Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS) publiée en septembre met en lumière la grande précarité dans laquelle vivent un très grand nombre de seniors sans salaire ni retraite. Et la situation est plus alarmante que jamais.
Les difficultés des personnes âgées de plus de 50 ans sur le marché du travail ont été soulignées à plusieurs reprises, ce qui se traduit par un taux de chômage élevé dans cette catégorie de la population. En fin de carrière, de nombreuses personnes se trouvent donc dans une situation où elles ne perçoivent ni salaire ni retraite et dépendent ainsi uniquement des minimas sociaux, des allocations chômage ou des pensions d’invalidité. Une étude de la DRESS, basée sur des chiffres disponibles de 2015, met en lumière cette catégorie de personnes.
Chez les seniors sans emploi ni retraite, la pauvreté guette
En France, parmi les personnes âgées de 53 à 69 ans, elles seraient 1,4 million sans emploi ni retraite, soit 11 % des personnes de cette tranche d’âge. L’étude du service statistique du ministère de la Santé insiste sur le fait que sont principalement concernées des femmes (2 sur 3) et que cette situation est souvent associée à de plus grands problèmes de santé. En effet, parmi les personnes concernées par l’étude, 29% se déclarent en mauvais ou très mauvais état de santé et 30% ont une reconnaissance administrative de handicap. 11% de l’ensemble des seniors sont dans les deux cas de figure. Les personnes concernées par cette précarité sont également généralement moins diplômées : la moitié ne dispose pas de diplôme ou seulement un certificat d’études primaires alors que ce chiffre baisse à 27% parmi les seniors qui travaillent.
Parmi ces 1,4 million de personnes, les situations individuelles sont fort disparates. Leur niveau de vie médian s’élève à 1 270 euros par mois en 2015 ; il est inférieur à celui des seniors en emploi (2 090 euros mensuels) ou des retraités (1 860 euros mensuels). Néanmoins, « le constat sur la pauvreté doit […] être nuancé, celui-ci étant lié au statut d’activité de l’éventuel conjoint », note l’étude, qui nous apprend qu’un tiers des personnes du panel étudié vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1015 euros par mois, contre seulement 7 % parmi les autres seniors. Dans ce contexte, les aides jouent un rôle fondamental, puisque sans elles, « 45,6 % de ces seniors seraient pauvres, contre 32,1 % après redistribution». En d’autres termes, sans les transferts sociaux, presque un senior sans emploi ni retraite sur deux vivrait dans une grande pauvreté.
Le troisième âge touché de plein fouet par la précarité
L’étude de la DRESS expose sous un nouvel angle certaines des difficultés et leurs conséquences qui touchent les personnes âgées, ici en l’occurrence les seniors entre 53 et 69 ans. Elles s’ajoutent à d’autres formes de précarité qui touchent indifféremment les personnes âgées, retraitées ou non, notamment énergétique, celles liées à la solitude, ou encore provoquées par la baisse de la qualité des services d’aide à domicile. Pourtant, les dernières reformes politiques concernant cette catégorie de la population a laissé comme un goût amer : après la hausse de la CSG pour les retraités en 2017, les pensions pourraient être revues à la baisse. Et on peine à imaginer comment le « ruissellement économique » pourrait leur bénéficier alors que ces personnes ont déjà consacré l’essentiel de leur vie active au monde productif. Ces chiffres déjà dramatiques de la pauvreté touchant nos ainés risquent donc d’augmenter encore à l’avenir.
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