Depuis nombre d’années, nous constatons impuissants que de nombreuses enseignes de la grande distribution pratiquent un suremballage scandaleux et inutile de produits alimentaires. Avec la crise sanitaire, cette pratique a été décuplée, prétextant un effet barrière au coronavirus et ce, malgré la présence d’études qui ont démontré qu’il n’y a pas pire matériau à utiliser dans la lutte contre le SARS-CoV-2. Aujourd’hui, le plastique continue d’être utilisé en masse dans les supermarchés, au péril de notre santé et de celle de la planète.

En 2020, l’opération #balancetonproduit lancée sur la page Facebook Mr Mondialisation avait pourtant porté ses fruits et a montré une fois de plus le pouvoir de citoyens organisés sur les réseaux sociaux. Mais pour aller plus loin qu’une indignation virtuelle, nous vous invitons à envoyer un courrier aux enseignes de la grande distribution lorsque vous constatez des aberrations. À cette fin, nous avons rédigé une lettre type à adapter à sa guise selon la situation, à télécharger ici.

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[Ville],[Date]

 

Madame, Monsieur,

Client(e) de votre enseigne, j’ai été outré(e) de constater le suremballage de certains de vos produits alimentaires dans du plastique. C’est le cas notamment du [nom du produit] au rayon [nom du rayon]. Le plastique est l’un des principaux acteurs de la crise écologique qui traverse le monde actuellement. En effet, la connaissance de ses méfaits sur le plan environnemental ne date pas d’hier. Véritable fléau des océans et de la vie qui les habite, la quantité de plastique qui finit dans ces eaux chaque année peut aller jusqu’à près de 13 millions de tonnes selon une étude publiée en 2015[1] (chiffres qui ont probablement fort augmenté depuis). Et la prétendue gestion des déchets semble impuissante face aux quantités astronomiques de plastique consommé.

Le recyclage n’est pas une solution d’échelle car trop coûteux et énergivore : en fin de compte, seuls 9 % du plastique utilisé dans le monde sont recyclés[2]. Ce dérivé du pétrole présente également des risques considérables pour la santé humaine et ce, à chaque étape de son cycle de vie, allant de son extraction à sa décomposition en micro-plastiques[3]. Selon une étude de la WWF publiée en 2019[4], un être humain ingère environ 5 grammes de plastique par semaine par le biais de son alimentation. Aujourd’hui, on retrouve des micro-plastiques jusque dans le sang, les organes et les fœtus humains[5], sans même parler de l’air que l’on respire et de l’eau que l’on boit au quotidien.

Si l’utilisation du plastique s’est intensifiée durant la pandémie de Covid-19, les données scientifiques concernant la durée d’infectiosité du SARS-CoV-2 sur différents matériaux ont toutes la même conclusion : le plastique est le support sur lequel le coronavirus reste actif le plus longtemps.

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Selon une étude publiée dans la revue scientifique médicale mondialement réputée The Lancet[6], le virus reste infectieux jusqu’à sept jours sur du plastique lisse, à température ambiante. Bien que cette durée puisse varier selon les études, l’ordre de grandeur reste le même[7],[8] et implique qu’il n’y a pas pire matériau à utiliser dans le cadre de la pandémie de covid-19.

Le plastique à usage unique est donc une véritable aberration, ce pourquoi la législation tend à évoluer vers la mise à terme de son utilisation à large échelle. Le fait que votre enseigne fasse le choix d’offrir des produits inutilement sur-emballés, qui plus est pour de mauvaises raisons, est hautement problématique. Faute d’évolution concrète vers la sortie du plastique à usage unique dans votre enseigne, je m’engage, avec mes proches, à me tourner vers la concurrence jusqu’à l’observation d’un changement courageux et visible.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

 [Signature]

Sources :

[1] Jenna R. Jambeck, Roland Geyer, et al. Plastic waste inputs from land into the ocean. Science. 2020

[2] Roland Geyer, Jenna R. Jambeck, Kara Lavender Law. Production, use, and fate of all plastics ever made. Science Advances. 2017

[3] Plastic Threatens Human Health at a Global Scale – New Report. CIEL. 2019

[4] No plastic in nature : Assessing plastic ingestion from nature to people. WWF. 2019

[5] Ragusa A, Svelato A et al. Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta. Environ Int. 2021

[6] Alex W H Chin, Julie T S Chu, et al. Stability of SARS-CoV-2 in different environmental conditions. The Lancet.2020

[7] G. Kampf, D. Todt, S. Pfaender, E. Steinmann. Persistence of coronaviruses on inanimate surfaces and their inactivation with biocidal agents. The Journal of Hospital Infection.2020

[8] Neeltje van Doremalen, Trenton Bushmaker, et al. Aerosol and Surface Stability of SARS-CoV-2 as Compared with SARS-CoV-1. The New England Journal of Medicine. 2020

 

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Où trouver les coordonnées d’un supermarché ?

Pour trouver l’adresse d’une grande surface, rien de plus simple. Vous pouvez par exemple aller sur le site des PagesJaunes et taper le nom de l’enseigne ainsi que la ville dans laquelle se trouve le magasin en question dans la barre de recherche. Vous aurez ainsi à la fois l’adresse et le numéro de téléphone du supermarché. Il est également possible de trouver ces informations via un simple moteur de recherche. Généralement, les grandes enseignes peuvent aussi être contactées sur Facebook. N’hésitez pas à joindre des photos !

Diversifier les actions de mobilisation 

Continuez également à nous envoyer les aberrations commerciales que vous constatez au quotidien, nous apprécions grandement votre implication dans cette lutte ! Plus le nombre de personnes s’évertuant à interpeller ces enseignes sera grand, plus la probabilité d’un changement positif sera élevée. Quoi qu’il en soit, ce que l’on peut retenir de l’opération #balancetonproduit, est qu’il ne faut jamais sous-estimer l’effet de masse.

Modifier ses habitudes de consommation, bien que ce soit une étape nécessaire dans la transition vers un monde plus juste pour le vivant dans sa globalité, n’est malheureusement pas suffisant pour enrayer la machine à détruire la planète et n’est d’ailleurs pas forcément une possibilité pour tout un chacun en gardant à l’esprit que nous ne sommes pas tous égaux au regard de notre capacité d’agir. Face à l’ampleur de la crise, il s’agit avant tout de remettre en cause les racines d’une société reposant sur un productivisme effréné et un consumérisme débridé, impensables en matière de durabilité. Plus les mobilisations seront diversifiées, plus les chances d’évolution et de changement systémique seront élevées. N’oublions pas qu’au-delà du rôle de consommateur qui nous est imposé dès notre enfance, nous sommes avant tout des citoyens à part entière, ce qui nous confère la possibilité de rebâtir les bases de notre société, plus encore via des actions collectives. Ensemble, nous avons le pouvoir de changer les choses et de mettre fin à ces absurdités mortifères.

– Elena M.

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