Dans un monde de plus en plus autocentré où la part de l’ego est prépondérante, admettre s’être trompé apparaît comme une grande difficulté pour beaucoup de personnes. Or, ce comportement empêche d’évoluer et donc de faire bouger la société, qui a pourtant radicalement besoin de changement. On vous présente cinq points pour une transformation positive.
Savoir se remettre en question et reconnaître ses erreurs présente bien des avantages, autant d’un point de vue individuel que collectif. Que ce soit pour s’affranchir du système capitaliste, mais aussi pour lutter contres ses propres biais et contre les écueils de ses certitudes. Un cheminement indispensable pour fonder des communautés plus juste et plus saine. Mr Mondialisation vous propose cinq raisons d’accepter d’avoir tort.
1. Résister à l’idéologie dominante
Admettre s’être trompé, c’est sortir d’une logique de compétition propre au capitalisme, comme si nos croyances étaient une marchandise à défendre. Faire cet effort, c’est donc déjà organiser une rupture avec le dogme de la « réussite » imposé par le néolibéralisme. Ce qui compte alors, ce n’est plus de « gagner » la bataille de la pensée, mais plutôt de rechercher la vérité en percevant un échange comme une réelle opportunité de s’améliorer et de partager des idées.
Dans cette ligne directrice, concéder que l’on peut faire fausse route, c’est aussi un premier pas vers la lutte contre un système dominant qui semble couler de source. Le capitalisme ne reconnaît d’ailleurs non seulement jamais ses erreurs, mais il impose également son fonctionnement comme la seule possibilité. Souligner les aberrations du capitalisme, c’est déjà contester la légitimité de son pouvoir.
Par là, en s’extrayant de cette logique, on se bat contre cette idéologie. En outre, il devient plus facile de lutter contre ses biais en admettant que notre propre façon de penser a été en partie forgée par le système dans lequel nous évoluons. De ce fait, se remettre plus souvent en question permet donc de déconstruire ses idées préconçues et d’ouvrir son esprit à des alternatives concrètes.
2. Se détacher de son ego
Reconnaître ses torts, c’est aussi apprendre à se détacher de son ego et à dépasser le culte du « moi ». Cette vanité, érigée en valeur centrale dans nos sociétés individualistes, constitue un piège de la pensée. Lorsqu’on fait passer sa fierté avant la recherche de justesse ou de vérité, on s’expose inévitablement à des erreurs de jugement.
Au contraire, cultiver une forme d’humilité — non pas comme effacement de soi, mais comme ouverture à la complexité — permet d’accueillir à la fois la raison et l’émotion dans notre manière de comprendre le monde. Car les émotions ne sont pas des obstacles à la lucidité : elles signalent nos valeurs, nos blessures, nos attachements, et peuvent nourrir une réflexion plus fine et plus humaine. L’enjeu n’est donc pas de juger sans émotion, mais de reconnaître ce que nos émotions nous apprennent sans qu’elles dominent entièrement notre regard.
Ainsi, remettre en question ses certitudes ne relève pas de la faiblesse, mais du courage.
L’autocritique, enfin, ouvre à la compréhension de l’autre plutôt qu’à sa domination. Elle constitue un outil précieux, y compris pour celles et ceux qui ont raison : savoir échanger sans attaquer, écouter sans se sentir menacé·e, favorise la réciprocité et la possibilité d’une remise en question mutuelle.
3. Renforcer la confiance et la coopération
Quelqu’un qui ne reconnaît jamais ses torts peut susciter de la méfiance. À l’inverse, être capable de se remettre en question favorise la confiance, puisque cela montre une forme d’ouverture d’esprit et de culture du dialogue. Cela permet également de gagner en crédibilité et d’être plus facilement pardonné.
La coopération entre les individus encourage forcément des modes de vie plus collectifs et plus justes. Par là, on navigue donc vers des sociétés plus horizontales où « ceux qui savent » feront preuve de plus de modestie et n’iront pas humilier ou écraser le reste de la population. Se remettre en question, reconnaître ses torts et s’excuser peut apaiser les interactions et être indispensable pour une véritable démocratie et des forces collectives durables.
4. Tirer des leçons
L’autocritique s’avère être un pilier de tout mouvement de transformation de la société. Parce qu’admettre ses erreurs, c’est également tirer des leçons pour l’avenir afin de ne pas les reproduire. À l’inverse, rester cantonné sur ses positions peut induire en erreur, sans aucune perspective d’évolution.
De plus, savoir se questionner évite un endoctrinement aveugle et une soumission à une personnalité forte ou à une idéologie qui imposerait sa vision au plus grand nombre (à ce titre, l’exemple de l’URSS est riche en enseignements). Par là, apprendre des échecs des organisations passées est une démarche précieuse.
5. Trouver de nouveaux chemins
S’il existe un refus idéologique de sortir d’un système dominant, qui est pourtant un échec sur beaucoup de plans, ce n’est pas uniquement à cause de l’influence médiatique ou du manque de démocratie, c’est bien aussi parce qu’il est compliqué pour beaucoup d’admettre avoir vécu dans l’erreur pendant de nombreuses années.
Néanmoins, cette acceptation est une des clefs d’une porte vers des systèmes alternatifs, des fonctionnements différents qui ne seraient plus considérés comme de simples utopies. Un cheminement d’autant plus difficile lorsque l’on a soutenu bec et ongle un champ politique.
Toutefois, même si cette évolution peut être lente, elle apparaît malgré tout comme indispensable pour s’extraire du fatalisme distillé par le capitalisme. Derrière les discours voulant nous inculquer une certaine forme de fatalité, il existe cependant une voie vers d’autres types de sociétés : décroissance, entraide, démocratie, etc. Une route qui passera nécessairement par des changements profonds de mentalité.
– Simon Verdière
Photo de couverture de Kindel Media















