Le vendredi 9 janvier 2015, le saoudien Raïf Badawi a subi une flagellation publique : il a reçu 50 coups de fouet qui se renouvelleront malheureusement aujourd’hui, le vendredi 16 janvier. En mai 2014, Raïf Badawi a été condamné à 10 ans de prison, à une amende d’1 million de rials saoudiens (environ 226 000 euros) et à 1000 coups de fouet.
Les sévices corporels qu’a subis ce jeune saoudien de 32 ans doivent se poursuivre tous les vendredis sur 20 semaines en tout. De telles condamnations sont pourtant interdites par le droit international mais l’Arabie saoudite s’en soucie peu. Rappelons que les tortures, traitements cruels, inhumains ou dégradants sont prohibés par La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies, depuis 1948.
Quel est donc le crime impardonnable de Raïf Badawi ?
Le seul crime de Raïf Badawi est d’avoir créé un blog et un forum de discussion dans lesquels il exerçait sa liberté d’expression en émettant des critiques envers la religion et les institutions saoudiennes, tout en proposant le débat public. En d’autres termes, il a usé de sa liberté d’expression pour remettre en question l’autorité. Dans son pays, ceci fait du jeune saoudien un prisonnier d’opinion. Amnesty International a lancé une campagne d’information et d’action afin de le sauver. Reporters sans frontières s’est également joint à la cause.
L’épouse de Raïf Badawi a déclaré que son mari «ne pourra résister à une nouvelle série de coups de fouet»
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Arabie Saoudite, zone de non-droit ?
Nizar al-Madani, le ministre d’État aux affaires étrangères d’Arabie Saoudite, était présent lors de la marche républicaine des chefs d’État suite au massacre à Charlie Hebdo. Sa présence fut vivement critiquée par de nombreuses associations et ONG. Au même moment, Raïf Badawi était privé de liberté et fouetté pour s’être exprimé. En effet, l’Arabie Saoudite est régulièrement condamnée par la communauté internationale pour sa violation plus que courante des droits humains.
Le pays fait partie des régimes les plus autoritaires au monde et la censure y est omniprésente. Tout autre culte religieux non-musulman est formellement interdit et un code vestimentaire strict est en application. Critiquer la religion, le gouvernement ou la famille royale est sévèrement réprimé, souvent par le biais de traitements corporels inhumains (l’état étant une monarchie absolue). L’Arabie Saoudite est également le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire ni de se déplacer seules sans autorisation. Les femmes sont placées dès leur naissance sous la tutelle d’un homme et leurs droits peuvent se compter sur les doigts de la main.
Notons enfin que le pays, membre de l’OPEP et principal partenaire des États-Unis au Moyen-Orient, jouit d’une économie florissante. En 2013, les revenus des exportations pétrolières (pétrole brut et dérivés) du pays s’élevaient à 312,7 milliards de dollars (OMC).
Informations et pétition sur le site d’Amnesty International >ICI<
MISE À JOUR :
Le 7 juin 2015, la Cour suprême d’Arabie Saoudite a confirmé la condamnation de Raif Badawi, à savoir : 10 ans de prison, 1000 coups de fouet (50 par semaines pendant 20 semaines) et 10 ans d’interdiction de sortir du Royaume.
Raif Badawi avait déjà subi la première séance de flagellation au début du mois de janvier, puis les autres avaient été reportées en raison de l’état de santé de ce dernier. Avec cette décision, l’épouse du blogueur saoudien : Ensaf Haidar craint que les flagellations ne reprennent dès la semaine prochaine …
Sources : Image à la une / Amnesty International / Courrier International / Paris Match / Wikipédia