Vous pouvez l’imaginer ronde, carrée, triangulaire ou de forme farfelue, la maison imprimée en 3D semble se rapprocher chaque jour un peu plus de la réalité concrète. Pourquoi donc ne pas l’envisager en open-source ? C’est bien l’idée du projet Constructions-3D qui voit dans l’impression 3D une troisième révolution industrielle mais au profit d’une économie collaborative.
On connaissait déjà l’impression 3D de structures en usine, voici un prototype d’impression 3D à même le terrain. Cette innovation permettrait de faire sortir de terre votre maison, peut-être dessinée par vos soins, à même son terrain. Pas de déplacement couteux de sections lourdes. Le prototype placé sur une dalle, à l’intérieur de la future structure, façonnerait le bâtiment couche par couche en un temps record. De la forme des fenêtres aux cloisons, tout pourrait être modulable. Comme chez leurs homologues chinois, le matériau utilisé serait à terme fait d’un amalgame de déchets de chantier recyclés en béton.
Cette idée innovante revient à Gaël Collaro, un designer 3D et artiste belge qui prêtera son savoir faire à la réalisation des plans visibles dans cette vidéo. Son projet fut repéré par Antoine Motte, ingénieur français spécialisé dans le BTP, qui va le propulser dans le monde réel. Ce sont principalement des valeurs communes comme l’humanisme ou l’économie collaborative de Jérémy Rifkin qui vont convaincre les deux protagonistes de travailler ensemble dans une logique d’open-source. Car c’est tout l’intérêt du projet, lui donner une portée utile à l’ensemble de l’humanité.
« Si ça marche pour nous, de multiples autres acteurs suivront aussi et d’ici quelques années vous aurez peut-être dans votre comparateur d’imprimantes des machines tout à fait différentes ! Cela est en tous cas très souhaitable pour l’accès au logement pour les pays du tiers monde notamment et validera je l’espère notre vision des choses. » nous confie Antoine Motte.
Les deux protagonistes montent en ce moment même une équipe en activant un réseau d’ingénieurs et d’entreprises du bâtiment. Leur projet viserait à fédérer les acteurs de la construction et de l’informatique autour de la recherche d’un habitat à la fois durable, écologique et abordable. L’impression 3D apparait, en effet, comme une technologie de rupture avec un modèle industriel désuet, perçu comme à l’origine de bien des maux sur terre.
Et le travail dans tout ça ?
La question serait plutôt de se demander si le citoyen souhait s’endetter toute une vie auprès de banques pour accéder à l’habitat. L’impression 3D permet, certes, de créer un gros œuvre rapidement et à moindres frais. Ce que l’impression 3D de maison ne fait pas, ce sont les finitions. Ces finissions concernent le plus souvent des emplois spécialisés, spécifiques où la main d’œuvre est plus que jamais nécessaire. Dans une logique d’économie collaborative, le travail serait donc réorienté et partagé afin que chacun puisse à la fois bénéficier d’un revenu, de plus de temps libre et surtout d’un habitat (ou d’autres besoins) à cout raisonnable tout en conservant une qualité acceptable.
Par ailleurs, le gain généré par une maison à bas prix permettrait aux acheteurs d’orienter leurs dépenses vers la durabilité de l’habitation : isolation, production d’électricité renouvelables, chauffage adapté, triple-vitrage,…
La collaboration au service de tous
« Ce projet ne vise pas à créer un énième acteur du bâtiment qui profiterait à lui seul de l’innovation technologique, mais bien à intégrer le plus d’intervenants possibles dans la construction d’un outil collaboratif et évolutif Open-Source adapté en fonction des contraintes environnementales de son lieu d’utilisation. » déclarent les concepteurs.
A ce jour, ce projet franço-belge en est à un stade d’exploration. Dans une logique d’open source, ses concepteurs en appellent à la bonne volonté des citoyens. Il est possible d’apporter un soutien technique, financier ou matériel au projet. Par ailleurs, les responsables estiment que « cet outil doit permettre à l’Humanité de se loger de manière décente, rapidement et le plus naturellement possible, en impactant le moins possible l’environnement. » Constructions-3d cherche aujourd’hui un terrain pour expérimenter leur invention.
Les concepteurs avouent cependant à demi-mot que la plus grande difficulté sera d’ordre administrative, mais aussi d’ordre lobbyiste. Ils craignent en effet que tout ne soit fait pour que leur projet ne voit jamais variablement le jour. Le secteur de la construction représente en effet de lourds enjeux financiers en aval pour les sociétés, comme en amont pour les banques.
Source : constructions-3d.com / Gaël Collaro / YouTube
