Quand l’art rencontre la science, cela donne parfois des merveilles. Un ingénieur et musicien français vient de dévoiler le premier violon créé par impression 3D. Le rendu final serait d’une qualité exceptionnelle, de quoi rivaliser avec les équivalents professionnels, selon son concepteur.
L’impression 3D n’a décidément pas fini de nous étonner. C’est à Béziers qu’un ingénieur français et violoniste professionnel, une association relativement exceptionnelle, a présenté son 3Dvarius, le premier violon électrique réalisé grâce à une imprimante 3D. Parfaitement transparent, imprimé en une seule pièce, l’objet offre un son de haute qualité, selon son créateur. Un objet résolument professionnel aux aspects luxueux qui brise les préjugés communs quant à la qualité de l’impression 3D.
L’échec, fondement de la réussite
Lao Tseu ne disait-il pas : « L’échec est le fondement de la réussite » ? Laurent Bernadac, 28 ans, peut en témoigner. La création de cet instrument unique en son genre, c’est avant tout l’histoire de l’échec. En effet, 3 ans de travaux, de recherches et de tests infructueux furent nécessaires pour aboutir à ce « parfait » prototype.
Les premiers essais furent réalisés à base d’aluminium. Un métal relativement abondant, recyclable à l’infini, mais trop complexe à usiner. Ses tests vont ensuite se diriger vers le plexiglas à partir de plusieurs morceaux assemblés. Mais les fixations fragilisent alors le son pour un poids final bien supérieur aux violons traditionnels. Passionné par son projet, Laurent Bernadac va persévérer jusqu’à trouver le parfait équilibre entre matériau, forme et technique. C’est finalement vers la résine et l’impression 3D dite de stéréolithographie que se tournera le musicien pour accomplir son œuvre.
24H d’impression
Outre ses études d’ingénieur mécanique énergétique à l’INSA Toulouse, le jeune homme est avant tout un violoniste de talent, médaillé du conservatoire de Toulouse et joueur dans son groupe OCTOBRE. C’est la mise en commun de ces deux univers et compétences qui vont lui permettre de créer « Pauline », ce premier violon 3D à la fois puissant et ultraléger.
Connue depuis 1984, l’impression par stéréolithographie, réalisée ici par l’entreprise Polyform, est considérée comme étant à l’origine des procédés d’impression 3D. À partir d’un modèle numérique, le système SLA se compose d’une cuve de résine liquide photodurcissable au contact d’un laser ultraviolet, couche par couche. Comptez 24 heures pour l’impression d’une seule pièce. Mais ce n’est là qu’une des nombreuses étapes de la fabrication. En effet, outre le prototypage 2D (croquis) et la modélisation 3D, plusieurs jours de post-traitements sont nécessaires pour nettoyer, affiner et protéger l’objet brut. Vient enfin la délicate étape du montage où sont placées les cordes mises sous tension.
En route vers un financement participatif
» Je suis persuadé que la production d’instruments de musique va connaitre, comme d’autres domaines avant elle, une révolution « 3D » » confie-t-il au site 3dnatives.com. En effet, il y a de quoi fantasmer, en bien comme en mal, sur l’avenir de la production domestique d’objets. Cependant, M. Bernadac garde la tête froide et tient à ce qu’aucun amalgame ne soit fait entre un violon électrique et un similaire en bois, réalisé traditionnellement dans les règles de l’art.
Attention cependant, on est encore loin de pouvoir imprimer son instrument à la maison. Le prototype voulu haut de gamme, unique en son genre, coûte tout de même la bagatelle de 10 000 euros. L’imprimante haute précision utilisée pour produire l’objet en une seule pièce coute à elle seule près de 600.000 euros. Pas de quoi démotiver Laurent Bernadac qui envisage un « financement participatif » afin de s’octroyer la machine et produire, plus tard, des instruments personnalisés à moindre coût. Une belle aventure en perspective.
Sources : culturebox.francetvinfo.fr / www.wedemain.fr / laurentbernadac.com / 3dnatives.com / Photographies : TOM (les images de Tom)