La Ferme de la Glutamine, se présente comme une association hybride dont le principal objectif est de permettre aux futurs agriculteurs de pouvoir valider la faisabilité économique et sociale de leur projet. Son fondateur, Charles Oksenhendler, qui propose de les accueillir sur un terrain de 7 hectares qui se trouve à l’est de Bordeaux en Gironde, a misé sur l’échange, la co-construction et la co-réalisation, associant « coworking agricole », formations et expérimentations. Afin d’intégrer le projet au territoire, il propose aux bénévoles de la région de participer à la réalisation du projet. Les 16 premiers locataires arriveront en 2018, pour une durée de trois ans.

La Ferme de la Glutamine propose de répondre à des problématiques concrètes, qui sont l’accès au foncier et le développement de techniques alternatives et biologiques pour produire de la nourriture. Ici, les futurs agricultrices et agriculteurs dont le projet est validé par l’association se voient offrir une chance unique : pendant 36 mois, ils pourront accéder à un espace de 4000m2 afin de tester le modèle agricole qu’ils auront imaginé au préalable.

Alors que l’accès au foncier agricole est une réelle problématique qui peut en décourager plus d’un au sein de la profession, les nouveaux arrivants peuvent expérimenter librement leur projet tout en minimisant les risques économiques associés au début de leur activité. Ils s’assurent ainsi de la faisabilité du projet et de leur capacité à le gérer. Leur investissement – 30.000 euros pour avoir accès à une tiny house, au terrain et à un espace de stockage – sera relativement peu élevé. De quoi faire rêver à nouveau les jeunes pour ce métier ?

Crédit Image : La Ferme de la Glutamine

Solidarité, partage et apprentissage

Alors qu’il planifiait d’abord de s’installer lui-même en tant que maraîcher sur un espace de près de 7 hectares appartenant à sa famille, Charles Oksenhendler réalise au fil des formations qu’il suit que ses collègues n’ont pas la même chance que lui. C’est alors qu’il décide de trouver un moyen de faire bénéficier à d’autres l’accès à la terre dont il jouît. C’est de cette manière que née l’idée de fonder « un petit village, une petite communauté » et de « créer une dynamique nouvelle qui se distingue », afin d’ « aider ».

Partage et convivialité sont les maîtres mots de son nouveau projet. Alors que le secteur agricole est en pleine crise, avec une part importante de maraîchers qui cessent leurs activités après quelques années seulement et que les salaires d’une partie des professionnels suffisent à peine à survivre (1/3 ont des revenus équivalents à 354 euros par mois), La Ferme de la Glutamine essaye d’offrir des perspectives plus encourageantes aux nouveaux arrivants en consolidant leur projet de départ par l’expérimentation et en créant des « liens de confiance », c’est à dire une solidarité à l’échelle locale. Au fil des diverses formations qui seront proposées aux locataires, Charles Oksenhendler espère voir naître une synergie positive entre les participants, qui pourront chacun s’appuyer sur les savoirs et les compétences des autres.

Crédit Image : La Ferme de la Glutamine

« Pas une success story »

La Ferme de la Glutamine « n’est pas une succes story » insiste l’ancien informaticien qui, à la suite d’une dépression qu’il l’a profondément affecté, a décidé de remettre en cause la frénésie quotidienne dans laquelle il vivait. Avant de changer de vie, « je travaillais dans le seul objet d’être reconnu par mes pairs » nous raconte-t-il sans détour. Pour se relancer et redonner un sens à ce qu’il entreprenait, il a pris la décision de prendre un tournant radical« j’ai retrouvé la lumière en décidant de me consacrer à un projet dans lequel l’enrichissement personnel ne serait plus le principal motif, mais l’envie de construire ensemble », explique Charles Oksenhendler, qui s’émerveille quotidiennement devant l’enthousiasme qu’il rencontre et les aides venues de toute part.

S’il faudra attendre quelques années pour connaître les bénéfices réels qu’ont pu tirer les agriculteurs de leur expérience ici, l’autre pari semble presque remporté : à quelques kilomètre de Bordeaux, tous les éléments sont en place pour pouvoir reconnecter les villes au monde agricole, les urbains aux paysans. Depuis les débuts de la ferme, de nombreux bénévoles ont choisi d’investir un peu de leur temps dans la réalisation et le développement de l’association, témoignant que le monde paysan et les nouvelles formes d’agriculture sont des sujets qui gagnent progressivement la sensibilité de l’opinion publique.

C’est notamment grâce à ces citoyens et ces citoyennes que les futures tiny-house, dans lesquelles les agriculteurs vivront pendant leur séjour sur le site, ont pu être construites. Pour Charles Oksenhendler, c’est une première réussite, car selon lui, si les gens s’impliquent, c’est que tout comme lui, ils réalisent progressivement que l’enjeu dépasse très largement celui de « produire autrement » : il s’agit de s’engager collectivement pour permettre à tous de vivre mieux, dans une économie plus solidaire et pleine de sens.

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