Il n’est pas toujours aisé, pour notre génération, de s’imaginer l’importance de l’emprise du patriarcat dans la vie quotidienne il y a à peine 100 ans. Certains esprits réactionnaires ont même tendance à penser que la Femme aurait acquis trop de droits, malgré l’omniprésence du « plafond de verre » et d’une série d’inégalités persistantes. Il est bon de rappeler que des droits fondamentaux vont se gagner à force de luttes au foyer, dans la rue et même à l’usine.
Voici une poignée d’images de propagande qu’on pouvait voir dans les journaux entre 1880 et 1900 contre les Suffragettes, ces femmes qui réclamaient le droit de vote et plus largement de simples droits.
Un argument avancé était : la peur. Rien de bien original. Pour protéger la femme, il fallait lui interdire d’avoir une quelconque pensée politique. Une image du mouvement démocrate chrétien.
Même les chats allaient souffrir du vote des femmes ! pauvre bête…
La propagande illustrait souvent l’avenir d’un monde gouverné par les femmes. Ridiculisées, elles sont décrites comme incapables de se concentrer, superficielles et belliqueuses.
La pire crainte des hommes à l’époque était de devoir assumer de nouvelles tâches ménagères, chose inconcevable pour les plus conservateurs.
Forcément, bébé n’est pas content d’avoir une maman qui veut voter.
La plus subtile propagande fut de faire croire que les femmes voulaient porter la culotte et donc prendre la place des hommes. La recherche de l’égalité des droits est plus subtile donc moins facile à comprendre. L’idée continue pourtant à faire son chemin.
Bien souvent, la suffragette est représentée comme stricte, laide, arrogante et râleuse.
Ce qui est incroyablement contradictoire et en dit long sur la mentalité de certains hommes à l’époque, ce sont ces images qui montrent une inversion des rôles ou ce dernier prend la place de la femme. La position de l’homme (en femme) est vu comme dégradant, à très juste titre. Derrière la caricature axée sur la peur d’un retournement de situation, c’est le comportement réel de l’homme qui apparait au grand jour.
Ici encore, la femme ayant hypothétiquement volé la place de leurs maris, on les voit à ne rien faire d’autre que de fumer et jouer aux cartes. Ce n’est pas la liberté qui était crainte le plus, mais la perte des privilèges.
Sans mari, la femme n’existait pas réellement. Dés lors, il était facile de caricaturer la suffragette comme étant cette femme coquette et libertine dont personne ne voudrait jamais dans la vie. Elle finirait vieille et laide. Par conséquent, elle voudrait se venger par le droit de vote…
Certaines images appelaient explicitement à la violence contre ces femmes qui voulaient la liberté. Sans commentaire.
L’homme fut également placé en position de victime face à des femmes violentes qui défiaient l’autorité (la police).
Contrairement à ce que prétendait la propagande de l’époque pour effrayer les esprits conservateurs, les femmes n’exigeaient pas de devenir des hommes, mais bien la liberté du choix et l’égalité des droits. Soumises au pouvoir des hommes dans toutes les sphères de la société durant des centaines d’années (patrons, rois, commerçants, artisans, époux,…), le rééquilibrage du rapport de forces est forcément long et se cherche toujours aujourd’hui.
Source : Messy Nessy Chic