Mise en cause à plusieurs reprises ces dernières semaines pour la souffrance, l’état de panique et la détresse qu’elle provoque chez les animaux, la chasse à courre n’en finit pas d’animer le débat public et les réseaux sociaux. Les images prises par un promeneur en Forêt de Compiègne en septembre dernier témoignent du déroulement d’une chasse à courre (ou vènerie) dans son intégralité. La vidéo amateur a depuis été partagée par l’association AVA-Picardie (Abolissons la vènerie aujourd’hui) et suggère la brutalité de la pratique.

Marie-Antoinette chassant à courre, Louis-Auguste Brun, 1783.

Mais de quoi parle t-on au juste ? La vènerie est un mode de chasse ancien qui consiste à poursuivre un animal sauvage avec une meute de chien jusqu’à essoufflement. Lorsque l’animal est esseulé, il est tué à l’arme blanche par l’un des chasseurs. La pratique séculaire trouve son apogée en France sous le roi François Ier en séduisant la noblesse française. Même Marie-Antoinette, intrépide, s’adonnera à cette pratique réservée à une certaine élite. Bien qu’elle fut bannie par plusieurs pays depuis, comme la Belgique ou l’Allemagne, elle reste pratiquée en France avec un certain regain d’intérêt ces dernières années.

 

La vidéo

Une pratique qui choque de plus en plus l’opinion

Les images inédites filmées par un promeneur exposent les différentes étapes de la « mise à mort » d’un cerf, depuis le moment où il commence à être chassé par les chiens jusqu’au coup fatal qui lui est porté par un chasseur à l’aide d’un épieu. Les cris de l’animal pendant sa poursuite ne laissent que peu de doute quant à l’état de stress et la panique dans lesquels il est. L’auteur des images affirme par ailleurs que le cerf est partiellement dévoré par les chiens avant de trouver la mort. Outre l’aspect barbare du témoignage vidéo, il suggère que le « piqueur » ne sait pas se servir de son arme, alors qu’il lui revient de minimiser (sur le papier) les souffrances de l’animal lors de la « mise à mort », un peu à l’image d’une corrida.

Plus récemment, le pratique a encore fait parler d’elle, alors qu’un chasseur a tué un cerf qui s’était réfugié dans un jardin privé en bordure de forêt et dont les propriétaires étaient absents. Ce geste a créé l’indignation sur les réseaux sociaux. Contrairement aux premières affirmations, la propriétaire, jointe par téléphone, n’avait pas donné son autorisation aux chasseurs pour intervenir sur son terrain. Dans la commune où l’action s’est déroulée, à proximité de la Forêt de Compiègne, 450 personnes ont manifesté ce samedi leur indignation dans la rue, élevant leur voix contre la chasse.

Faut-il abolir la pratique comme ailleurs ?

« Traditionnelle » pour les uns, « barbare » et « féodale » pour les autres, la chasse à courre fait inévitablement débat au sein de l’espace public. Faisant écho à l’émotion qu’ont suscité les faits récents, 30 millions d’Amis a lancé une pétition demandant l’abolition de la chasse à courre. L’association décrit cette pratique comme « barbare et extrêmement cruelle pour les animaux » et dénonce les souffrances ressenties par les animaux chassés : « il est évident que les animaux ainsi poursuivis pendant des heures subissent un stress important et connaissent une mort sanglante ! ».

L’association AVA critique également durement la pratique et note : « Il ne s’agit pas ici de réguler la faune sauvage, ni même de manger la bête chassée. Une fois l’animal rattrapé, on le poignarde puis on laisse les chiens le dépecer, souvent encore vivant. Sa tête est conservée comme trophée et ses pattes offertes à des invités. Les restes de son corps sont souvent abandonnés dans la forêt ou jetés. Le jeu consiste à torturer des animaux uniquement pour se divertir ». Aujourd’hui, la chasse à courre est un « passe temps », qui ne se justifie pas par un besoin de nourriture, estiment les associations. Au contraire, les témoignages suggèrent que les animaux, après avoir été abattus, sont en grande partie laissés sur place.

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Alors que la question de la souffrance animale trouve désormais un écho légitime au sein du débat public, la question se pose : cette méthode de chasse a t-elle encore lieu d’être ?

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Sources : 30millionsdamis.fr / ava-picardie.org

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