Originalement conçue pour l’exposition universelle de Milan, The Hives (La ruche), une imposante sculpture de 17 mètres de haut, vient d’être installée au sein des Jardins botaniques royaux de Kew, à l’ouest de Londres. Au moyen de cette installation, Wolfgang Buttress souhaite interpeller à propos de la disparition des abeilles. Mêlant architecture, design, sciences et environnement, l’œuvre donne le sentiment au visiteur de se trouver au cœur d’une ruche.

La structure géante en aluminium de l’artiste Wolfgang Buttress a été montée récemment au sein des Jardins botaniques de Londres. Crée à l’origine pour la Milan Expo 2015, où elle a attiré près de 3,3 millions de visiteurs, la structure en aluminium est extrêmement complexe. Ses caractéristiques physiques la rendent particulièrement imposante : elle mesure 17 mètres de haut et pèse 40 tonnes. L’artiste n’en est pas à son coup d’essai. Il a habitué son public à des installations qui interrogent l’utilisation de l’espace en raison de leur taille.

Observée de loin, impossible de distinguer les détails de cette structure, formée de 170.000 pièces d’aluminium. Sous cette perspective le visiteur peut avoir le sentiment d’avoir un essaim géant en face de lui. Mais de plus près, on découvre que l’œuvre est conçue pour fournir une expérience sons et lumières unique, orchestrée par les abeilles elles-mêmes.

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07_kew_hiveImage : www.kew.org

Au milieu d’une ruche

Telle une coupole, il est possible de pénétrer à l’intérieur de l’imposante installation où Wolfgang Buttress a voulu imiter l’ambiance qui règne dans une ruche. Dotée de plus de 1000 LED et de microphones, la structure produit sons et lumières en présence et en fonction des abeilles. En effet, lorsque les capteurs détectent leurs mouvements, les LED s’illuminent et des bruits de bourdonnement des abeilles résonnent dans la structure, donnant le sentiment d’un dialogue incessant.

D’après la volonté de l’artiste, le visiteur doit se sentir partie intégrante de la ruche, vibrer en cœur avec elle, lui révélant ce qui est habituellement invisible. « Mon approche consiste à imiter la nature, pour que chacun puisse en faire une expérience plus intime » explique-t-il. Wolfgang Buttress ajoute afin de préciser sa démarche : « Je veux que le visiteur devienne part de l’expérience et soit enveloppé par la structure, plutôt que d’être en position d’observateur extérieur ».

Pour accentuer le sentiment d’immersion dans l’essaim, un dispositif émet des vibrations semblables au battement des ailles d’abeilles. Dans la nature, ces vibrations produites avec leurs ailes sont leur principal moyen de communication. Il en existe divers types. Dans la structure sont reproduites les vibrations lancées par les jeunes abeilles reines qui se concurrencent pour devenir la nouvelle reine de la ruche. Mais également les signaux qu’elles émettent pour « demander » de la nourriture à leurs congénères, ainsi que ceux qui servent à indiquer un lieu où se trouve du pollen.

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Une approche qui aurait été impossible sans l’intervention de la recherche. La réalisation de l’œuvre a ainsi été rendue possible grâce aux découvertes établies récemment par les scientifiques en matière de communication chez ces animaux. Plus de 50 000 abeilles participent à l’expérience.

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03_kew_hivePhotographie : Jeff Eden

Interpeller sur l’importance de la protection des pollinisateurs

Comme d’autres, Wolfgang Buttress s’efforce de défendre la cause des abeilles. Celles-ci s’avèrent indispensables pour l’agriculture, puisqu’elles sont à l’origine de la pollinisation de presque 70% des espèces destinées à nourrir l’humanité. Depuis plusieurs années, de nombreux acteurs de la société civile essayent de sensibiliser l’opinion publique ainsi que les décideurs à propos du danger qui pèse sur les abeilles. Les scientifiques et les défenseurs de l’environnement dénoncent l’usage massif de pesticides à l’origine de l’hécatombe. D’ailleurs, certains observateurs craignent que le Brexit soit accompagné d’un retour en arrière au Royaume Uni, qui pourrait abandonner la législation restrictive établie en la matière par l’Union européenne.

Le sujet est également d’actualité en France. Fin juin, les députés français ont voté l’interdiction en agriculture des produits contenant des molécules appelées néonicotinoïdes. Leur caractère nocif pour les abeilles et les autres insectes pollinisateurs est désormais reconnu. Malheureusement, l’entrée en vigueur de l’interdiction n’est pas prévue avant le 1er septembre 2018 et beaucoup craignent que la prochaine majorité change de cap. Par ailleurs, des dérogations pourront être accordées jusqu’au 1er juillet 2020 pour continuer à utiliser ces pesticides tueurs d’abeilles. L’économie semble prévaloir sur l’urgence écologique. Loïc Leray, vice-président de l’Union nationale de l’apiculture française regrette la faiblesse de cette décision : « Vue la persistance de ces produits dans le sol, on n’est pas sorti de l’auberge ! », s’exclame t-il. Amies ailées, tenez-bon !

02_kew_hivePhotographie : Jeff Eden


Sources : bbc.com / kew.org / theguardian.com / thisiscolossal.com

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