Quand s’est imposée l’idée du confinement, la plupart des gens sont simplement rentrés dans leur maison ou appartement. Certains ont fui à la campagne dans une résidence secondaire ou chez des amis. Mais pour des milliers de français, il s’agit de vivre dans un véhicule. Ils seraient environ 70 000 à vivre en camping-car à l’année. Mais avec le confinement, leur situation s’est soudainement dégradée face à des réglementations qui ne sont pas adaptées à leur situation et des autorités zélées qui répriment toutes réalités sortant un peu de la norme. Léa et Léo, un couple de français, nous partagent leur combat au quotidien pour simplement pouvoir se déplacer, se nourrir ou trouver un lieu où passer la nuit. Parkings bloqués, contrôles inutiles et incessants, personnels de contrôle non-protégés, règles contradictoires et mise en danger des personnes, ils décrivent ce qu’ils nomment la « schizophrénie » des autorités. Récit.

Schizophrénie ou comment gérer une Pandémie.
* vue de personnes vivants en Camping-car

 

Vous êtes prêts… Oui parce que c’est un peu long. Il faut bien des arguments pour avancer que nous sommes aux prises de décisions gouvernementales qui sont à la limite de la schizophrénie.

→ Lundi 16 Mars 2020,

Ma formation se finit. Je rejoins mon compagnon dans le Morbihan. Sur trois trains, deux ont des rames supprimées. Il n’y a pas assez de places assises pour tout le monde. Nous sommes serrés les uns contre les autres. Au soir, on nous annonce le décret n°2020 260, qui demande de se confiner et d’éviter les contacts.

→ Mardi 17mars 2020,

Le stage de mon compagnon s’arrête. Ne sachant pas combien de temps le confinement va durer, nous trouvons un lieu proche et calme, sur un parking autorisé aux camping-cars.

→ Vendredi 20 mars 2020, 16h30,

Des agents municipaux de la ville, viennent poser des barrières, interdisant l’accès au parking sur lequel nous sommes posés. Leur attitude est nonchalante et menaçante. Ils ne respectent pas les distances de sécurité et ne portent pas de masque. À la question « pourquoi devons-nous partir ? », les agents municipaux, sont incapables de nous donner une réponse, l’ordre vient de plus haut.

Cinq minutes plus tard, les gendarmes débarquent. Leur attitude est jugeante. Ils ne portent pas de masque. Ils nous demandent de partir et de retourner dans nos familles, ou de nous poser sur un parking de supermarché. Pour eux, nous ne pouvons pas rester là, car cela « rendrait jaloux les autres ». Nous devons quitter la côte.

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La seule solution que nous voyons est d’aller poser notre camping-car chez le frère de mon compagnon qui a deux jeunes enfants. Il se trouve à 2h de route. Autant dire que nous savons très bien qu’en se rendant chez eux, nous les mettions en danger (et inversement). A mi-chemin, nous trouvons une aire pour camping-car (département de Loire Atlantique).

→ Samedi 21 mars 2020,

Les gendarmes débarquent en fin d’après-midi. Ça tombe bien, nous les attendions ! Un camping-car qui bouge, en période de confinement c’est suspect !

Leur attitude est respectueuse et à l’écoute. Les deux gendarmes ne portent pas de masque. La situation est floue, même pour eux. Un nouvel arrêté préfectoral vient de sortir : il interdit l’accès aux parcs, massifs forestiers (…). Nous sommes face à un étang et des arbres.

Bref, nous comprenons que dans cette bataille de vouloir respecter la loi, où que nous allions avec notre maison roulante, nous ne sommes pas les bienvenus. C’est ce qui s’appelle déplacer le problème.

La seule solution que nous trouvons, pour rentrer dans les normes que la société nous impose, c’est de rouler 7h, de traverser 7 départements et de venir poser nos bagages dans une maison de vacances. Vous les entendez ces voix ? Vous savez celles qui disent « ils partent prendre des vacances dans leur maison secondaire ». Ça n’a posé aucun problème aux gendarmes de Loire Atlantique et de la Somme. C’est bon, on va enfin pouvoir comprendre ce que signifie « se confiner et éviter les contacts ».

→ Dimanche 22 mars 2020,

Après cette journée de route, passée la boule au ventre. On se dit que maintenant nous sommes dans les « règles », sans vraiment y être finalement. À cause de ces réglementations, nous avons quand même traversé 8 départements, en moins d’une semaine de « CONFINEMENT ». Vous y êtes, sur la notion de Schizophrénie ? Dire tout et son contraire…

→ Jeudi 9 Avril 2020,

Après 15 jours sans bouger, nous décidons de nous ravitailler. Nous roulons 10km pour aller chercher du poisson (frais et local) sur le quai du port. Devant notre Camping-car, deux policiers municipaux nous attendent. Dans un premier temps, leur attitude est agressive et dominante. Ils ont des masques. Nous roulons en Camping-car, c’est une « infraction et c’est interdit » !? (Après des recherches, rien n’interdit d’utiliser son camping-car, comme moyen de locomotion, pour faire ses courses).

Ils veulent nous mettre une amende. Nous leur expliquons que c’est notre seul moyen de déplacement. Nous devons de nouveau batailler, pour nous défendre. Dans un second temps, l’un de ces deux policiers juge notre achat (du poisson pour se nourrir) « d’inutile ». Pour lui, « on peut acheter notre poisson au supermarché » de la ville. [Pourquoi favoriser la pêche aux gros de l’autre bout du monde, avec de multiples intermédiaires, lorsque l’on peut avoir du poisson frais et local avec un unique intermédiaire ? Pour une question d’hygiène et de sécurité ? (Décret n°2020 293 interdisant les marchés). Est-ce vraiment censé ?].

Ils nous interdisent de revenir « dans leur ville » en Camping-car. En vélo ça peut être possible, si notre « tenue vestimentaire est adéquate » pour eux. On est prié de partir rapidement. Si les gens leurs demandent, s’ils nous ont mis une amende, ils répondront que « oui » ! Voilà que les policiers municipaux se mettent à mentir maintenant… !

Pour ces personnes, on a eu de la « chance de tomber sur eux, et pas sur les gendarmes de la ville ». Ils nous avouent que « les gendarmes sont en colère, depuis qu’on leur a INTERDIT, de porter des masques ». Interdit ?! Oui, « interdit » ! Décision très logique, pour un corps de métier qui rentre en contact direct avec la population, et qui nous/se met en danger.

Nous roulons 3km pour continuer notre plein au marché. Trois gendarmes filtrent à l’entrée. Leur attitude est dans un premier temps, directive pour devenir dominante, voire agressive. Ils ne sont pas masqués, et ils ne respectent pas le mètre de distance.

On se fait amender de 135 euros, car notre attestation… est « écrite au crayon gris » ! Nous tentons de nous justifier par l’économie de feuilles. [À quoi bon écrire de manière indélébile, sur un bout de papier, qui peut être réutilisable, à l’infini, si on le souhaite]. Il nous annonce que cela fait 3 semaines que c’est en vigueur. Nous sommes venus il y a deux semaines, cela n’avait posé aucun problème. Ils ne veulent rien entendre, en prétextant que c’est un « papier officiel ». C’est surtout un bout de papier que l’on cale dans sa poche, qui ne porte que notre signature, et qui sert juste de pansement et nous force à nous sentir concernés. Alors, je joue le jeu (comme beaucoup), à remplir ce bout de papier, qui me rappelle mes années collège, lorsque mes parents, me signaient un mot de sortie. Vous savez, cet âge, où l’on vous dit que vous n’êtes pas assez « responsable ». C’est être responsable, que de gaspiller du papier, pour le bon plaisir de nos surveillants ?!

À côté de nous, un homme d’environ 80 ans, une canne à la main, a des difficultés à se déplacer. Il a déjà reçu une amende, par l’un des gendarmes pour non présentation de son attestation. Celui-ci l’empêche de rentrer sur le marché, et le menace d’une nouvelle amende, car son attestation n’est pas en ordre.

À cet instant, je suis d’abord en colère. En colère, de recevoir une amende de 135 euros pour un motif incompréhensible et puéril. En colère, devant tant de cow-boys, qui se permettent de jouer avec la loi et le pouvoir qu’ils pensent avoir. En colère, devant tant de mensonges, tant d’incohérences. En colère de devoir me justifier face aux gens qui murmurent tout bas :« ils ne sont pas d’ici ». Ou ceux qui viennent te le dire en face quitte à se/te mettre en danger. En colère devant cette bavure de ne pas pouvoir se protéger (manque de masques et respect des distances pour les forces de « l’ordre »).

Je suis triste de voir tant de méchanceté, de haine, dans le regard de ces personnes qui sont censées nous protéger et qui nous mettent en danger. Je suis triste, de voir du personnel soignant, ou des gens obligés de travailler, attraper le coronavirus. Parce que l’État, le gouvernement n’est pas capable de protéger ses concitoyens. Non, au lieu de cela, ils continuent de jouer au Monopoly avec nos vies… ! Au lieu de cela, ils profitent de l’état de choc pour faire passer leurs mesures législatives en douce.

Agents municipaux, gendarmes, policiers municipaux, préfectures, mairies, gouvernement…, pourquoi vos actes ne sont-ils pas concordants, cohérents ? Pourquoi mettez-nous/vous, nos/vos familles volontairement en danger ? C’est irrespectueux.

Nous ne sommes pas dans une cour de récréation, où la sanction arbitraire fait loi. Apprenez à PROTEGER vos concitoyens, sans chercher à tout prix un intérêt (financier) pour votre petite personne. Apprenez à gérer votre frustration et surtout, surtout apprenez à nous dire la vérité. La confiance ne se gagne pas par la violence mais par la sincérité.

Alors elle est belle notre « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Pour moi, aujourd’hui, elle a un goût de « Répression, Injustice, Discrimination ».

Ne laissons pas ces agissements devenir notre quotidien, devenir une banalité. Ne laissons pas cette schizophrénie gouvernementale nous gouverner, la peur au ventre. Ce n’est pas normal et ça ne doit pas le devenir.

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