Produire des teintures textiles à partir d’épluchures et de restes de légumes ? L’idée peut sembler incongrue. Et pourtant, la designeuse Caroline Fourré souhaite convaincre en appliquant cette méthode à échelle industrielle. Après avoir obtenu un soutien important pendant une campagne de crowdfunding, ce projet intitulé « local colours » va débuter un partenariat avec la marque de sac à dos Freitag. Découverte.

Les teintures classiques : nid de substances cancérigènes

Les teintures classiques contiennent toute une série de composants chimiques nocifs pour la santé. Parmi ceux-ci on dénombre des métaux lourds, des colorants azoïques, du formaldéhyde ou encore du chlore. Ces substances sont potentiellement cancérigènes en particulier lorsqu’elles se mélangent à la sueur. Par ailleurs, la majorité de ces colorants étant dérivés du pétrole, l’impact environnemental de leur utilisation est considérable. Comme le constatait « Bastamag » dans un article de 2013 : « Nos vêtements regorgent de molécules chimiques, dont certaines très nocives pour la santé. Mais le secteur de la confection a du mal à s’en passer. Prenons le formaldéhyde : classé dans les « substances cancérogènes avérées pour l’homme » par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), il est souvent présent dans les vêtements synthétiques, qu’il contribue à rendre infroissables, résistants et hydrofuges. »

Par ailleurs, comme dans les produits utilisés en agriculture conventionnelle, les teintures classiques contiennent de nombreux perturbateurs endocriniens qui portent atteinte au fonctionnement de nos hormones et peuvent avoir des conséquences particulièrement graves chez les enfants. Et ce n’est pas fini : avec l’introduction de nano-matériaux dans les tissus les plus modernes, de nouvelles incertitudes sur les effets pour la santé humaine apparaissent. Notons finalement que l’ensemble de ces produits présentent un danger non seulement pour les personnes qui portent ces habits mais également pour les personnes qui sont à leur contact à longueur de journée, dans des usines le plus souvent à l’autre bout du monde.

natural_teintureImages : Pinterest (1 / 2)

Les teintures végétales : redécouverte d’une technique ancienne

Les teintures végétales sont utilisées depuis bien longtemps à travers l’Histoire et le monde. De nombreuses plantes sont reconnues pour leur fort pouvoir de pigmentation. Parmi les plus connues, citons la garance ou encore le sorgho. Aujourd’hui, à l’ère de la consommation éthique, ces techniques sont redécouvertes, à la faveur du développement de concepteurs et de fabricants d’habits écologiques/biologiques mais aussi du DIY (faire soi-même).

D’ailleurs, de nombreux blogs vous guideront à travers les différentes étapes à suivre afin de confectionner votre propre teinture sans devoir l’acheter. Une manière simple et ludique de personnaliser ses vêtements. C’est d’ailleurs devenu une véritable mode flirtant avec la photographie d’art amateur sur des réseaux sociaux comme Instagram ou Pinterest.

naturelles_teinturesImage : www.botanicalinks.com

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Et les légumes, dans tout ça ?

L’idée d’utiliser des épluchures comme base pour produire des teintures est donc le point particulièrement intéressant de l’initiative Local Colours, puisque qu’elle permet de remédier aux différents problèmes évoqués ci-dessus. C’est l’occasion de créer une nouvelle activité économique en valorisant des matériaux considérés comme des déchets, voués à la poubelle.

L’idée de Caroline Fourré est toute simple : faire déteindre les légumes dans de l’eau chaude et y ajouter des tissus blancs afin de les teindre. Un processus 100% naturel. Et le résultat est souvent surprenant ! Le choux rouge donnera un joli bleu, quand les avocats offrent un rose saumon et les peaux d’échalotes un jaune doré…

Après une phase expérimentale et un crowdfunding réussi, une réflexion sur une possible utilisation de cette technique à plus large échelle va être menée en partenariat avec la marque Freitag ainsi que des chercheurs de la Haute école des sciences appliquées de Zürich. Cette marque est connue pour ses « messengers bags » construits à partir de bâche de camions et de ceinture de voitures recyclés, un concept déjà basé sur la récupération. De nouvelles perspectives pour une mode plus éthique !


Sources : asef-asso.fr / bastamag.net / femininbio.com / local-colours.tumblr.com

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