Le patriarcat aime nous bercer d’un récit qui l’arrange : celui d’une égalité entre les femmes et les hommes enfin atteinte, presque dépassée, reléguée aux luttes d’hier. Pourtant, quotidiennement, l’actualité se charge de contredire frontalement ce discours. Si le féminisme continue de déranger autant, ce n’est pas par excès idéologique, mais parce que les dominations qu’il combat sont toujours là, bien réelles. Et que celles et ceux qui bénéficient de ces dominations veulent conserver le pouvoir.

On oppose souvent aux luttes féministes un argument prétendument imparable : « la loi garantit l’égalité ». Comme si la loi était exhaustive et couvrait tous les cas de figures. Comme si l’inscription d’un principe dans un texte suffisait à le rendre effectif.

Or la prétendue égalité juridique ne supprime ni les pratiques discriminatoires, ni les rapports de domination, ni les représentations sexistes qui continuent de structurer les institutions, les médias et les comportements sociaux. Confondre l’intention normative avec la réalité vécue, c’est précisément ce qui permet de nier les violences persistantes.

L’affaire Abittan, tout comme la réaction récente de la première dame de France, rappellent brutalement à quel point les luttes féministes restent nécessaires. Analyse.

Brigitte Macron et l’affaire Abittan : quand l’actualité contredit le mythe de l’égalité

Lorsque Brigitte Macron a qualifié des féministes de « sales connes », elle n’a pas seulement laissé éclater un mépris personnel. Elle a offert une démonstration à la fois didactique et caricaturale de la manière dont les luttes féministes continuent d’être disqualifiées dans l’espace médiatique et politique.

Le contraste est d’autant plus frappant que son mari avait prétendu faire de l’égalité femmes-hommes « la grande cause du quinquennat ». Une promesse répétée, mais jamais adossée à des moyens réels : budgets dérisoires, politiques fragmentaires, résultats inexistants. Ce qui devait être une priorité s’est dissous en slogan, vidé de toute portée politique.

Qu’une femme occupant une position institutionnelle aussi centrale choisisse de s’en prendre aux militantes plutôt qu’aux violences et discriminations qu’elles dénoncent révèle un mécanisme profond : le féminisme continue d’être perçu comme un problème à contenir, non comme une réponse politique à un système de domination structurel.

Ces attaques participent à la neutralisation des revendications féministes en les réduisant à des excès, de l’hystérie ou du militantisme outrancier ; un stéréotype misogyne bien connu. C’est une stratégie bien connue : dépolitiser la critique pour éviter de répondre au fond. La plaignante dans l’affaire Ary Abittan s’est d’ailleurs exprimée à ce sujet :

« « Sales connes ». Ces mots violents ravivent des souffrances profondes, et me rappellent combien les actions menées par des militantes m’ont aidée dans toute ma reconstruction. »

Ces propos ne relèvent pas seulement de l’opinion : ils ont des effets concrets et dévastateurs sur des personnes ayant été confrontées à la violence sexuelle et à la difficulté de faire reconnaître leur parole.

« Entendre aujourd’hui des paroles blessantes prononcées par la Première dame, censée œuvrer pour la cause des femmes, me fait me sentir abandonnée et amplifie un traumatisme avec lequel je dois vivre chaque jour. »

Ces déclarations s’inscrivent pleinement dans ce que les sciences sociales et le droit qualifient de victimisation secondaire. Ce concept désigne l’ensemble des violences symboliques, institutionnelles ou discursives subies par les victimes après les faits eux-mêmes, lorsqu’elles cherchent à faire reconnaître leur expérience.

Minimisation, disqualification de la parole, soupçon, moquerie ou attaques contre celles et ceux qui les soutiennent : autant de mécanismes qui prolongent le traumatisme initial. Lorsque des figures de pouvoir participent à cette dévalorisation, elles contribuent à renforcer un climat où les victimes sont incitées au silence, persuadées que leur parole sera retournée contre elles. Loin d’être anodines, ces prises de position rejouent la violence en la légitimant socialement, et rappellent que l’impunité ne repose pas seulement sur des décisions judiciaires, mais aussi sur un ordre symbolique qui protège les dominants et isole celles qui osent parler.

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Ce que révèle l’affaire Abittan : la justice pénale n’est pas un thermomètre de l’égalité

Le traitement judiciaire et médiatique de l’affaire Abittan met en lumière un autre mythe profondément ancré : l’idée selon laquelle un non-lieu constituerait une preuve d’innocence. Juridiquement, c’est faux. Un non-lieu signifie uniquement que les éléments réunis dans le cadre de la procédure ont jugés insuffisants pour renvoyer l’accusé devant un tribunal. Il ne tranche ni la réalité des faits vécus, ni la véracité du récit de la plaignante.

En matière de violences sexuelles, cette situation est loin d’être marginale. Les travaux de recherche, les rapports publics et les statistiques judiciaires convergent : la majorité écrasante des plaintes n’aboutissent pas, en raison notamment de standards de preuves exigées dans des situations qui laissent rarement des traces matérielles immédiatement exploitables. En 2024, Maëlle Stricot, doctorante à l’École d’économie de Paris, sur la base des données administratives accessibles à la recherche, a publié une étude qui révèle que le taux de classement sans suite atteint 86 % dans les affaires de violences sexuelles, et 94 % pour les viols.

Dans le cas Abittan, des éléments pourtant lourds existent : rapports médicaux faisant état d’un stress post-traumatique « indiscutable », lésions vaginales et anales, des hématomes sur le corps, serviette de bain tachée de sang retrouvée au domicile de l’accusé… Ces éléments ont malgré tout été considérés comme juridiquement « insuffisants » pour que la plainte soit prise au sérieux.

Ce que cette affaire révèle de manière brutale, c’est le fossé entre l’expérience vécue par les victimes et les exigences d’un système judiciaire façonné autour d’un imaginaire patriarcal des violences sexuelles : un imaginaire qui attend des preuves linéaires, immédiates, incontestables, là où les violences se produisent souvent dans des contextes d’emprise, de sidération et de huis clos.

Le non-lieu ne dit rien de la réalité des violences subies. Il dit seulement que l’appareil judiciaire n’a pas, ou estime ne pas avoir, les moyens de juger. Cette incapacité n’est pas accidentelle : elle est structurelle, et elle constitue en elle-même un symptôme des inégalités de genre.

Cette banalisation ne concerne pas seulement les procédures judiciaires, mais aussi la mémoire médiatique. Des images remontées à la surface il y a peu montrent Ary Abittan en train d’agresser sexuellement Laury Thilleman sur un plateau de télévision, en direct, sous les applaudissements et les rires du public.

Les images existent, les faits sont publics, et pourtant cet épisode a été largement minimisé, relativisé, puis effacé du récit dominant autour de l’humoriste. L’ancienne miss France dit ne pas avoir osé s’exprimer à l’époque, « par peur, par honte. Parce que le consentement il y a 14 ans, on n’en parlait pas. »

« à l’époque, j’avais honte, je me sentais humiliée, objectiSée, impuissante, alors pour faire bonne figure je tente d’en rire comme tout le monde autour de la table. Mais je ne consens pas ».

À ce jour, certaines violences, lorsqu’elles sont commises dans des cadres médiatiques, masculins et divertissants, sont perçues comme anecdotiques, excusables, voire invisibles. Elles participent pourtant du même continuum de violences que celui que la justice peine à reconnaître.

« Je ne souhaite à personne ce qui est arrivé. Alors, au nom de toutes celles et ceux qui n’ont pas pu faire entendre leurs voix, je souhaite faire entendre la mienne. »

Plaintes pour viol : la réalité judiciaire derrière les chiffres

Les chiffres disponibles permettent de mesurer l’ampleur du décalage entre la réalité des violences sexuelles et leur traitement pénal. En France, seuls 1 à 2 % des auteurs de viols déclarés sont condamnés aux assises.

Ces chiffres ne traduisent pas une rareté des violences, mais une profonde défaillance systémique. D’abord parce que seules 2 % des victimes de violences sexuelles hors cadre familial vont jusqu’à porter plainte, souvent par peur de ne pas être crues, d’être exposées médiatiquement, ou de subir une procédure longue et violente.

Ensuite parce que même lorsque la plainte est déposée, le parcours judiciaire est semé d’obstacles prépondérants : requalifications, classements sans suite, enquêtes lacunaires, confrontation à des stéréotypes sexistes sur le comportement des victimes. En 2020, seuls 0,6 % des viols ou tentatives de viols auraient donné lieu à une condamnation.

Dans les faits, un viol ou une tentative de viol a lieu toutes 2min30 en France. 37 % des femmes déclarent avoir subi au moins une fois une situation de non-consentement. Ces données montrent clairement que le viol n’est pas une exception marginale, mais une violence de masse, rendue invisible par un système judiciaire incapable d’y répondre à la hauteur, encore à ce jour soutenue par défaut par la sphère politico-médiatique.

Les violences sexistes : une tragédie structurelle

Plus globalement, au-delà de la seule question des violences sexuelles, l’ampleur des violences conjugales suffit à démontrer que les rapports sociaux de genre restent profondément inégalitaires. En France, plus de 220 000 femmes subissent chaque année des violences au sein du couple, et une femme est tuée tous les trois jours par son partenaire ou ex-partenaire. En 2024, le nombre de féminicides a augmenté de 11 % par rapport à l’année précédente. Cette année-là, 1 283 femmes ont été victimes de tentatives de féminicides au sein du couple.

Les féminicides s’inscrivent le plus souvent dans des contextes de séparation ou de tentative de séparation. Ils surviennent fréquemment au moment où une femme cherche à se soustraire à une relation marquée par l’emprise, le contrôle ou la violence.

Autrement dit, ils sont rarement des « crimes passionnels », mais des crimes de possession : des actes commis par des hommes qui ne supportent pas la perte de pouvoir sur une femme qu’ils considèrent comme leur appartenant. Quitter, refuser, s’émanciper devient alors un acte perçu comme insupportable.

Une société égalitaire ne produirait pas une telle violence spécifiquement dirigée contre les femmes, ni une telle récurrence de meurtres liés à la domination conjugale. Tant que le fait, pour une femme, de vouloir disposer librement de sa vie peut encore mener à la mort, parler d’égalité ne relève même plus de l’ignorance – car les données existent et sont à disposition de toutes et tous – mais de l’ignorance, du déni, de la mauvaise foi voire de la manipulation.

Les inégalités des femmes entre elles face à la justice

Il est essentiel de rappeler que l’accès à la justice pour les victimes de violences sexistes et sexuelles n’est pas neutre : il est structuré par des rapports de pouvoir qui pèsent différemment selon l’origine, le statut administratif ou la situation sociale. Comme le montre un récent rapport relayé par Mr Mondialisation, les femmes migrantes, racisées, transgenres ou travailleuses du sexe affrontent une double peine : non seulement elles sont surexposées aux violences, mais elles se heurtent à des refus de dépôt de plainte, des stéréotypes discriminants ou des risques d’expulsion lorsqu’elles s’adressent à la police et à la gendarmerie. Ces obstacles institutionnels, fondés sur des préjugés racistes, sexistes ou transphobes, dissuadent de nombreuses femmes de faire valoir leurs droits et témoignent d’un traitement profondément inégal de leurs situations.

Là encore, ces barrières ne sont pas anecdotiques ; elles poussent parfois des femmes à renoncer à déposer plainte par crainte d’être exposées à des représailles ou à des discriminations supplémentaires. Penser les violences sans prendre en compte ces rapports de domination croisés — racisme, sexisme, statut administratif — revient à invisibiliser celles qui en paient le prix le plus lourd et à perpétuer un système qui protège davantage les institutions que les victimes qu’elles sont censées servir.

Le pouvoir reste un monopole masculin, blanc, bourgeois

Les violences faites aux femmes ne sont pas des phénomènes isolés : elles s’inscrivent dans un système plus large de domination, dont le contrôle des positions de pouvoir constitue un pilier central. Car l’inégalité ne se manifeste pas seulement par la violence physique, mais aussi par l’exclusion persistante des femmes des lieux où se prennent les décisions économiques, politiques et symboliques.

Précisons avant tout qu’il ne s’agit ici en aucun cas de défendre le modèle économique dominant, aliénant et inégalitaire dans son fonctionnement, mais de souligner des disparités nettes d’accès au pouvoir décisionnel selon le genre. Dans le monde économique, seulement 25 % des dirigeants d’entreprises sont des femmes. Pour ce qui est du CAC40 (qui est une aberration en soi) ce taux baisse à 6,25 %. La situation n’est guère différente en politique : plus on monte en responsabilités, plus la représentation féminine recule, révélant un accès toujours conditionnel au pouvoir réel. D’après un rapport d’Oxfam datant d’avril 2025, les femmes occupent à ce jour moins d’un tiers des postes-clés du pouvoir en France.

Dans la recherche et l’enseignement supérieur, les femmes restent majoritaires aux échelons les plus précaires, mais largement minoritaires parmi les professeur·es (28%), directrices de laboratoires ou titulaires de chaires prestigieuses.

Ce déséquilibre n’est pas le fruit d’un manque de compétences ou d’ambition, mais celui de mécanismes structurels bien identifiés : cooptation masculine, normes de carrière construites sur des parcours incompatibles avec les réalités sociales des femmes, sanctions implicites de la maternité, et persistance de stéréotypes sur l’autorité et la légitimité.

Cette concentration masculine du pouvoir se reflète directement dans la répartition des richesses. En France comme ailleurs, les hommes détiennent l’essentiel du patrimoine et des actifs financiers, tandis que les femmes disposent en moyenne de revenus et de patrimoines plus faibles, tout au long de leur vie. La richesse n’est pas répartie de manière neutre : elle cristallise, dans la durée, les inégalités de pouvoir.

Emploi : des inégalités salariales et professionnelles bien ancrées

La domination masculine ne se limite pas aux sommets du pouvoir : elle traverse l’ensemble du marché du travail. Même à poste, niveau de diplôme et temps de travail comparables, les femmes gagnent encore moins que les hommes. En France, en 2025, l’écart de salaire à poste équivalent reste de 4 %, tandis que l’écart toutes situations confondues est de 22 %.

Ces inégalités s’expliquent notamment par une segmentation sexuée du travail : les femmes sont massivement sur-représentées dans les emplois précaires, les temps partiels imposés et les métiers les moins rémunérés, y compris lorsqu’ils sont socialement indispensables. Cette répartition n’est pas le résultat de choix individuels libres, mais d’un système qui oriente, contraint et hiérarchise les trajectoires professionnelles selon le genre.

Les discriminations à l’embauche et au cours des carrières sont, elles aussi, largement documentées et se sont même aggravées ces dernières années. Les tests de discrimination montrent que les CV perçus comme féminins reçoivent moins de réponses positives, en particulier pour les postes à responsabilité. La maternité continue de fonctionner comme un facteur de sanction, qu’elle soit réelle ou anticipée : ralentissement de carrière, mise à l’écart des promotions, précarisation.

Santé : une inégalité structurelle dans la prise en charge des corps et des esprits

Les inégalités professionnelles et économiques se doublent d’un autre angle mort majeur : la santé des femmes. Là encore, les faits contredisent l’idée d’une égalité acquise. Les biais médicaux sont massifs, documentés de longue date, et produisent des conséquences concrètes sur la qualité des soins, les diagnostics et les parcours thérapeutiques.

Les douleurs exprimées par les femmes sont moins prises au sérieux, plus souvent psychologisées ou minimisées, ce qui entraîne des retards de diagnostic parfois considérables. D’autre part, pendant des décennies, les essais cliniques ont majoritairement exclu les femmes qui restent encore à ce jour massivement sous-représentées.

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Les effets sont durables : diagnostics moins fiables, traitements moins adaptés, posologies inappropriées. Cette invisibilisation se retrouve dans la recherche. Les maladies touchant majoritairement les femmes – comme l’endométriose ou de nombreuses maladies auto-immunes – restent chroniquement sous-financées, malgré leur prévalence et leur impact sur la qualité de vie.

La recherche en santé mentale a, elle aussi, longtemps exclu ou marginalisé les femmes, ce qui contribue à des retards de diagnostic nombreux, à des prises en charge inadaptées et à une sous-estimation des troubles liés aux violences, au stress chronique ou aux inégalités sociales.

En l’état, le système de santé continue de traiter les corps et les souffrances des femmes comme secondaires, périphériques ou excessives.

Travail domestique et charge mentale : l’inégalité invisible qui soutient toutes les autres

Même lorsque les deux membres d’un couple travaillent à temps plein, les femmes assument en moyenne près de 70 % des tâches domestiques et de l’organisation familiale. Ce déséquilibre ne relève pas de préférences individuelles, mais d’une économie domestique profondément genrée, sur laquelle repose en grande partie le fonctionnement social et économique car il s’agit d’un travail gratuit bénéfique à la société dans son ensemble. Selon l’ONU, ce travail non rémunéré des femmes représente jusqu’à 40 % du PIB de certains pays.

Cette charge invisible a des effets concrets et cumulatifs : elle restreint les opportunités professionnelles, limite les revenus et freine l’accès aux responsabilités, tout en produisant une fatigue chronique largement ignorée. La charge mentale – planification, anticipation, coordination permanente – est rarement reconnue comme du travail, alors même qu’elle conditionne la possibilité pour les autres membres du foyer de se consacrer pleinement à leur carrière.

Le mythe de l’égalité face à la réalité de la domination

À ce jour l’égalité femmes-hommes, loin d’être un horizon atteint, n’est en réalité qu’un récit commode, entretenu pour éviter de remettre en cause l’ordre social existant. Les violences, les écarts de pouvoir, les discriminations économiques, les inégalités de santé et la charge domestique dessinent une réalité cohérente : celle d’un système qui continue de produire et de légitimer la domination masculine.

Selon Victoria Berni-André, journaliste et chercheuse indépendante, les violences patriarcales (médicales, domestiques, économiques, conjugales) s’inscrivent pleinement dans le continuum du féminicide. Elles produisent des atteintes corporelles et psychiques durables, qui réduisent l’autonomie, entravent la capacité d’agir et participent à un processus d’effacement progressif des femmes. De fait, elles devraient être reconnues et traitées avec la même gravité que les violences physiques directes.

Le féminisme ne survit pas parce qu’il serait excessif ou archaïque, mais parce que les inégalités qu’il combat sont toujours là, mesurables, quotidiennes. Tant que disposer librement de son corps, de son temps, de son travail et de sa vie restera un privilège genré, le féminisme ne sera pas une option idéologique ni un luxe militant. Tant que l’ordre social continuera de tuer, d’épuiser et de réduire au silence, cette lutte restera non seulement une nécessité politique, mais aussi et surtout, une question de survie.

Elena Meilune


Photographie d’en-tête : Brigitte et Emmanuel Macron en 2018. Wikimedia.

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