Une censure inédite risquait de toucher la France. Ceci en raison d’un amendement au « projet de loi Macron » qui proposait d’instaurer une règle d’exception à la liberté d’informer qui risquait de frapper journalistes et lanceurs d’alerte. Le concept flou du « secret des affaires » a finalement été abandonné après la grogne de la presse française.
En ce début de 2015, le monde journalistique français s’est insurgé, avec raison, contre ce qui pourrait être un viol jamais vu de la liberté d’informer. Il y aurait un loup dans la loi Macron. Le projet de loi qui sera bientôt discuté à l’Assemblée nationale française devait contenir un amendement qui viendrait entraver dangereusement le travail d’enquête des journalistes. En résumé, il était prévu d’interdire de dévoiler les « secrets » des affaires dans le domaine du commerce. Une limite évidemment en faveur de la liberté du capital d’exercer tout pouvoir sans que des citoyens ou des professionnels trop curieux ne puissent venir enquêter.
L’alibi de cette nouvelle loi était la lutte contre l’espionnage industriel. Dévoiler des secrets d’affaires serait dès lors assorti de lourdes peines de prison et d’amendes au motif de protéger des informations qui seraient essentielles à la bonne marche d’une entreprise. Le souci, c’est que la définition du « secret des affaires » était assez vague : « une information non publique, qui fait l’objet de mesures de protection raisonnables » et ayant « une valeur économique ». Quid des informations qui ont un intérêt économique certain mais qui mettent la santé des citoyens en danger ?
Rapidement, une grande mobilisation s’est formée autour des principaux organes de presse, regroupant syndicats de journalistes et ONG. Un front commun en quelques heures pour s’opposer à cet amendement de la loi Macron qui mettait il y a quelques heures encore la liberté d’informer en péril ?
Médiapart a immédiatement lancé une pétition d’envergure pour faire dérailler ce projet qui aurait muselé la liberté et la recherche de la vérité. Le journal indépendant affirme « Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. Et comme disait George Orwell : « Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques ». C’est pourquoi nous demandons le retrait pur et simple de ce texte. » Plus de 13 000 personnes ont déjà répondu à l’appel.
Suite à ces mouvements rapides de protestation, le ministre de l’économie, Emmanuel Macron (à l’origine de ladite loi) n’a pas manqué de réagir pour calmer les foules. Ainsi, 4 nouveaux amendements ont été proposés à la va-vite pour calmer les opposants. Mais ce revirement de dernière minute n’a pas calmé les craintes des experts de l’information. Ce 30 janvier, devant le tollé provoqué par cet amendement glissé en douce, François Hollande en personne a demandé à Emmanuel Macron de faire retirer ces mesures controversées de son projet de loi. L’amendement sur le « secret des affaires » n’aura donc pas tenu une semaine face à la mobilisation générale. L’amendement controversé ne sera même pas examiné par les députés. Victoire donc pour la liberté de l’information, pour le moins fondamentale pour le pays. Restons vigilants pour la suite.
Source : lemonde.fr / blogs.mediapart.fr