Podemos, le parti antilibéral issu du mouvement des Indignés, a réussi sa démonstration de force : entre 100 000 (selon la police) et 300 000 personnes (selon les organisateurs) ont marché samedi à Madrid au cri de « Oui, c’est possible ! ». Possible de quoi ? De renouveler la politique en Espagne, gangrenée par la corruption et les scandales financiers, tourner le dos à l’austérité et instaurer des bases sociales et écologiques nécessaires à une transition démocratique demandée par de plus en plus d’Espagnols, lassés du bipartisme et des coupes budgétaires. Pablo Iglesias, le leader du mouvement, compte bien profiter de la victoire de Syriza en Grèce pour mobiliser le peuple espagnol.
Une grande marche pour le changement
« Le vent du changement a commencé à souffler sur l’Europe » a déclaré Pablo Iglesias, le leader du parti, devant une foule réunie place de la Puerta del Sol dans le centre de Madrid, où l’on pouvait voir des drapeaux républicains de la gauche espagnole, mais aussi des drapeaux grecs. La manifestation a également réuni des membres du Front de Gauche français, allié de Podemos, dont M. Mélenchon qui siège au Parlement européen au côté de M. Iglesias.
Tout comme Syriza, Podemos signifie « Nous pouvons » et dénonce la finance qui a gangréné la vie politique espagnole – en plus de provoquer la crise qui a durement touché l’Espagne – ainsi que la corruption, endémique dans les deux principaux partis du pays. Le Parti Populaire de Mariano Rajoy actuellement au pouvoir, libéral conservateur, a été éclaboussé par plusieurs scandales financiers ces dernières années, alors que dans le même temps il a exigé une grande rigueur budgétaire à la population et a multiplié les lois liberticides et les régressions sociales.
Pablo Iglesis, chef de file du parti Podemos / Crédit : Stéphane Burlot / Source : http://www.photosdufront.fr
Un mouvement issu des Indignés
Créé il y a seulement un an, Podemos est la formation politique issue du « mouvement des indignés » né à Madrid le 15 mai 2011 pour protester contre l’austérité et la corruption. Cette grande manifestation a lieu en préparation des prochaines échéances électorales espagnoles : élections municipales et régionales en Mai puis élections législatives en Novembre, deux scrutins pour lesquels Podemos présentera des candidats. En mai 2014, le désormais « parti » de Pablo Iglesias avait créé la surprise en obtenant 1,2 million de voix et cinq députés aux élections européennes.
Fort du succès de ses alliés de Syriza, Podemos entend bien marquer le coup lors des prochaines élections afin de permettre aux forces progressistes et anti-austérité européennes d’être entendues et reconnues. Afin de montrer aussi que « Oui », il y a une alternative. « Le problème, c’est un modèle de pays qui a fait travailler l’État contre la société », et la « minorité [qui] engraissait ses comptes bancaires pendant que la majorité voyait les siens fondre. Ça c’est la corruption. », a lancé Pablo Iglesias à la foule.
Dans une Espagne secouée par la crise et les scandales financiers impliquant les partis traditionnels mais aussi les banques, certains syndicats et même la famille royale, Podemos arrivera-t-il à redonner espoir et confiance au peuple espagnol ?
Sources : politis.fr / Lexpress / RSF / Nouvelobs