Plusieurs rapports publiés à la rentrée font état de chiffres inquiétants concernant la pauvreté en France. Alors que le phénomène avait tendance à régresser, il progresse à nouveau ces dernières années. Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer son plan pauvreté ce 13 septembre, les associations craignent de nouveaux effets d’annonce aux dépends de mesures concrètes.
Il ne s’agit pas d’un inversement radical des courbes ni d’un changement brutal de paradigme. Mais alors que la France avait vu la pauvreté régresser jusqu’au début des années 1980, c’est la tendance inverse qui s’affirme désormais à travers les statistiques.
Des chiffres interpelants
Comme le montre le baromètre annuel publié ce mardi par le Secours populaire français, la pauvreté progresse en France. En France, 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 39 % de la population a déjà été confrontée à la problématique, soit deux points de plus que l’année passée. Concrètement ces chiffres se traduisent par une dégradation du niveau de vie. En France, une personnes sur cinq ne peut pas se nourrir trois fois par jour. La difficulté à se nourrir suffisamment et correctement n’est que l’une des facettes de cette précarité. Beaucoup de personnes renoncent aux soins médicaux en raison de la situation dans laquelle elles se trouvent. C’est sans compter les difficultés à se loger. En d’autres termes, subvenir aux besoins essentiels devient de plus en plus compliqué pour une partie de la population en dépit du fait que le pays n’ait jamais été aussi riche, avec cependant un PIB en léger recul depuis 2014.
En l’espace de 10 ans, le nombre de personnes pauvres a augmenté de 600 000 dans l’Hexagone. L’une des principales causes est l’augmentation du chômage, note l’Observatoire des inégalités. Comme le rappel l’association, la problématique ne concerne pas seulement les personnes sans emploi. Dans une note publiée ce 4 septembre, l’Observatoire des inégalités s’inquiète en effet également de la situation des travailleurs pauvres. Ces personnes, qui vivent avec moins de 850 euros par mois, seraient un million en France. Bien qu’elles aient un emploi, elles vivent sous le seuil de pauvreté.
Comment expliquer leur situation ? D’une part, certaines personnes, qui travaillent à temps partiel, ne touchent que des revenus très modestes. D’autres part, certaines ne sont employées que sur des périodes de courte durée via des CDD ou des contrats en intérim. Elles alternent les périodes d’emploi et de chômage sans sortir du cercle vicieux. La problématique de précarisation du travail concerne également certains indépendants dont les revenus mensuels sont très inférieurs au SMIC.
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Les yeux se tournent vers les pouvoirs publics
Ce 13 septembre, Emmanuel Macron a annoncé personnellement le nouveau plan pauvreté qui s’intéresse tout particulièrement à la jeunesse. Pour lui, l’enjeu est politique, alors que depuis le début de son quinquennat, il a multiplié les mesures qui défavorisent les plus démunis, comme la diminution de l’indemnisation chômage, la baisse de 5 euros des APL ou encore la hausse de la CSG pour les retraités. Saura-t-il se défaire de l’image de « Président des riches » ? Rien n’est moins sûre. Sociologues et associations ont réagi avec beaucoup de prudence à son discours. « La stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté exclut les personnes âgées » et « cette stratégie ne comporte aucune mesure de lutte contre l’isolement alors que la pauvreté et la perte d’autonomie renforcent l’isolement et la solitude » a par exemple expliqué Les Petits Frères des Pauvres par communiqué.
Les évolutions dans les années à venir restent incertaines et dépendent en partie du marché de l’emploi et de la vivacité économique, selon le discours politique commun. Mais pas que : les politiques sociales jouent également un rôle dans la lutte contre la pauvreté. Sur ce sujet, les association et ONG expriment leurs inquiétudes : « La baisse des allocations logement va avoir pour effet direct d’accroître le nombre de personnes pauvres », notait ce 11 septembre l’Observatoire des inégalités. Une chose est certaine, dans un contexte de croissance limitée, notamment par les conditions physiques planétaires, les prochaines années risquent de questionner notre conception collective de la solidarité et du partage des richesses. Pour le meilleur ?
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