Anonymement, une employée du géant Amazon raconte «la peur organisée» au journal Libération. Encore une fois, les conditions de travail chez Amazon font parler d’elles. Mais au delà de ce cas précis, c’est une mentalité managériale globalisée qui est au coeur du débat. Car le cas Amazon n’est qu’un symbole d’une fuite en avant du productivisme à l’heure même où il serait judicieux de ralentir au nom de la planète et de l’Humain. Se limiter à critiquer Amazon semble donc quelque peu hypocrite, si on considère nos modes de vie et les cadeaux fiscaux faits à ce type d’entreprise.
Plus, plus, toujours plus !
Le travail d’Amélie (anonyme), c’est d’être pickeuse. Elle doit rechercher frénétiquement les produits commandés par les clients. Cela consiste donc à courir dans des allées interminables toute la journée, soit de 15 à 25 kilomètres, selon elle. Ce témoignage nous plonge, une fois de plus, dans ce qui est qualifié de véritable enfer. Bien sûr, on ne parle pas du même enfer que subissent en ce moment les petites mains qui produisent nos cadeaux de Noël. Mais il y a pourtant un point commun entre ces univers : il faut produire plus, encore et toujours, au détriment de l’Humain.
Cadences infernales, surveillance pesante, manque de temps pour s’alimenter, contrôle quasi-autoritaire de la productivité, rappels à l’ordre permanents, culte de l’efficacité, on se croirait plongé dans les usines de la révolution industrielle. De fait, l’essence en est la même : augmenter la productivité, réduire les couts. Résultat, le travailleur est épuisé, lessivé, fatigué. On imagine mal pouvoir tenir de telles cadences jusqu’à des âges avancés.
Un petit coté Orwellien bien inquiétant
Dans son témoignage, la pickeuse évoque surtout le contrôle, la numérisation à outrance et la surveillance. Outre les centaines de caméras qui épient les faits et gestes des travailleurs, des agents de sécurité veillent au grain contre d’éventuels larcins. Chaque acte du travailleur est également surveillé grâce à un code à scanner. Le contrôle est parfait. Le tout, dans un cadre aseptisé et froid. Une ambiance qui fait indéniablement penser aux nombreuses œuvres d’anticipation qui explorent le risque de voir aboutir le règne des multinationales au détriment de tout ce qui constitue notre Humanité – et des travailleurs.
image : THX 1138
Rien de neuf sous le soleil
Même si une dose de rappel est toujours utile pour comprendre quel monde nous voulons pour nos enfants, cette situation n’a rien de nouveau. De nombreux témoignages et reportages existent sur les conditions de travail dans les grandes multinationales dont le profit est le mot d’ordre. Déjà en 2013, l’émission « 24 heures chrono » de France 5 épinglait Amazon en investiguant les coulisses des livraisons de colis. En voici un extrait.
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Réapprendre à prendre le temps, respecter les rythmes de vie des travailleurs, ralentir pour lutter contre l’obsession de la Croissance perpétuelle, n’est-il pas temps de revenir à des méthodes managériales équilibrées ? Une question se pose alors. La robotisation croissante va-t-elle être une solution ou un nouveau problème ?
Sources : liberation.fr / laruche.com