Ce mardi 26 janvier 2021, une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale fait écho à la toute récente fermeture du delphinarium du Parc Astérix. Ce qui, à première vue, semble être une avancée de la cause animale n’en est pas vraiment une… Au mieux peut-on parler de demi-victoire. Pour cause, les dauphins, ces animaux profondément sociaux, vont être séparés et déplacés dans d’autres parcs. Audrey Fredon nous décrypte les revers de ce projet de loi dénoncés par l’association « C’est Assez ! ».

Une proposition de loi contre la maltraitance animale

Concernant tant les animaux domestiques que les animaux sauvages, cette loi a pour but de légiférer sur les espèces détenues au sein des cirques, mais également sur les cétacés que l’on peut retrouver dans les zoo et delphinariums. Quelles avancées propose-t-elle, et pourquoi le transfert des animaux du Parc Astérix n’est pas forcément une bonne nouvelle ?

Parc Astérix. Source : flickr

Christine Grandjean, présidente de l’association « C’est Assez ! » (1), a été consultée dans le cadre de cette proposition de loi : « Il est primordial que la génération actuelle de cétacés détenus en captivité soit la dernière ». Briser le cercle vicieux : c’est le mot d’ordre des associations de défense contre les animaux. C’est Assez ! a travaillé en concertation sur trois solutions présentes dans le projet de loi débattu dès ce mardi à l’Assemblée :

– L’interdiction de l’ouverture de nouveaux delphinariums;
– L’interdiction d’importation de nouveaux cétacés au sein des delphinariums existants;
– L’interdiction de la reproduction de cétacés détenus en captivité.

Christine Grandjean s’inquiète toutefois de la présence d’un amendement visant à permettre, de manière dérogatoire, aux zoos la reproduction de leurs cétacés détenus en captivité : « ce système de reproduction est dangereux pour les animaux, il conduit des problèmes de santé chez les cétacés ». Femke, dauphine du Parc Astérix, a été séparée de son petit, envoyé dans un autre delphinarium. Elle a eu un second petit, mort-né. À la suite de ces événements traumatiques, elle a développé le syndrome de cushing, un trouble mental la rendant apathique.

Madame la Ministre de la Transition Écologique a déjà affirmé sa position contre cet amendement dérogatoire. Christine Grandjean nous exprime ses attentes : « nous espérons que Madame la Ministre et ses conseillers tiendront leurs positions ».

Les dauphins et otaries du delphinarium du Parc Astérix dispersés dans d’autres delphinariums

Nicolas Kremer, directeur du Parc Astérix, a annoncé la fermeture de son delphinarium, qui était déjà en projet depuis trois ans. Ces sept dernières années, chaque mois, l’association C’est Assez ! a manifesté pacifiquement devant les grilles du parc pour atteindre cet objectif. Toutefois, c’est une victoire en demi-teinte pour les associations, qui craignent pour la santé des animaux, et supposent que la décision a été prise pour des raisons économiques, bien plus que pour des sujets de bien-être animal.

Parc Astérix. Source : flickr

Il y a quatre mois le directeur du parc a contacté C’est Assez ! pour trouver une solution viable à la fermeture du delphinarium. L’objectif commun des deux structures était de trouver un nouveau lieu de vie pour les dauphins et otaries après cette décision. « Nous avons entamé des démarches afin de permettre à tous les cétacés d’être transférés dans le même sanctuaire » nous raconte Christine Grandjean « c’était même une volonté du directeur de ne pas séparer les animaux ». Malgré la création d’un dossier et son envoi à deux sanctuaires (l’un en Italie, l’autre en Grèce) pour préparer le voyage des cétacés, Nicolas Kremer a pris la décision de transférer les animaux dans d’autres delphinariums, séparant les individus en plusieurs groupes.

« Je ne comprends pas que certains crient victoire après cette décision. Les animaux vont être séparés, envoyés dans d’autres delphinariums et ne vont pas pouvoir terminer leur vie dans de bonnes conditions » s’émeut Christine Grandjean. Ce changement est d’autant plus surprenant pour la présidente de l’association que Nicolas Kremer avait précédemment déclaré souhaiter que l’intégrité du groupe soit respectée.

Pourquoi maintenant ?

Voilà maintenant trois ans que la fermeture du delphinarium est discutée, et sept ans qu’elle est réclamée par les associations. À la veille d’un débat à l’Assemblée sur le bien-être animal, cette décision interpelle, et on ne peut s’empêcher de regarder si elle n’a pas tout simplement des raisons économiques.

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La Covid-19 a coûté cher au Parc Astérix, rendant difficile l’entretien du delphinarium et les coûts liés à la nourriture et aux soins de ses pensionnaires. Dans le même temps, le référendum pour les animaux a attiré l’attention de l’opinion publique sur la situation des cétacés et otaries au sein du parc, ce qui a eu des répercussions sur sa réputation, avec plusieurs appels au boycott sur les réseaux sociaux.

Parc Astérix. Source : flickr

En permettant d’économiser les frais inhérents à l’entretien d’un delphinarium, tout en annonçant une mesure en apparence favorable à la protection des animaux (comme vu plus haut, ce n’est pas le cas), le Parc Astérix fait une excellente opération, à la fois sur le plan financier et communicationnel, alors même que l’Assemblée se prépare à débattre une loi visant à réglementer et limiter les activités de ces structures. Toutefois, en y regardant de plus près, on se rend compte que les animaux ne partent pas à la retraite, mais seront envoyés dans d’autres delphinariums pour y servir d’attraction. Animaux intelligents aux comportements sociaux complexes, les séparations engendrent un stress à long terme important sans parler du choc d’un déplacement longue distance. Femke, dauphine de 40 ans, pourrait bien ne pas survivre au transfert et au stress généré par la découverte d’un nouvel « environnement ».

Une pétition adressée à M. Kremer et Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition Écologique, a été mise en ligne pour alerter sur l’urgence de la situation des mammifères marins du Parc Astérix, qui doivent être transférés en avril si rien n’est fait. Ce lundi soir, date de la mise en ligne, elle réunissait déjà 42 000 signatures.

Audrey Fredon

Photo d’en-tête : dauphins au Parc Astérix (Creative Commons)


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