Fort de plusieurs années d’engagement associatif, Sébastien Vilnat a décidé de résumer son expérience dans un livre intitulé « Le Petit guide des alternatives ». Le lecteur y trouvera, rangés par thématiques, les principaux défis de notre siècle, depuis la surpêche jusqu’aux pollutions électroniques, et comment les citoyen.ne.s peuvent s’engager pour construire un monde plus durable, dans lequel ils reprendraient le contrôle de leur existence afin de vivre mieux et de manière plus autonome. Découverte.

« Le petit guide des alternatives », publié aux Editions Sang de la Terre, se veut à la fois simple et didactique. Particulièrement riche en sources, il s’adresse à ceux qui cherchent une première approche pour déconstruire, avec bienfaisance, la société dans laquelle nous vivons ainsi que des exemples d’alternatives réussies. La très grande majorité des risques industriels sont ainsi répertoriés dans le livre, associés à des explications chiffrées, les principaux ouvrages sur la question et ce qu’il est possible d’entreprendre à l’échelle individuelle et collective pour y remédier. Curieux de découvrir cet ouvrage assez inhabituel, nous avons échangé avec l’auteur, Sébastien Vilnat.

Mauerpark People.

Mr Mondialisation : Ni politique, ni sociologue ou scientifique à succès, vous êtes un « citoyen ordinaire » qui avez décidé de vous engager en écrivant un livre. Ceci a de quoi nous interpeller. Pourquoi ce « guide des alternatives » ?

Sébastien Vilnat : Face à des gouvernants sourds aux revendications du peuple, j’ai cherché un moyen de transmettre mes connaissances au plus grand nombre et présenter ces alternatives que j’ai découvertes et qui nous permettraient de reprendre notre destin en main.

Parce que j’en avais marre de ce système capitaliste violent qui laisse de plus en plus de personnes sur le carreau. Parce qu’il n’y avait pas encore de livre qui réunissait autant d’alternatives d’un seul coup (à ma connaissance). J’ai donc souhaité mettre à disposition de tous un outil qui permette de se poser des questions, d’avoir envie de devenir acteur et non spectateur du changement.

Mr M. : Dans un contexte de crise environnementale, sociale et économique, qu’est ce qui peut motiver le citoyen à se tourner vers ces modes de consommation alternatifs ?

S. V. : La réponse est simple : avoir ne rend pas forcément heureux. Nous avons besoin de nous reconnecter à la nature, à notre être véritable et à notre prochain. Il s’agit également de favoriser l’intergénérationnel, de redonner une place à chacun, de partager des moments festifs, conviviaux.

Mais l’intérêt de la démarche de ne s’arrête pas là. La consommation alternative, c’est également se réapproprier des savoirs et savoir-faire, réaliser des économies, recréer une économie locale, proposer des métiers oubliés aux nouvelles générations, repeupler les campagnes françaises et vivre dans un cadre plus agréable. À titre personnel, j’ai ainsi décidé de partir vivre dans le Lot fin janvier.

Mr M. : Vous avez également engagé un projet de jardin partagé dans le quartier ou vous viviez. Quel sens représente cette initiative pour vous ? 

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S. V. : Cela a été une prise de pouvoir citoyenne car nous n’avions rien demandé au bailleur. Ce jardin peut être décrit comme un jardin désobéissant partagé, un lieu intergénérationnel d’échange de savoirs et savoir-faire. En y produisant de la nourriture et nos propres semences, c’est un moyen de lutter à notre échelle contre les semenciers qui ont breveté le vivant.

Au-delà de ces premiers aspects, nous voulions sensibiliser les habitants au danger de l’agriculture intensive et à la malbouffe, tout en faisant découvrir le reste des activités de l’association dont certaines sont animées par des adhérents, qui peuvent ainsi transmettre leurs connaissances.

Mr M. :  Pensez-vous qu’aujourd’hui les citoyen.ne.s peuvent être le moteur du développement d’un nouveau paradigme sociétal ? 

S. V. : J’en suis convaincu. Je m’intéresse beaucoup au mouvement des villes en transition (Voir le film qu’est-ce qu’on attend ? de Marie Monique Robin), à la ville de Saillans (Drôme) dont la municipalité a été gagnée par une équipe qui utilise des « groupes d’actions à projet » pour faire bouger la ville. J’estime que nous sommes les 99%. Nous avons la force, les connaissances, les savoirs…

De nombreux moyens de résistance sont d’ailleurs à notre disposition. Nous pouvons créer des monnaies complémentaires dont la fonction première sera de favoriser les échanges entre êtres humains et évitera la spéculation. Grâce à mes recherches, j’ai découvert que des milliers d’acteurs, d’associations agissent dans ce sens-là et que nous pouvons créer une vague de changement.

Mr M. : C’est ce monde-là dont vous nous proposez une première ébauche dans votre guide des alternatives ? 

S. V. : Oui, tout est là, prêt à être utilisé. Il n’y a pas, selon moi, de fatalité. Éteignons un peu les télévisions (personnellement, je n’en n’ai pas), téléphones et parlons entre nous, créons, agissons, rallumons nos consciences !

Lorsque j’étais engagé dans l’association Retour à l’essentiel (que nous avions montée constituée avec 10 autres personnes), j’ai ressenti ce que représentait la force d’un collectif qui laisse à chacun se liberté, qui permet d’innover et qui met chacun en valeur de valoriser une personne. Chaque être humain a besoin de sentir qu’il appartient à une communauté et qu’il contribue au bien-être de cette communauté.

Remue méninge 17 Mai à la MRESLe petit guide des alternatives est publié aux Éditions Sang de la Terre.


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