Convaincue par la nécessité que les citoyens se réapproprient l’espace public, l’association Un mur dans le réel veut attirer l’attention sur le potentiel des panneaux d’expression libre des villes pour encourager le débat public. L’association informe sur ce droit d’expression, rend visibles les panneaux existants et affiche les messages qu’elle reçoit.
« Les contribuables aimeraient bien contribuer », « Souriez, vous n’êtes pas filmés », « L’Aquarius avait sauvé plus de 30.000 vies » : voici quelques uns des messages que l’on peut lire depuis quelques semaines sur les panneaux d’expression libre de la ville de Toulouse. Au nombre de 1700 au total, ces mots, tantôt politiques, tantôt philosophiques, ont été récoltés et affichés par l’association Un mur dans le réel. Depuis bientôt trois ans, les bénévoles de la structure militent pour que les citoyens et les citoyennes s’expriment dans la rue, sur les panneaux d’opinion qui leur sont réservés.
Un moyen d’expression peu exploité
Julien, qui a fondé l’association il y a trois ans, regrette que peu de personnes soient informées des possibilités offertes pour ces panneaux, sur lesquels ont peut afficher sans autorisation préalable. Ces affichages sont pourtant prévus par la loi et nous passons devant ces panneaux ou colonnes tous les jours au coin des rues, mais sans vraiment y prêter attention. Selon l’article L581-13 du code de l’environnement, il appartient en effet aux maires de prévoir des « emplacements destinés à l’affichage d’opinion ainsi qu’à la publicité relative aux activités des associations sans but lucratif », disposés de manière à ce que chaque habitant de l’agglomération se situe à moins d’un kilomètre de l’un d’entre eux.
Si ces panneaux servent parfois à faire la promotion d’activités culturelles ou de fêtes de quartier, ils sont également exploités par les partis politiques ainsi que pour des publicités, et des manifestations commerciales, ce qui est en principe interdit. « Ces espaces de gratuité sont souvent utilisés à tort pour des publicités commerciales, qui prennent la place de l’expression citoyenne », déplore Julien, qui estime que les associations sont elles aussi rarement informées de la mise à disposition de cet outil.
« C’est un acte politique avant tout »
Les bénévoles d’Un mur dans le réel entendent lutter contre ces détournements en proposant un « service d’affichage citoyen ». « On réceptionne les messages des individus et des associations, sans les sélectionner, puis on les imprime et on le colle, avant de relayer les photos sur notre page internet », détaille Julien. D’après lui, ces messages sont l’occasion d’interpeller et de discuter. Il y voit une opportunité pour « organiser des réunions, des espaces de réflexion citoyens et des ateliers pour se demander ce qu’il est possible d’écrire dans l’espace public ».
Le collectif toulousain regroupe d’ores et déjà 46 associations et une centaine de citoyens et de citoyennes adhérents. Après la campagne d’affichage de ces dernières semaines, les bénévoles aimeraient que la démarche prenne de l’ampleur. « C’est avant tout un acte politique » poursuit Julien qui estime que l’usage des panneaux de libre expression peut permettre de « concentrer la discussion sur la politique locale, communiquer entre voisins à propos des décisions de la municipalité ». L’association, qui espère que le mouvement pourra s’étendre à d’autres villes, étudie actuellement la possibilité d’intenter une action en justice contre les sociétés qui utilisent ces panneaux pour des affichages commerciaux.
Pour en savoir plus et découvrir les collages ainsi que les activités d’Un mur dans le réel, rendez-vous sur la page Facebook de l’association.
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