L’Humain, fruit d’une sélection naturelle de millions d’années, s’est tellement développé qu’il peut désormais orienter le cours de l’Évolution des autres espèces. L’activité Humaine aurait donc le pouvoir de changer la nature même de la sélection naturelle. Qu’est-ce qu’une sélection naturelle qui n’aurait rien de naturel ? Arte enquête sur le sujet.

Dans un reportage très instructif signé ARTE, Evolution des espèces : quand l’homme s’en mêle, les scientifiques nous expliquent sans détour l’impact de l’avènement de l’Homme moderne sur l’évolution des autres espèces. D’une durée de 44 minutes, il sera rediffusé vendredi 27 février à 18h15. Que nous apprennent les scientifiques au sujet de notre impact sur l’évolution ?

L’histoire d’une accélération

Depuis les études menées par Charles Darwin, il est communément admis que l’évolution des espèces est affaire de sélection naturelle. Le patrimoine génétique des individus les mieux adaptés se transmet à la descendance, laissant les moins « chanceux » dans cette équation arbitraire sur le bas-côté de l’évolution. Or, il apparait clair désormais que l’Homme, ce super-prédateur, a totalement bouleversé le rythme de cette sélection, la rendant à certains endroits, pour certaines espèces, totalement artificielle, à l’image des animaux de compagnie domestiques tant aimés.

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Lorsque Darwin publie en 1859 « De l’origine des espèces » , il prouve que l’évolution s’opère par sélections naturelles intervenant de manière aléatoire. Ces changements imperceptibles à l’œil dans le patrimoine génétique des espèces et du vivant sont rigoureusement lents. Ce fut du moins le cas durant des milliards d’années. Car aujourd’hui, l’avènement de l’Homme semble contribuer à affoler la vitesse de ces changements. Ceux-ci ont débuté il y a dix mille ans avec la culture du blé. Un « eugénisme agricole » qui a permis à l’homme de croître de manière inexorable. En adaptant la nature à nos besoins boulimiques et non en s’adaptant à elle, nous avons radicalement changé le cours de l’évolution.

Du loup au chien domestique

Des oiseaux aux ailes qui grandissent, des serpents dont la tête grossit, des cerfs Européens dont la ramure raccourcit, voici trois exemples très concrets qu’impliquent les activités humaines sur l’évolution des espèces. Mais ce n’est pas tout. Toutes les races de chiens que nous connaissons actuellement existent à cause (grâce) à la domestication des loups il y a 30.000 ans.

Pour prouver cette théorie de sélection artificielle, des expériences ont été effectuées sur des renards captifs. Les chercheurs ont sélectionné les renards les moins farouches d’une portée et les ont fait se reproduire. Ils ont répété ce schéma sur plusieurs générations jusqu’à obtenir un renard domestique.

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Celui-ci s’est mis à changer jusque dans sa morphologie, une tête plus plate, des poils de couleur différente, etc. Cette expérience prouve que l’homme a un impact sur la chaîne du vivant et qu’il peut modifier le cours de l’évolution d’une espèce en un temps record, quand la nature, elle, donnait du temps au temps. Ainsi, selon les experts, le loup est graduellement devenu un chien domestique. Depuis, les sélections artificielles sur quelques points clés de la morphologie des chiens ont donné naissance à de nombreuses races différentes.

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Retour à l’origine pour le pinson

Sur les îles Galápagos, des pinsons pourvus de différentes tailles de becs tendent à opérer un retour en arrière avec une taille unique du bec pour chaque spécimen. Ce retour à l’origine est une fois de plus dû à l’action de l’Homme : en laissant des déchets derrière lui (chips, riz, fruits, etc.), déchets ne nécessitant pas une taille de bec spécifique, le processus de division de ces oiseaux s’atténue.

Selon certaines recherches scientifiques, ce processus répété sur plusieurs générations provoque l’homogénéisation des becs de ces oiseaux. Voici comment, sur la terre même qui a inspiré Darwin dans sa théorie, une espèce opère un retour à l’origine. Une preuve de plus s’il en est, qu’un simple geste peut avoir des conséquences insoupçonnées à première vue.

L’Homme moderne débarque avec ses grands souliers et modifie en un laps de temps record ce que des milliards d’années ont mis à accomplir. Mais nous sommes également le fruit de cette évolution voulue par la sélection naturelle. Enfant monstrueux de la nature ou miracle de l’évolution, l’Humain se retourne contre celle qui l’a créé. A nous de nous réapproprier ce juste rapport et faire preuve de modestie face à notre présence sur terre. Car si l’évolution donne la vie, elle est également capable de la reprendre. Elle ne connait pas de morale, elle n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est et elle demeurera probablement bien après l’extinction de son enfant le plus gourmand.

La tentative créationniste

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En ces temps incertains où de vieux radicalismes semblent ressurgir de terre en réaction à un monde qui va déjà mal, l’idée de « création divine » des espèces refait surface. L’idée est largement soutenue par les groupes religieux de tous bords. Aux États-Unis, il existe même un musée du créationnisme où l’on peut voir l’Homme aux cotés de vélociraptors. Pour éviter aux plus fragiles de sombrer dans ces croyances moyenâgeuses, Jean Sébastien Steyer a détricoté certains clichés qui entourent la théorie de l’Évolution.

« En bons primates égocentriques, nous percevons l’évolution comme une augmentation de la complexité car nous trônons sur notre branche. Or dans l’arbre de la vie, aucune espèce n’est plus complexe ni plus évoluée qu’une autre, mais toutes sont différentes.»

Dans l’attente du reportage d’Arte, on vous invite à retrouver l’entretien au complet entre un journaliste du Monde et Jean-Sébastien Steyer, paléontologue au CNRS.


Sources : LeMonde.fr /Arte.tv

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