One Voice vient de déposer une plainte en justice pour incitation à commettre une destruction d’espèce protégée face à l’appel au massacre au loup de la part de la CR87. « On réglera le problème par nous-même », s’expriment ainsi Florian Tournade et Pierrick Gouteron, de la coordination rurale ; appelant ainsi à l’élimination délibérée, non contrôlée et illégale, par des hommes non-habilités, d’une espèce protégée : le loup.

« La solution pour le loup, il n’y en a qu’une : c’est le poison, et le plomb. Nous on invite les agriculteurs à prendre leurs fusils de chasse et quand ils voient un loup, à le tuer, le faire disparaître, sans rien dire. »

« La solution pour le loup, il n’y en a qu’une : c’est le poison, et le plomb. » Voici les mots de Florian Tournade, président du syndicat Coordination Rurale (Creuse) exposant fièrement une balle de fusil en plein journal télévisé. Un appel à une tuerie illégale diffusée sur France 3 en toute tranquillité ! Puisque, visiblement, les grands médias « d’information » omettent de le préciser au téléspectateur, rappelons plusieurs éléments factuels :

  • Le loup est une espèce protégée, dont le braconnage est passible d’une peine de trois ans de prison et de 150 000 euros d’amende.
  • Est considéré comme braconnage tout acte de chasse sur une espèce protégée, en territoire protégé ou non autorisé à la chasse (parcs, réserves…), ou hors période réglementaire. L’acte de braconnage est strictement interdit par la loi.
  • Comme monsieur Tournade le suggère « on a le poison et le plomb » : encourt une amende de 1500 euros selon les « arrêtés relatifs à l’usage de drogues, appâts ou substances toxiques de nature à détruire ou à faciliter la destruction des animaux nuisibles et du gibier » (source : chasserenbretagne.fr).
  • Rappelons que « chasser sans être titulaire d’un permis de chasser valable prévu à l’article L. 423-1 C. env » est également passible d’une amende de 1500 euros.
  • Les tirs d' »effarouchement » n’ont été autorisés selon l’arrêté de la préfecture de la Creuse qu’à être pratiqués exclusivement par cinq lieutenant de louveterie.
  • Dernier rappel mais pas des moindres, selon la loi, inciter à commettre un délit (tel que le braconnage) « est passible de sept ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. »

Visiblement, la coordination rurale de Haute-Vienne est prête à rembourser « le plomb et la chaux » mais surtout, les peines citées plus haut. L’appel à massacrer le loup semble officiellement lancé, le tout à la télévision sans aucun garde-fou, ce qui relève pourtant de la responsabilité de ceux qui diffusent cet appel public illégal.

Nous ne pouvons qu’espérer ne pas apprendre, par la suite, quelques blessures (ou pire) causées ainsi par arme à feu dans des « accidents » impliquant des promeneurs, chiens ou cyclistes confondus avec des loups par des braconniers amateurs ayant répondu à l’appel. Face au lobby de l’agriculture et de la chasse qui entend imposer sa propre loi, l’État se défend à voix haute, mais valide discrètement le massacre des loups.

« L’État autorise déjà le massacre annuel de plus de 100 loups. Pour certains, ça ne suffit pas. » s’exprime ainsi l’association de défense du droit animal One Voice sur les réseaux sociaux. « Nous allons déposer plainte pour incitation à commettre une destruction d’espèce protégée. »

Un loup en pelage d’hiver, de robe grise/rousse. Photo : Pixabay

« Le crime organisé CONTRE UNE espèce protégée, ça se passe bien ?! »

Et comme le président de la Fédération Nationale de chasse l’a clairement exprimé en direct sur RMC il y a peu, “on n’en a rien à foutre de réguler”, niant de fait le principal (et seul ?) argument en faveur des chasseurs, auto-déclarés premiers écologistes de France. Alors quel est le but, si ce n’est défendre une industrie tout aussi mortifère (l’élevage notamment) et assouvir ses pulsions de sang ?

Une espèce en (seconde) voie d’extermination par l’Homme

Nous en parlions lors de la sortie du nouveau rapport du Groupe PP Alpes. Le sort du loup est alarmant en Europe, et tout particulièrement en France où sa destruction systémique dans l’indifférence devrait nous faire rougir de honte. Comme en matière d’écologie générale, le pays reste profondément réactionnaire, se soumet aux intérêts économiques et fait le choix de la violence envers le monde animal.

D’après les observations des naturalistes ayant suivi plusieurs meutes dans les Alpes et Préalpes françaises, si rien n’est fait, le taux annuel de mortalité toutes causes confondues de ce grand prédateur sera bientôt supérieur à 50%. En l’absence de mesures majeures pour sauver l’espèce, la population des loups de France s’effondrera une nouvelle fois dans les prochaines années. Difficile de s’en réjouir.

Photo par Uwe Walz/Picture Press/ddp images/ABACAPRESS.COM

« Un loup sur son territoire est un loup de trop.« 

Cet énième scandale politique et cet appel éhonté sur les grands médias à la destruction illégale d’une espèce protégée est le témoin d’une société qui n’a pas compris qu’elle avait déjà atteint le mur. En témoigne le communiqué de presse de la coordination rurale 87 dont les propos semblent provenir d’outre-tombe tant il est déconnecté des grandes causes actuelles :

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« Pour la Coordination Rurale de Haute-Vienne, un loup sur son territoire est un loup de trop. Nous n’attendrons pas les conclusions toujours trop tardives des agents de l’OFB pour régler le problème. » Entendez : massacrer les loups et intimider au passage les citoyens qui tentent de les protéger.

Ces paroles menaçantes sont lourdes de sens. De quel territoire parle-t-on ? Des limites arbitraires et invisibles, sans sens aucun d’un point de vue biologique, des frontières d’une région, de l’étalement urbain toujours plus important là où il y avait hier un écosystème à part entière ? Ou bien de cet espace agricole servant à l’élevage et dont le but, à la fin, est la surconsommation de produits animaliers (l’une des industries les plus polluantes et largement responsable du changement climatique), et dont les animaux qu’ils prétendent protéger du loup seront le plus souvent tués, sans même être toujours consommés compte tenu de notre propension à gaspiller, jeter, et produire toujours plus ?

Décidément, l’être humain semble bien prompt à décider seul de ce qui est autorisé à vivre ou mourir sur la Terre qu’il s’est accaparée sans se questionner sur sa propre place dans l’écosystème. C’est d’ailleurs cette incapacité à trouver notre équilibre et à tolérer l’existence des autres espèces qui nous mène aujourd’hui tout droit à l’effondrement et la perspective de notre propre extinction. Peut-on espérer un jour jouir d’un État à la conscience écologique plus développée que ses ambitions de croissance économique et l’envie de confort du consommateur lambda ? Difficile d’y croire aujourd’hui quand les médias commerciaux – majoritairement détenus par des milliardaires français – imposent une surmédiatisation des candidats libéraux et réactionnaires, tous en faveur de la chasse, enfermant l’électeur lambda dans une voie sans issue, avec l’illusion du choix. Deux faces plus ou moins radicales du même projet économique aussi primitif que violent : le pognon avant la vie.

Moro

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