S’émanciper de la vie urbaine pour aller s’installer en bord de mer et débuter une culture biologique, c’est possible ! Et pour preuve, Isabelle et Gildas, respectivement ancienne urbaniste et auteur de polar, œuvrent depuis quinze ans à la culture d’oliviers dans le plus grand respect de l’environnement. Leurs maîtres mots : travail et patience. Car l’élimination des intrants chimiques impose de reconsidérer complètement son rapport au temps…
C’est en effet grâce à leurs efforts constants que le Domaine du Mas Boutet arbore aujourd’hui des oliviers en pleine santé, gorgés de soleil et surtout de fruits. Leurs débuts n’ont pourtant pas été faciles. Ils ont d’abord fait face à un défi de taille en reprenant un petit domaine oléicole familial datant de 1940. Mais aujourd’hui, grâce à des consommateurs locaux engagés, les affaires fonctionnent. Depuis 2000, le terrain s’est même agrandi pour répondre à la demande, s’étalant maintenant sur 12 hectares, dont deux hectares de l’autre côté de la frontière espagnole.
« Des inquiétudes on en a toujours, surtout avec de tels virages, mais il faut faire des plans de financements et un prévisionnel comptable sur plusieurs années. Nous, nous l’avons fait sur 15 ans et c’est vraiment nécessaire pour savoir où on va. Par ailleurs on avait prévu un petit « matelas » d’avance pour la trésorerie, car en France on dépense beaucoup avant de gagner quoi que ce soit… », nous explique Isabelle qui a accepté de nous consacrer une interview.
Au fil des années, grâce à leur acharnement mais aussi leur sens des économies, le couple a donc réussi à cultiver son petit verger de façon naturelle et totalement biologique. C’est-à-dire, bien sûr, sans aucun intrant chimique, mais également sans procéder à un arrosage trop important, comme peuvent le faire certaines cultures intensives arborant un label « bio ». Ici, la nature est reine et on laisse faire les saisons et surtout l’œuvre du temps. « Tout provient du domaine et est transformé sur place. La clientèle n’est pas régulière toute l’année : il y a beaucoup de monde en été et en ce moment c’est plus calme. En hiver, nous travaillons essentiellement par expédition. » nous précise-t-elle.
Si l’ordre établi sur cette parcelle de terre semble inébranlable, Isabelle tire tout de même la sonnette d’alarme concernant un phénomène inquiétant : le dérèglement des saisons. Ainsi nous témoigne que la saison des récoltes se voit inévitablement touchée par le réchauffement climatique. « Cette année, nous avons cueilli avec 15 jours d’avance par rapport à l’an dernier. Les arbres ne se reposent pratiquement plus et les jeunes pousses ne cessent de se développer, surtout en bord de mer. Fin décembre, sur les terrains en bord de mer, j’avais déjà des inflorescences qui se développent normalement fin avril… » Une situation interpellante qui ne laisse rien présager de bon pour l’avenir.
Selon elle, les arbres, parfois vieux de plus de soixante-ans, seraient directement touchés par de tels changements. En effet, le froid de l’hiver leur permet normalement d’opérer un « repos végétatif » galvanisant. Et comme on peut l’imaginer, avec un hiver léger comme celui de 2015, les arbres n’ont pas pu opérer ce repos dont ils ont tant besoin. Si on ignore les conséquences à long terme, Isabelle et son partenaire craignent pour leurs cultures. Selon l’état des connaissances actuelles, l’agriculture serait l’un des secteurs à subir le plus le changement climatique, notamment dans la viticulture. Si l’avenir est incertain, il n’est cependant pas trop tard pour adopter des comportements responsables.
Les curieux peuvent visiter le site Internet du Domaine du Mas Boutet, qui, en plus des produits qu’il propose, fait également chambres d’hôtes. Nous vous invitons également à regarder l’interview d’Isabelle réalisée par l’équipe « Un pas de côté », qui construit une tiny-house près du domaine. Tout semble décidément lié, chez les militants existentiels.
Source : http://www.masboutet.com/