Né en réaction à la volonté du gouvernement de modifier profondément le droit du travail avec la loi El Khomry, Nuit Debout s’est rapidement transformé au printemps 2016 en un véritable outil de résistance citoyen en plein centre de Paris, sur la Place de la République. Naturellement, figures politiques et éditorialistes vont alors s’empresser de caricaturer ce mouvement si bien qu’il sera difficile pour nombre de français de s’en faire une juste idée. Accompagnée de sa caméra, la réalisatrice Mariana Otero a suivi le mouvement pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, elle propose dans le documentaire L’Assemblée, qui sort ce 18 octobre, d’exposer ce mouvement sous un angle nouveau, en rendant hommage à une démarche, quoi qu’on en dise, profondément citoyenne.

« Le 31 mars 2016, place de la République à Paris naît le mouvement Nuit debout. Pendant plus de trois mois, des gens venus de tous horizons s’essayent avec passion à l’invention d’une nouvelle forme de démocratie. Comment parler ensemble sans parler d’une seule voix ? »

Dans ce documentaire, Mariana Otero nous propose d’aller au plus près des acteurs de Nuit debout et de découvrir un processus novateur, les étapes de sa construction, ainsi que les doutes qui l’ont traversé. L’observateur découvre un quotidien fait de débats, de questions, de joies et de déceptions, mais aussi de pressions institutionnelles exercées tout au long des trois mois, notamment par l’intermédiaire des forces de l’ordre, dans l’objectif évident d’intimider, puis de l’étouffer. En l’absence de commentaires audios, Mariana Otero laisse l’observateur se forger sa propre opinion sur un mouvement hybride qui à été la source d’espoir de renouveau pour beaucoup de personnes.

Nuit Debout, un ovni démocratique incompris

« Il a aussi fallu souvent faire avec la violence policière qui s’est exercée tout au long du mouvement de façon incroyable, que ce soit contre les manifestants, la presse ou les cinéastes. »

Nuit Debout est un mouvement citoyen complexe par nature, qui n’a jamais été seulement un espace de protestation et de révolte, mais également le lieu où pendant quelques semaines, des personnes sans aucun lien ont partagé leurs réflexions, avec le rêve de construire une autre société. Pour la réalisatrice, les bases du mouvement posaient des questions essentielles :  « comment construire quelque chose ensemble tout en considérant chacun dans sa singularité ? Comment réinventer le collectif ? ».

Sans apporter de réponses définitives (propre à l’expérimentation démocratique), Nuit debout a eu l’audace et le courage de réunir des citoyen.ne.s pour apporter des éléments concrets à ces interrogations. Le documentaire témoigne de cette volonté réelle de nombreux individus de s’emparer de la vie dans la cité et de réinventer les processus de décision politique. Mais au delà des très nombreux débats qui ont eu lieu pour réfléchir aux manières de penser la politique citoyenne (en opposition à la politique institutionnelle) et de décider collectivement, le documentaire montre comment le mouvement s’est rendu visible dans l’espace public, une nouveauté à l’heure où les rues sont le plus souvent un simple lieu de passage.


Il me semblait important de mettre face à face d’un côté la
violence du gouvernement avec l’utilisation du « 49.3 » qui ôtait la parole à l’Assemblée
Nationale et l’utilisation de la violence policière qui ôtait la parole aux manifestants, et de l’autre, un mouvement citoyen qui, à l’inverse, cherchait à réinventer une assemblée
démocratique et citoyenne où la parole de chacun était prise en compte

« Le héros ici c’est l’assemblée »

Mariana Otero a choisi un point de vu original, puisqu’elle a pris le parti de montrer, sans commentaire, le quotidien de la place de la République pendant les mois du printemps 2016. En se concentrant sur les réunions pendant lesquelles était assuré le fonctionnement régulier du mouvement, Mariana Otero met en lumière Nuit Debout depuis son intérieur et rend visible le caractère collectif de la démarche, mais aussi les individus qui la compose.

Les séquences du documentaire exposent différentes étapes de l’épisode qui, bien qu’éphémère, a marqué les esprits. Pour cause, il a bouleversé l’espace de quelques semaines l’idée du rôle du citoyen.ne au sein de la société, mais aussi les modes de décision politiques : « Des centaines de personnes, pas de chef, pas de représentant, pas un qui vaille plus que l’autre. L’égalité était totale et en même temps la différence et la singularité de chacun étaient reconnues, affirmées », raconte la réalisatrice. Les images montrant comment, au fil des réunions, une véritable valeur est accordée à la parole individuelle de chacun au sein d’un processus de construction collectif, confirment le propos.

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Alors que les mois qui ont vu l’adoption de loi El Khomri nous ont offert leur lot d’images violentes, Mariana Otero nous présente un autre décors, au cœur d’une Assemblée où chacun.e avait son mot à dire, dans le respect des autres et de la parole d’autrui. D’une durée de 1h39, le documentaire est à retrouver dans certaines salles (voir liste). Des débats sont également organisés autour de la projection. Il est également possible d’organiser une projection via le site officiel du film.

https://www.youtube.com/watch?v=MaV9k2H_aVw


Source : cinesudpromotion.com 

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