Ils transforment les luttes écologistes en spectacles audio-visuels saisissants

    The House We Live In, un projet musical inédit. Ce spectacle audio-visuel d’une grande finesse aborde les questions environnementales d’une manière nouvelle, poétique. Conçu à partir d’interviews inédites et “musicalisées” de personnalités engagées (entre autres, Vandana Shiva, Hubert Reeves et Bill McKibben) en faveur de la planète, The House We Live In associe des points de vue scientifiques, économiques, philosophiques et politiques pour proposer une nouvelle vision de notre avenir sur Terre. L’ensemble du spectacle, des interviews au montage, en passant par la musique, est réalisé par le groupe de musique Bravery in Battle. Pour mener à bien le projet, tout en gardant une indépendance et une liberté artistique, un financement participatif vient d’être mis en place.

    La naissance du projet : comment habiter la Terre autrement ? 

    Comment habiter la Terre autrement ? C’est la question un peu candide mais vitale que s’est posé Paul, le fondateur du groupe Bravery in Battle, à la naissance de sa fille. Cette question a été le point de départ de réflexion du groupe, vers un nouveau projet unique en son genre : The House We Live In. En tant que musiciens, le groupe a voulu traiter les questions environnementales de manière inédite, en utilisant l’émotion et l’immersion ; afin de porter un message qui lui semblait essentiel.

    “Nous souhaitions utiliser la magie de la musique, l’énergie du concert et le côté suggestif des images pour toucher différemment les gens et les inviter à repenser notre rapport au monde.”

    De 2015 à 2019, les cinq artistes ont alors rencontré, interrogé et filmé huit personnalités connues et engagées pour la planète ; afin d’en faire des morceaux et ensuite un film. L’aspect atypique de The House We Live In a été LE point fort du projet, puisqu’il leur a permis de rencontrer, à leur grande surprise, des personnes comme l’écrivain Paul Hawken, l’astrophysicien Hubert Reeves ou encore l’agronome et militante indienne Vandana Shiva.

    Partant du constant que les enjeux environnementaux sont transversaux, le groupe a souhaité interviewer des scientifiques (biologiste, astrophysicien, historien des sciences), des intellectuels (spécialistes d’économie, de philosophie ou de politique publique), des militants, mais aussi des poètes. En collaborant avec de telles personnalités aux quatre coins du monde, le groupe a l’ambition de créer un discours qui puisse se détacher de la vision dominante et avoir un réel impact en terme de sensibilisation environnementale.

    À l’origine du morceau Commons, une rencontre marquante avec Vandana Shiva 

    Commons est réalisé à partir de l’interview de l’agronome et militante des droits des femmes, la Dr. Vandana Shiva. Ce morceau, le premier d’une longue série, aborde les liens existant entre humanité et Nature sous un angle non-déterministe et créatif mais, surtout, avec la dimension politique des Communs. Ce sujet, très peu abordé dans le discours contemporain, est pourtant essentiel à la compréhension du monde actuel dans lequel nous vivons. 

    Notre époque ne voit de la richesse que dans la propriété. Une chose doit être possédée pour prendre de la valeur. Tout tourne par conséquent sur la prise de possession des biens. Or, le principe des Communs, c’est exactement l’inverse. Dans ce prisme, la richesse vient du caractère partagé et collectif de l’accès aux ressources, à l’opposé de la mise sous brevet du vivant, généralisé dans l’industrie agro-alimentaire.

    Dans le clip, V.Shiva définit ce concept de la manière suivante : “[…] les Communs, ce n’est pas seulement ce que la Nature nous offre. Tout ce que la communauté crée dans l’intérêt collectif et conserve dans le domaine public, est un Commun.” Sa prise de parole invite alors à repenser la pauvreté, comme le résultat de l’exploitation, d’une oppression systémique, de la privatisation et de l’enfermement de ces dits Communs. 

    Un projet original et ambitieux

    L’originalité de The House We Live In est triple.

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    • Utiliser la musicalité des voix.

    Le groupe a utilisé et étendu le procédé inventé par le compositeur Steve Reich, permettant de composer de la musique à partir des voix. Les voix des personnalités rencontrées ont été traduites en notes de musique, puis mise en rythme avec des instruments de musique. Ce procédé confère au discours parlé une portée émotionnelle nouvelle, et en renforce l’impact. En plus de la voix parlée, le spectacle utilise la vidéo, les instruments de l’orchestre classique et le documentaire. Cela permet d’offrir une expérience musicale et visuelle unique, épique, qui nous emporte vers des terres nouvelles et nous amène à considérer différemment notre rapport au monde et à la Nature. The House We Live In donne, de cette manière, un récit alternatif ; à l’encontre du discours dominant, qui promeut l’individualisme, la croissance, et la vision de la Nature comme objet et non sujet de droits.

    https://www.youtube.com/watch?v=k0-tOR3v_QI

    « Nous sommes des animaux sociaux et c’est pour cela que notre monde individualiste nous rend si malheureux »

    • Mettre l’écologie en musique

    Né en 2010, le groupe Bravery in Battle a collaboré des ensembles prestigieux comme l’Orchestre Philharmonique et la Maîtrise de Radio France, et joué au Festival Métis, à la Nuit Blanche ou bien au festival Climax. Le groupe écrit lui-même toutes les parties d’orchestre et de chœur. Or, avant le lancement du projet en 2015, aucun des membres n’était journaliste, réalisateur ou monteur. Ayant à cœur d’avoir un spectacle qui leur ressemble, ils ont alors entrepris de tout réaliser seuls, de A à Z. Ils ont lu énormément de livres, visionné des centaines de documentaires, regardé des milliers de tutoriaux sur les techniques de cinéma, de prise de vue et de montage. 

    “ On partait en terre inconnue dans presque tous les domaines. […] Nous avons tout appris sur le tas”

    Le groupe a appris en pratiquant, et c’est ce qui a permis de concevoir musique et image en même temps, par les mêmes personnes. Son et image sont alors intrinsèquement liés. Ainsi, c’est la polyvalence de Bravery in Battle (son, montage, vidéo, musique) qui lui a permis de conserver une liberté artistique. Le résultat est à la hauteur de l’investissement humain. Par le financement participatif, il poursuit sa volonté de liberté et d’indépendance.

    Extrait du morceau « Commons », avec Vandana Shiva
    • Créer des ponts entre les univers

    Réfléchir aux enjeux environnementaux suppose d’englober toutes les dimensions de notre vie :  la biologie, l’énergie, l’éducation, l’histoire, la justice sociale et les mécanismes de la démocratie. Et donc, de la politique au sens propre : penser la société dans son ensemble. C’est le défi que s’est posé Bravery in Battle : créer des ponts entre les univers qui n’auraient sans doute jamais dû être séparés. Le groupe mélange alors différents médias (musique, vidéo, poésie), mais aussi disciplines. Ce choix peut se résumer à travers les propos de Bill McKibben : le réchauffement n’est pas un problème sur une liste de problèmes. C’est un prisme à travers lequel il faut regarder les autres problèmes. Nous vivons dans et par la Nature, et c’est ce sentiment d’appartenance qui doit prendre le pas sur tous les autres clivages et catégorie que le monde actuel souhaite nous imposer.

    Il ne peut y avoir de vraie action environnementale que transversale : les enjeux climatiques nous obligent à revoir globalement nos sociétés modernes.

    Le financement participatif

    Comme c’est de coutume aujourd’hui, le groupe Bravery in Battle a lancé un financement citoyen, afin de rassembler les derniers fonds pour finaliser la musique et le film de The House We Live In. De cette manière, les artistes souhaitent garantir leur indépendance et liberté artistique. Ainsi, en contribuant au financement de cette œuvre, chaque donateur lui permet de voir le jour dans sa forme définitive. Financer la production d’une musique, d’un film et d’un spectacle (tout ça à la fois) de manière indépendante est difficile. De plus, passer par ce mode de financement permet de créer un lien direct entre les créateurs et celles et ceux qui “reçoivent”, mais surtout une relation d’engagement réciproque ; laquelle correspond bien à l’idée que que le groupe se fait du fonctionnement d’une société. On leur souhaite une grande inspiration et beaucoup de succès !

    Le groupe Bravery in Battle
    Camille Bouko-Levy
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