Les températures relevées depuis quelques mois en Arctique sont exceptionnellement hautes, ce qui provoque des phénomènes météorologiques tout aussi exceptionnels. Pour les scientifiques, ces faits ponctuels s’inscrivent dans une tendance plus globale d’un réchauffement planétaire engendrant localement des modifications météorologiques parfois surprenantes.

Selon un rapport de la NOAA (Nationnal Oceanic and Athmospheric Administrarion), les douze derniers mois ont été les plus chauds jamais enregistrés depuis que les températures sont relevées en Arctique. De plus, les récentes mesures disponibles, qui ballaient de fait les climatosceptiques les plus virulents, montrent que la banquise n’a jamais été à un niveau si bas à cette période de l’année dans la région. D’autres chiffres, ceux publiés par l’Institut Météorologique Danois, confirment que les températures sont bien au delà de la moyenne pour cette saison dans la région.

Danish Meteolorogical Insitute / Température moyenne journalière au niveau du 80ème parallèle en 2016.

Fonte des pôles et cercle vicieux

C’est donc une année sans précédent pour l’Arctique, et indirectement le monde, où les températures dépassent de parfois 20° les normales de saison, ce qui empêche la reconstitution de la banquise et accélère sa fonte. Sur le long terme, celle nouvelle pourrait se révéler dramatique. La banquise sert de régulateur climatique pour l’ensemble de la planète : en réfléchissant les rayons du soleil, elle empêche les océans de se réchauffer. Plus la banquise rétrécit, plus les rayons du soleil sont absorbés par l’océan. Un cercle vicieux est en marche, comme le rappelle un institut météorologique belge : « les banquises polaires ont un fort pouvoir réfléchissant de la lumière et de la chaleur émise par le soleil. En fondant, ces zones à fort pouvoir réfléchissant (albédo) disparaissent pour laisser place à l’océan, à l’albédo beaucoup plus faible. Moins de chaleur est ainsi restituée et se stocke dans l’océan, accélérant la fonte de la banquise. »

À l’autre bout de la planète, la surface du pôle se réduit également. En Antarctique, l’apparition d’une faille longue de 150 kilomètres pourrait aboutir prochainement au détachement d’un iceberg colossal. Ce dernier devrait mesurer environ 5000 km2, soit l’équivalent du Département des Bouches du Rhône. Le détachement de l’iceberg ne devrait pas directement affecter le niveau des océans. Néanmoins, ce type d’iceberg joue un rôle important dans la stabilité des glaces continentales, ce qui peut laisser craindre une telle montée du niveau des océans dans dans un futur proche. Les décodeurs expliquent : la masse de ces icebergs « permet de retenir la glace posée sur le continent ». Sans eux, cette glace « glisserait naturellement vers l’océan, où elle fondrait ».

StormPetrel1

Tendance globale

Si les phénomènes que nous pouvons observer ces derniers mois sont hors norme, ils s’inscrivent néanmoins dans une tendance globale, qui est celle d’un réchauffement. Contrairement à ce qu’avaient pu avancer les climato-sceptiques pendant de nombreuses années pour nier l’impact des êtres humains sur la planète, il n’y a pas eu de pause dans le réchauffement climatique. Il s’agissait pourtant de l’un de leurs principaux arguments pour engendrer le doute (et empêcher les prises de décisions utiles qui remettre en question le modèle industriel et ceux qui le défendent). Une étude récente, démontre que les températures ont augmentées de manière constante ces dernières années. Au delà du caractère ponctuel des conditions météorologiques que nous pouvons observer aujourd’hui, ces évènements s’inscrivent dans une certaine continuité souligne Valérie Masson-Delmotte, membre du GIEC, au journal Le Monde.

L’ensemble de ces données sont particulièrement préoccupantes. D’autant qu’il est difficile d’entrevoir une volonté internationale suffisamment forte pour inverser la tendance en décidant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des scientifiques estiment que nous pourrions avoir atteint un point de non retour : le réchauffement de l’Arctique provoque la libération de méthane dans l’atmosphère, qui lui même accélère à nouveau les changements de température. Les prochaines années, peut être même les même les prochains mois, seront cruciaux. Pendant ce temps, l’administration de Donald Trump, président d’un des pays les plus polluants au monde, vient de faire supprimer la page du site internet de la Maison Blanche concernant le climat, pour être remplacée par un article moins alarmiste, faisant la promotion des énergies « locales » : entendez le gaz de schiste et le pétrole des sables bitumineux.

klem@s / Flickr
- Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
Donation