Le journal indépendant Médiapart montre, document à l’appui, le double jeu de la France en matière d’énergies renouvelables. Pendant que le gouvernement fait croire dans son discours officiel à un engagement fort, c’est une toute autre position qu’il défend devant le Conseil européen, à qui il propose d’alléger les obligations en matière d’énergies renouvelables. Alors que Macron s’était engagé pour l’environnement pendant la campagne, usant de son association avec Nicolas Hulot pour promouvoir un discours écologique, les contradictions entre ses propos et ses actes deviennent intenables au regard de l’urgence absolue de la question climatique. Regard sur un « greenwashing » politique.

À quoi joue Paris dans le cadre des discussions sur les objectifs climatiques européens ? Dans un papier informel transmis par la France au Conseil européen, les représentants du pays refusent de s’engager de manière contraignante sur les objectifs fixés en 2014 à propos du développement des énergies renouvelables. Quelques mois plus tôt, la France avait pourtant pris publiquement position pour la mise en place de tels mécanismes.

Energies renouvelables, la France se dégonfle

Dans un premier temps, il avait été prévu de porter la part des énergies renouvelables à au moins 27 % d’ici 2030 au niveau européen. Mais alors qu’il était envisagé de revoir ce chiffre à la hausse (30% d’ici 2030), pour respecter les accords de Paris, la France vient de mettre un sérieux coup de frein. Dans le document informel, Paris défend en effet que seul 50 % de l’objectif devra être atteint d’ici 2027. De là à douter de la volonté de la France de tenir ses objectifs ?

Nul doute : impossible de tenir 50 % des objectifs en 3 ans entre 2027 et 2030« Compte tenu des temps longs des décisions dans l’énergie, il paraît fort improbable que l’autre moitié de l’objectif soit atteignable en trois ans. Au passage, cela signifie que si Emmanuel Macron parvenait à faire deux mandats, il laisserait le soin à son successeur de faire la moitié des efforts demandés en seulement trois ans », commente Médiapart. Tout bonnement irréalisable, et un très mauvais cadeau de départ pour le gouvernement qui le remplacera (potentiellement). Si les pays de l’UE devaient s’accorder sur une telle solution, les objectifs seraient enterrés d’avance.

Par ailleurs, comme il ressort du document, la France s’oppose à toutes mesures contraignantes pour obliger les États à respecter leurs engagements en matière de développement des énergies renouvelables et atteindre ainsi les objectifs européens qui ont été fixés. La France ne souhaite voir ni contrôles, ni systèmes pour obliger les pays à rattraper leur retard. Paris ne souhaite pas plus voir la mise en œuvre d’un mécanisme pour aider financièrement les pays les plus pauvres – et souvent le plus dépendant au charbon – dans la construction de nouvelles installations.

Les enjeux sont pourtant de taille : pour sortir des énergies fossiles et de l’énergie nucléaire, le développement urgent des énergies renouvelables s’impose. Par ailleurs, le changement climatique ne peut être combattu que si les États coopèrent. Au regard de la responsabilité de la France au niveau international, Paris peut-elle encore se permettre de trainer des pieds ? Où sont passés les beaux discours tenus à la COP21 il y a quelques mois à peine ?

Osons Causer expose la fuite sans détour

La volonté de la France en question 

« À la lecture de la note française, la question de la volonté politique du gouvernement d’Édouard Philippe sur ce sujet est officiellement posée » conclu Médiapart, alors qu’Osons causer se demande si dans ces conditions, le ministre de l’environnement Nicolas Hulot qui n’aurait pas été tenu au courant de cette note, ne doit pas démissionner pour marquer son opposition. Car, en effet, cette politique va en total contre-sens des promesses de campagne tenues par le président Macron. Cependant, elle est conforme à la volonté du même personnage à ne surtout pas entraver le marché et les acteurs économiques.

Alors que la France est déjà très en retard sur son programme de développement des énergies renouvelables, ces positions tenues devant le Conseil européen ne sont pas anodines et interrogent : le gouvernement a t-il seulement envie de s’engager dans une transition écologique ? Quelle vision de l’avenir ont le Président et son Premier ministre, si le pays ne redouble pas d’efforts pour sortir des énergies fossiles le plus rapidement possible ? Pendant sa campagne, le candidat Macron s’était engagé sur ce terrain et se disait prêt à tenir les engagements du pays :

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Et pourtant, pendant la campagne présidentielle…

Environnement : le gouvernement multiplie les rétropédalages

D’autant que même au niveau national, le masque vert du gouvernement a commencé à se fissurer à l’occasion des débats sur la loi sur les hydrocarbures. Ce texte, porté par Nicolas Hulot, devait être un symbole et un message fort à l’international. Il a finalement été présenté à l’Assemblée nationale dans une version rabotée, loin de l’ambition affichée dans un premier temps, ce qui a fait réagir plusieurs associations de défense de l’environnement qui y voient une occasion ratée.

Si le texte est voté en l’état, « il n’y aura ni transition progressive jusqu’en 2040, ni d’interdiction effective de l’exploration des hydrocarbures non conventionnels. Les permis actuels seront prolongés et donneront lieu à de nouvelles concessions, et les concessions actuelles pourront être prolongées jusqu’en 2040″, mettent en garde les Amis de le Terre.

Ici aussi, les contradictions entre ce qui avait été annoncé par le candidat Macron et ce qui est réellement fait apparaissent de manière aigüe. Pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait affirmé que l’exploration des gaz de schistes en France serait interdite et qu’aucun nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures ne serait délivré. Seulement quelques mois après son élection, il fait déjà marche arrière avec une loi qui laisse de nombreuses dérogations possibles, repoussant une grande partie du problème à 2040 !

Tous les individus à la fibre écologiste restent pantois. Quelle confiance accorder au gouvernement pour les 4 années à venir en matière d’environnement ?


Sources : mediapart.fr / osonscauser.com / amisdelaterre.org

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