Lola Orsoni et Hervé Pighiera sont à l’initiative d’un projet singulier, celui d’arpenter les routes et les campagnes, d’Aix à Paris en compagnie d’une grande poubelle ! Achevant leur périple à Paris, après 800 kilomètres d’aventure, ils nous ont livré leurs motivations, impressions et conclusions tirées de cette grande aventure humaine pour l’environnement.

À l’origine de cette entreprise courageuse longue de 50 jours, la volonté de sensibiliser la population française aux enjeux écologiques. Outrés par la médiocre gestion des déchets lors d’un voyage en Amérique du Sud, ceux-ci jonchant en masse les bords des chaussées, le couple s’est mis en tête d’inspecter l’état des artères françaises avant de porter un jugement. Si le fulgurant développement des pays latino-américains explique en partie (sans excuser) ce désastreux traitement des ordures, en France, il n’y a pas d’excuse. Et pourtant, nos routes n’inspirent pas toujours la propreté.

HERVE

L’activité professionnelle d’Hervé, maçon dans le bâtiment, constitue également une source d’indignation à l’égard des pratiques peu respectueuses de l’environnement qu’il a observées dans son secteur. En effet, les pénuries de sables, les isolations parfois de mauvaise qualité, l’important rejet de déchets, la pollution des eaux et des sols . . . soulèvent quantité de problématiques écologiques que l’homme ne manque pas de dénoncer. Deux situations injustifiables en 2015 qui vont pousser Hervé, 27 ans, à quitter son foyer d’Aix-en-Provence pour se rendre à la conférence mondiale sur le climat, à pied, ramassant les détritus sur son passage.

Un parcours riche en découvertes

Leur excursion n’a pas seulement une valeur symbolique, elle est une manière d’aborder des sujets sensibles avec leurs propres yeux. Sillonner le bitume en compagnie de leur grosse poubelle à roulettes va notamment leur permettre de découvrir les différentes politiques départementales de gestion des déchets sur le terrain. Lola et Hervé ont ainsi pu se rendre sur des lieux médiatisés par des scandales écologiques, à l’image de la décharge de Torcy, d’un village isérois futur hôte d’un « Centerparc » , ou à Antully, célèbre pour son projet d’extraction minière de fluorine. Ils ont également traversé les « zones à défendre » (ZAD) de Roybon et du bois de Tronçay. L’équipe s’est par ailleurs rendue sur les sites de projets locaux ou écologiques au fil de leurs haltes, dont la ferme bio du Mazot de Taconnay mais également au château fort de Guédelon, véritable démonstration du savoir faire bâtisseur.

Outre le ramassage quotidien des ordures aux abords des routes françaises, les deux acolytes trient, pèsent et recensent leur récolte. Dans un premier temps, les détritus sont répartis par matériau et par type : carton/papier, verre, ferraille/aluminium, plastique, et le non-recyclable. Ils procèdent ensuite à la pesée avant de lister les marques de déchets. De ce fait, ils sont en mesure de déterminer les objets les plus fréquemment jetés. Ainsi, il ne s’est pas passé un seul jour sans rencontrer « Marlboro » ou « Coca Cola » forcément ! Même dans la nature, les plus grandes marques sont désormais partout.

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« La France est-elle sale ? »

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À cette question, les coéquipiers répondent « oui » : la France peut paraître malpropre à première vue. Lors d’une première « marche test » de 4 jours, Hervé a glané sur son parcours 1300 canettes alu et plus de 5000 autres déchets dont principalement des mégots. On estime à 40 000 milliards le nombre de mégots potentiellement jetés chaque année dans le monde. Cependant, là n’est pas l’objectif de leur démarche. Ils ne retiennent pas le nombre de déchets qu’ils ont cueilli à fleur de l’asphalte, mais l’impact écologique de ces déchets, de leur production à leur fin de vie. Car ce n’est pas seulement cette valeur numérique à laquelle il faut s’intéresser mais au cycle dans lequel les détritus s’inscrivent (ou le devraient). Ainsi, Lola considère que le consommateur n’est pas le seul responsable, car l’industriel en amont a conscience de la brève durée d’utilisation de son produit.

De ce fait, Lola et Hervé rêvent désormais de pouvoir mieux organiser le gestion des déchets tout en continuant de faire pression jusqu’à espérer voir des prises de décisions politiques courageuses. Leur prochain combat est l’instauration d’un « système de consignes » ou de « réutilisation des déchets » , à petite échelle (compost, etc…) mais également à grande échelle. Une histoire qu’on leur souhaite d’achever, et qui a débuté, rappelons-le, avec une simple poubelle, une perche et beaucoup de courage.

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Jour 5 (46)

800km_poubelle_francePhotographie à la discrétion de Hervé Pighiera


Archive 2015. Sources : unemarchepourlenvironnement.com / cop21.gouv.fr/fr / thisbigcity.net / lejsl.com / guedelon.fr

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