Alors qu’elle était destinée au sort funeste du mariage forcé et de la dépendance promis à la plupart des femmes népalaises, Nasreen Sheikh est parvenue à se défaire de ses chaînes pour devenir une fervente défenseuse des droits des femmes. Suscitant aujourd’hui l’admiration au sein de la communauté internationale, la jeune femme est parvenue en quelques années à créer une association qui vient en aide aux autres femmes au travers de l’artisanat et de l’éducation.

Nasreen Sheikh : une volonté à toute épreuve

Alors que la plupart des filles sont mariées de force à la puberté, Nasreen Sheikh décide à 14 ans de s’enfuir de son village natal pour rejoindre la capitale népalaise, Kathmandu. Une fois mariées, le plus souvent de force, les femmes sont placées sous la tutelle de leur mari, et leurs droits sont soumis à l’autorité de celui-ci. Refusant cette injustice, la jeune fille décide donc de partir avec son frère et sa sœur. Une fois installée dans la capitale, elle apprend à coudre, et crée des accessoires et des sacs qui lui assurent un salaire de misère. Au détour d’une rue, sa rencontre provoquée (la jeune fille tirera sur son t-shirt après l’avoir entendu parler anglais) avec l’Américain Leslie St.John lui permettra par la suite d’apprendre les rudiments de la langue anglaise.

Photographie à la discrétion de Local Women’s Handicrafts

À 17 ans, refusant le diktat religieux des castes et la tradition familiale, Nasreen Sheikh décide de louer un petit local afin d’y implanter sa première boutique. Plusieurs femmes se sont en effet ralliées à ses côtés et c’est désormais un petit groupe de couturières qui s’est formé auprès de la jeune fille. La boutique « Local Women’s Handicrafts » voit le jour. En 2013, le projet se dote d’un atelier de travail. Situé à 20 minutes de Kathmandu, il a pu être financé grâce à l’aide de plusieurs amis et espère être le premier à annoncer la construction d’autres ateliers à travers le pays. Depuis 2016, la structure s’inscrit au sein de l’ONG « LocWom » (pour « Local Women »), dont le siège est basé à Portland. Aujourd’hui, Nasreen Sheikh est une invitée d’honneur pour plusieurs universités anglosaxonnes, et est aussi régulièrement appelée à s’exprimer au sein de différentes conférences promouvant l’entreprenariat social et la solidarité (dont la conférence « Aspire Leadership » de Londres).

Sortir de la misère et du tabou par le travail et l’éducation

Aujourd’hui, LocWom et la boutique LocalWomenHandicrafts (qui fonctionne sur le principe du service équitable) ont d’ores et déjà permis à plus d’une centaine de femmes de devenir financièrement autonomes et de s’extraire d’une dépendance maritale inéluctable. Et ce sont présentement 35 femmes qui viennent y travailler tous les jours. De plus, LocWom a mis en place un centre d’empowerment qui rejoint les activités d’artisanat et de vente qui ont cours au sein de la boutique. Une clinique et un plan d’éducation pour les enfants et jeunes filles en difficulté ont également été mis en place, ainsi que des conférences vouées à promouvoir l’entreprenariat local dans une démarche féministe — dans le sens où les intervenants sont des femmes.

Photographies à la discrétion de Local Women’s Handicrafts

Enfin, l’association travaille aujourd’hui à l’éducation et à la sensibilisation des femmes népalaises sur des questions aussi importantes que les règles. En effet, les menstruations restent un sujet très tabou au Népal, et sont encore associées à la honte et à l’impureté. Il est toujours courant dans le pays qu’une fille réglée soit rejetée par la famille et soit obligée de dormir en dehors de la maison. De plus, les règles d’hygiène essentielles sont la plupart méconnues des jeunes filles et le stigma reste fort. C’est pourquoi Nasreen Sheikh et les membres de son association distribuent également des serviettes en coton réutilisables qu’elles ont fabriquées elles-mêmes. Les informations essentielles sur les règles et l’appareil reproductif féminin sont également dispensées au cours d’ateliers. Ce sont ainsi près de 1200 serviettes hygiéniques qui ont été distribuées en l’espace de 3 mois, permettant à 4 écoles ainsi qu’un groupe de femmes d’en bénéficier.


Sources : LWHNepal.com / LocWom.org / Amnesty.ch / Huffingtonpost.ca

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