La dégradation de la qualité l’air participe dans une large mesure au dérèglement climatique, mais comporte également de lourdes conséquences en termes de santé humaine. À l’origine de nombreux décès chaque année, les particules fines sont responsables de graves problèmes respiratoires et cardiaques, notamment chez les populations les plus vulnérables. Récemment, deux études américaines ont confirmé un autre problème majeur posé par ce type de polluant : son impact considérable sur le développement émotionnel et cognitif du cerveau humain. Les scientifiques proposent aujourd’hui des pistes pour limiter les effets des particules fines sur l’organisme.

La pollution de l’air est un enjeu majeur dans de nombreux pays du monde. L’industrie, le chauffage, l’agriculture conventionnelle mais surtout les transports jouent un rôle de premier plan dans la dégradation de la qualité de l’air. En France, le secteur des déplacements humains est ainsi la première cause d’émissions de gaz à effets de serre, contribuant grandement au dérèglement climatique.

Des particules difficilement quantifiables

Mais outre le climat, ce type de pollution nuit aussi gravement à la santé de la population puisque il cause chaque année 48 000 décès prématurés en France, d’après une enquête de Santé Publique publiée en 2016. Cette même étude montre une perte de 15 mois à 30 ans d’espérance de vie du fait des particules fines pour les citadins. Un chiffre qui variait considérablement en fonction du milieu, baissant jusqu’à 9 mois d’espérance de vie perdus en moyenne dans les zones rurales. Les conséquences sur la santé humaine de la pollution de l’air, responsable de graves problèmes respiratoires et cardiaques, sont donc dramatiques, en particulier pour les populations les plus vulnérables comme les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées.

La pollution aux particules fines, un problème particulièrement prégnant dans les grandes villes – Unsplash/Joshua Rawson Harris

Les particules fines constituent à cet égard l’enjeu principal, et notamment les PM 2,5, inférieurs à 2,5 microns, qui peuvent se loger dans les ramifications les plus profondes des voies respiratoires. Celles-ci sont dites insédimentables car elles sont incapables de se déposer au sol sous le seul effet de la gravitation, elles peuvent donc parcourir des distances importantes sous l’action des vents. Ces particules fines, essentiellement composées de suie, sont émises par les déchets de combustions diverses (en grande partie du plastique jetable que nous consommons tous), mais principalement celles qui résultent du transport routier, et surtout des moteurs diesel. Extrêmement nombreuses, elles sont d’autant plus difficiles à quantifier qu’elles ont une masse négligeable.

Un risque de troubles cognitifs et émotionnels accrus

La nature des particules fines complique donc leur étude, mais la compréhension de ce champ scientifique récent augmente chaque jour. Deux études récentes de l’Université de Californie du Sud (USC) viennent ainsi éclairer la manière dont l’inhalation des particules fines se répercute sur le cerveau humain. Publiée dans Environment International, la première étude a montré que le phénomène, même à des niveaux relativement bas, peut modifier la taille du cerveau d’un enfant pendant sa phase de développement. À terme, l’exposition aux particules fines pourrait donc augmenter le risque de troubles cognitifs et émotionnels dès l’adolescence.

« À ce jeune âge, les neurones du cerveau des enfants s’étendent à un rythme incroyable. Au fur et à mesure que le cerveau se développe, il veut créer des connexions efficaces », a déclaré l’auteure principale Megan Herting, professeure-assistante à la Keck School of Medicin de l’USC, dans un communiqué. « Si ces connexions sont altérées par l’exposition aux PM2,5, cela pourrait engendrer des différences entre individus plus tard. » Pour parvenir à ces résultats, l’étude s’est basée sur les analyses d’IRM de près de 11 000 enfants âgés de 9 et 10 ans provenant de 21 villes des États-Unis. En comparant ces données avec les taux de pollution de leur lieu de résidence, les scientifiques ont pu démontrer que l’exposition aux PM 2,5 influence fortement le développement du cerveau chez les enfants.

Les Omega-3 pour limiter les effets de la pollution

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Mais les jeunes enfants ne sont pas la seule population affectée par l’inhalation de ces particules fines. Des recherches précédentes de la même université avait déjà mis en évidence les impacts de la pollution atmosphérique sur le cerveau des femmes âgées. Celles qui étaient exposées à des niveaux plus élevés de particules fines ont connu une baisse de la mémoire et une atrophie cérébrale semblable à celle d’Alzheimer plus prononcées que leurs homologues respirant un air plus propre. Une étude plus récente, publiée dans la revue Neurology, s’est penchée sur une nouvelle piste permettant de limiter l’impact des particules fines sur le cerveau.

Présents dans de nombreux oléagineux, les Omega-3 sont un allié de poids pour lutter contre les effets de l’exposition aux particules fines.

En effet, l’équipe de scientifiques a constaté un lien entre le niveau d’acides gras Omega-3 dans le sang et la protection contre les effets néfastes potentiels de la pollution de l’air sur les volumes de substance blanche. Contrairement à la matière grise, cette dernière représente la majeure partie du volume du cerveau et abrite le vaste système des connexions neurales qui unit différentes régions du cerveau et effectue diverses opérations mentales. En examinant les IRM de quelques 1315 femmes âgées de 65 à 80 ans et la concentration d’Omega-3 dans leur sang, les chercheurs ont mis en évidence la réduction de cette substance blanche chez les femmes les plus exposées aux particules fines, mais aussi la limitation de ces symptômes chez celles qui présentaient des taux élevés d’Omega-3.

Les résultats de cette étude indiquent donc que les avantages des Omega-3 sur le vieillissement du cerveau incluent la protection contre les effets neurotoxiques de la pollution de l’air sur le développement du cerveau. La consommation de ces acides gras, naturellement présents dans les poissons, mais également dans de nombreux oléagineux (noix et graines de lin, par exemple) et dans certaines huiles végétales, pourrait ainsi contribuer à limiter l’impact des particules fines sur le cerveau. S’il s’agit là d’une piste solide pour préserver sa santé individuellement contre la folie du monde moderne, l’important demeure aujourd’hui de trouver d’urgence des alternatives au transport routier et à la voiture individuelle, particulièrement en ville où la pollution de l’air est un défi de taille.

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