Depuis décembre dernier, un pipeline de la société Hilcorp Alaska décharge des milliers de mètres cube de gaz dans l’environnement marin et l’atmosphère. Passée sous silence durant plusieurs mois, la fuite menace la faune qui élit domicile dans les environs, au cœur du Golfe de Cook. Hilcorp affirme que les conditions climatiques ne permettent pas une réparation imminente, provoquant l’indignation des associations de défense de l’environnement.

Début mars, l’organisme en charge de surveiller le bon fonctionnement des différents pipelines aux États-Unis publiait une ordonnance de sécurité concernant un pipeline appartenant à la société Hilcorp et situé dans le Golfe de Cook, en Alaska. Si l’ordonnance a été donnée il y a seulement quelques jours, la fuite pourrait quant à elle avoir débuté bien avant, en décembre dernier. Hilcorp, qui avait déjà détecté une fluctuation des niveaux de pression dans le pipeline en janvier dernier, avait alors cherché à identifier la fuite. Une analyse du pipeline a par la suite confirmé que du gaz avait commencé à s’en échapper dès décembre 2016.

Aujourd’hui, le gaz naturel continue à fuir de ce pipeline qui fournit quatre plates-formes pétrolières au sud d’Anchorage. La compagnie estime qu’entre 6000 et 9000 mètres cubes de gaz s’échapperaient chaque jour dans l’eau du golfe. Un hélicoptère Hilcorp a repéré des gaz bouillonnants à la surface de l’eau le 7 février dernier, à environ six kilomètres de la côte. Suite à l’ordonnance publiée début mars, le groupe exploitant bénéficie de 30 jours pour tenter de résoudre le problème, sachant que si la fuite n’est pas colmatée à la date du 1er mai prochain, Hilcorp se verra dans l’obligation de fermer sa ligne. Un groupe de sept organisations environnementales, mené par le Centre pour la Diversité Biologique, a adressé une lettre aux instances en charge de la sécurité des modes de transport du pays afin de réclamer la fermeture immédiate du pipeline.

Les images de la fuite

La faune menacée

Situé au centre-sud de l’Alaska, dans le Golfe de Cook, le pipeline endommagé pose aujourd’hui de nombreux problèmes environnementaux. En effet, le Golfe de Cook est connu pour abriter une population de bélugas particulière, le béluga du Golfe de Cook, inscrite depuis 2008 en tant qu’espèce en voie d’extinction à l’Endangered Species Act. Le lieu de l’embouchure du pipeline abriterait également une population de lions de mer de Steller, une espèce d’otaries en voie de disparition. Des baleines à bosse et des loutres de mer font également partie de la faune directement menacée par les troubles environnementaux que pourrait générer la fuite.

Car en effet, les écologistes craignent que le méthane contenu dans le gaz déplace les molécules d’oxygène contenues dans l’eau, créant des zones d’hypoxie qui pourraient menacer la vie marine. Le Centre pour la Diversité Biologique et le Cook Inletkeeper, une association à but non lucratif dédiée à la protection du Golfe, ont tous deux annoncé leur intention de porter l’affaire devant la justice si la fuite n’était pas colmatée sous 60 jours alors que celle-ci traine depuis plusieurs mois.

Nansen Weber / National Geographic

Réparations pas encore possibles

Bien qu’Hilcorp ait affirmé sa volonté de trouver une solution le plus rapidement possible, les conditions climatiques qui frappent le Golfe de Cook, ainsi que l’emplacement du pipeline, rendent toute intervention très compliquée à l’heure actuelle. Situé à 24 mètres de profondeur, le pipeline est pour l’instant inaccessible à d’éventuels plongeurs qui pourraient le réparer. La glace, les intempéries et les marées rendent pour l’instant toute réparation impossible selon l’entreprise qui préfère maintenir le flux de gaz aujourd’hui probablement pour éviter les pertes économiques importantes d’un arrêt total du système. L’entreprise ne manque pourtant pas de fonds. Pour Noël, celle-ci offrait un bonus exceptionnel de 100 000 dollars à chacun de ses employés.

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L’entreprise estime quant à elle qu’un arrêt du flux risque d’endommager davantage l’ensemble de la conduite. En attendant de pouvoir colmater la brèche, le Ministère de la Protection Environnementale a donc demandé à Hilcorp de présenter un plan d’action et de surveiller les impacts de la fuite sur l’environnement. Pour l’instant, Hilcorp a simplement réduit le flux à l’intérieur du tuyau afin de limiter les émanations. Reste à voir combien de temps l’entreprise tiendra face aux réclamations des associations, et quels seront les impacts réels de cette fuite qui se prolonge dans le temps sur la faune fragile de cet écosystème. 


Sources : CBC.ca / Pipeline-journal.net

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