Ce dimanche 21 septembre, une maison, récemment baptisée « la Maison du Peuple », a été évacuée par un important dispositif de gendarmerie au Faouët (Morbihan). Occupée depuis une semaine par un collectif d’habitant·es opposé à une déviation routière controversée, la bâtisse, propriété du Conseil départemental et promise à la démolition, était au cœur d’un bras de fer avec les autorités. Mr Mondialisation publie ce communiqué écrit par des soutiens du collectif.

Malgré la résistance pacifique, l’évacuation s’est soldée par des gardes à vue et la destruction immédiate du bâtiment. La démolition, anticipée de plusieurs jours sur le calendrier officiel, s’est déroulée, selon les soutiens du collectif, sans précautions apparentes, notamment concernant la présence supposée d’amiante. Un procédé dénoncé par des opposant·es comme révélateur d’un mépris démocratique et écologique :

« Cette évacuation est à l’image du projet, elle incarne la violence d’un modèle de développement à bout de souffle. »

Répression brutale, chantier contesté

L’opération de police n’a pas laissé de place au dialogue. Elle a visé à faire appliquer un arrêté préfectoral pris deux jours plus tôt à la suite d’une plainte du Conseil départemental, propriétaire des lieux. Peu après 17h, un important dispositif de gendarmerie a encerclé la maison de Kerrousseau, occupée depuis le 15 septembre par des membres du collectif contre la déviation du Faouët.

Sept personnes ont été interpellées, mises en garde à vue ; certaines témoins évoquent des violences lors de leur arrestation : « certaines personnes ont été traînées au sol ».

Les occupant·es, qui s’étaient réfugié·es sur le toit, ont été délogé·es de force, avec l’aide des pompiers. Sept personnes ont été interpellées, mises en garde à vue ; des témoins évoquent des violences lors de leur arrestation : « certaines personnes ont été traînées au sol ». Dans la foulée, la maison a été rasée, « sans précaution pour l’amiante présent dans les matériaux », alertent les soutiens :

« Le Conseil Départemental du 56 a-T-il fait un diagnostic amiante avant les travaux démolition ? C’est normalement obligatoire. Démolir au tractopelle ça veut dire que les bardeaux d’amiante ont été cassés et libèrent actuellement des particules dangereuses alors qu’elles étaient stables jusqu’à hier. Une plainte est envisageable. »

Selon les soutiens du collectif, les forces de l’ordre auraient poursuivi les recherches sur le site, à la recherche d’éléments permettant d’étoffer l’enquête. Pendant ce temps-là, les opposant·es étaient toujours en garde à vue, réparti·es entre plusieurs commissariats de la région, notamment à Gourin, Plouay ou Saint-Avé.

Une maison comme symbole

Loin d’une simple occupation, la Maison du Peuple était devenue un lieu de vie, d’échanges, de luttes et de projets. Récemment rénovée, elle accueillait des personnes en demande de logement, des habitant·es engagé·es, des jeunes et moins jeunes venus imaginer ensemble un espace collectif, solidaire et intergénérationnel.

Ce lieu, soutenu matériellement et moralement par une partie des Faouëtais·es, incarnait une autre vision du territoire : celle d’un ancrage local résistant aux logiques productivistes.

La Maison du Peuple était devenue un lieu de vie, d’échanges, de luttes et de projets. Récemment rénovée, elle accueillait des personnes en demande de logement, des habitant·es engagé·es, des jeunes et moins jeunes venus imaginer ensemble un espace collectif, solidaire et intergénérationnel.

Une déviation aux lourdes conséquences

Derrière cette évacuation précipitée, c’est un projet de contournement routier de 2,8 km qui se profile. Annoncé pour 2028, il implique la destruction de 14 hectares de zones humides, prairies et forêts classées, sans compter l’habitat de 63 espèces protégées.

Loin de régler les problèmes de circulation, la nouvelle route risque d’augmenter les nuisances sonores, de doubler le trafic dans certains quartiers et d’accentuer l’isolement des hameaux sud du Faouët. En somme : plus de bruit, moins de vie.

8 millions pour l’asphalte, combien pour les services publics ?

Ce projet routier, chiffré à 8 millions d’euros, est perçu par ses opposant·es comme un choix budgétaire incompréhensible alors que d’autres besoins urgents – santé, logement, infrastructures de proximité – peinent à trouver des financements.

La fréquentation des commerces en centre-bourg pourrait baisser selon les opposant·es. À leurs yeux, il détourne des fonds publics des services essentiels pour les allouer à un aménagement routier aux effets controversés : désertification du centre-bourg, isolement des hameaux, nuisances accrues.

Coupure d’article de Ouest France.

Une résistance qui ne faiblit pas

Malgré l’évacuation et la démolition, le collectif opposé à la déviation ne faiblit pas, à l’image de la coalition de la déroute des routes : une soixantaine de collectifs engagés contre des projets routiers destructeurs. 

Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien affluent. Va-t-on assister au même élan collectif qui existe pour lutter contre l’A69 ? Une chose est sûre : ce qui devait être un « petit aménagement local » devient peu à peu un symbole de résistance à l’artificialisation des terres et aux politiques d’aménagement déconnectées des réalités écologiques et sociales.

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Soutiens au collectif d’habitant·es opposé·es au projet de déviation du Faouët

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