que Lucie a de particulier, en revanche, c’est qu’elle entend bien prouver au monde entier qu’être vegan n’est pas forcément synonyme de privations et qu’on peut tout à fait régaler ses papilles gustatives et ses yeux sans produits issus de la filière animale, le tout au service de sa santé et de la planète. Une témoignage bienvenu pour enrichir un débat où les stéréotypes ont la peau dure.

Le début d’une histoire

C’était il y a un peu plus de 4 ans, Lucie a stoppé sa consommation de viande, du jour au lendemain. Elle nous parle d’un « tout » qui l’a conduit à ne plus consommer de chair animale, allant d’un trop plein de vidéos sanglantes d’abattoirs, aux doutes grandissants quant à l’impact de la viande sur la santé et l’environnement. Et il en faut du courage tant les intox pullulent pour protéger cette industrie. À l’époque, loin des grandes résolutions, Lucie avait tout simplement en tête d’arrêter la viande pendant une petite semaine. Puis la semaine s’est transformée en mois, et en années, pour finalement devenir une réelle conviction qu’elle porte haut et fort au sein de son entourage, avec respect et tolérance.

Elle l’admet, le premier mois n’a pas été facile. Lucie raconte qu’elle manquait clairement d’informations pour entamer une transition. Une période de doutes où elle s’est également heurtée à l’inquiétude de son entourage, puisqu’être végétarien il y a 5 ans était encore considéré comme quelque chose de relativement marginal. Lucie explique que les produits alternatifs n’existaient pas en supermarchés, qu‘il n’était pas facile d’avoir des informations lisibles pour se sentir accompagnée dans cette transition, et qu’il fallait en plus gérer l’inquiétude (et les jugements) de proches qui avaient peur des carences qu’elle pourrait développer. Sans parler des premiers pas culinaires, entre le trop-plein de pâtes du début et les premiers essais de cuisson du Tofu nature…

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Mais Lucie a tenu bon, s’est procuré son premier livre de recettes et les choses se sont progressivement mises en place, avec de nouvelles habitudes alimentaires originales. « J’ai découvert des produits que je ne connaissais pas et que j’adorais : le seitan, le tempeh, le tofu aux herbes (et cette fois-ci bien préparé). J’étais devenue accro à la pâte feuilletée remplie de légumes, aux tartes, et surtout, à ce moment là, je continuais à manger fromages et produits laitiers. […] J’ai aussi arrêté d’acheter des produits en cuir. Si je ne voulais pas tuer des animaux, il était absurde d’acheter leur peau. Les choses commençaient à devenir plus facile et je prenais déjà de nouvelles habitudes alimentaires. »

Pourtant, alors persuadée que les choses n’iraient pas plus loin pour elle, Lucie n’en était qu’au début de son chemin, façonné par des rencontres et par une prise de conscience toujours plus aboutie traduite par un changement de ses comportements de consommation.

Du végétarisme au véganisme militant

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C’est par le biais d’une rencontre avec d’autres personnes engagées dans le végétarisme que l’engagement de Lucie s’est intensifié, nous explique-t-elle : « Elle était végétarienne depuis plus longtemps que moi et semblait déjà posséder un coté militant qui n’était qu’à ses prémices chez moi. Ensemble, on s’est trouvé des points communs et nous avons pu échanger sur le végétarisme. Je lui ai parlé de la présure animale dans les fromages, alors qu’elle me parlait de l’horreur de l’industrie laitière. En discutant, on s’est rapidement rendue compte que notre végétarisme finançait toujours des industries qui maltraitaient les animaux. Les poules pondeuses qui ne voient pas la lumière du jour, les poussins mâles broyés, les veaux arrachés à leur mère, les inséminations artificielle, et j’en passe. »

Certes, il aurait été possible de juste consommer « local » et « éthique » mais on réalise vite que ceci est une excuse assez grossière pour la plupart des gens afin de continuer à consommer des produits conventionnels. En effet, en Europe, plus de 80% de la production est de type industrielle et ça ne va pas en s’améliorant. Elle est pratiquement impossible à éviter. Pire encore, les petites exploitations peinent à survivre de la concurrence féroce des grands groupes et tendent à disparaître. Ainsi, ce ne sont pas vraiment les végans qui menacent le petit producteur fermier du coin, mais les géants du secteur qui les acculent à la faillite économique sans parler d’un marché global sans pitié. La prise de conscience a alors été complète pour Lucie : si elle voulait réellement être logique dans sa démarche de lutte contre une industriel déshumanisante, alors elle devait arrêter tous les produits animaux.

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Elle est donc devenue vegan avec une pleine conscience de l’impact sur l’élevage sur notre planète. « L’élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre, plus que le secteur des transports ; il est responsable de 80% de la destruction de la forêt amazonienne. C’était alors d’autant plus sensé de poursuivre dans cette voie. Plus je m’instruisais, plus je me rendais compte à quel point le véganisme était le minimum d’éthique que je pouvais apporter dans ma vie. »

Puis Lucie va donc continuer à apprendre jusqu’à devenir « une pro » de la cuisine végétale. Car il est tout à fait possible de faire de la « grande cuisine » riche en goût sans intenter à la vie animale sur fond de « on a toujours fait comme ça ». Aujourd’hui, elle partage ses recettes gratuitement sur le web et entend bien prouver au monde que manger de cette manière n’implique pas forcément de se priver de couleurs, de saveurs, de textures. L’art est dans la manière. Ses recettes sont en ligne sur son site internet We Are vege. Au programme, des conseils pour bien gérer sa transition vegan, les conseils que Lucie n’avait pas trouvé lorsqu’elle en avait besoin, mais également une multitude de recettes pour satisfaire toutes nos envies. Aujourd’hui, par ces images couvrant plus d’une année de consommation végane, elle entend casser les préjugés stériles autour de cette pratique alimentaire qui fait de plus en plus d’adeptes chaque année en France comme dans le monde. La preuve en images.

 

Ce qu’elle met en cause via son engagement : la tendance grégaire du plus grand nombre à se moquer de la nouveauté ou d’avoir peur d’un phénomène mal compris puisqu’il implique une toute autre conception de la consommation. Pourtant Lucie le dit bien, ce chemin l’a réellement transformé en tant que personne, et sa conscience a réellement grandi au fur et à mesure que cette éthique de vie, parmi d’autres, se frayait un chemin dans son esprit, sans chercher à l’imposer à quiconque par la force ou le mépris. Encourager de nouvelles manières de consommer avec bienveillance est possible.

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Reste un dernier préjugé à pulvériser : « manger de la viande est obligatoire pour être en bonne santé et sportif ». À ce titre, il faut se tourner vers un autre français, Régis Mangeot, coureur professionnel d’ultra-marathons (214 km sur tapis en 32h55) et végan depuis plusieurs année. Il explique parfaitement pourquoi le mythe de l’homme fort carnivore est totalement dépassé et démontre finalement toute l’étendue de nos croyances populaires.


We Are Vege / Instagram Little Lucie in Paris / Page facebook / Propos recueillis par Mr Mondialisation. (Archive 2017)

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