À la veille du début des soldes d’hiver, le studio Les Parasites vient de publier un court-métrage cinglant sur sa chaîne YouTube pour dénoncer les stratégies de marketing et la passivité des consommateurs. En quatre minutes, le spectateur tombe dans la spirale du consumérisme : une critique maîtrisée avec humour.
À peine sort-on des fêtes de fin d’année, pendant lesquelles les portefeuilles ont été sollicités à outrance, que débutent les soldes d’hiver. Ainsi, la machine à faire consommer ne s’arrête jamais. Mais comme le consommateur a déjà tout ce dont il a besoin, les industriels doivent multiplier les techniques pour créer de nouveaux désirs. La publicité est l’un des principaux outils de cette vaste campagne de obsolescence solicitée. C’est ce sujet précis qu’abordent Les Parasites dans leur dernière vidéo gratuite : « Promo ! ». Arnaud Huck, auteur principal du métrage explique : « Promo ! se veut être une dénonciation par l’absurde de la société de surconsommation, l’obsolescence et la fausse sociabilisation ».
Consommation et dé-socialisation
Le scénario s’inspire de l’évènement du Black Friday, une journée pendant laquelle des grandes enseignes bradent fortement certains objets, souvent électroniques, à l’approche de Noël. Dans les magasins, cette journée peut être à l’origine de véritables bousculades au moment de l’ouverture des portes. On a tous vu les images de bousculade si pas d’altercations qui se produisent dans certains magasins américains. « L’idée est venue naturellement quand on a vu des images du Black Friday, ainsi qu’une interview sur France 2 d’un homme achetant sa télévision en racontant qu’il n’en avait pas spécialement besoin puisque qu’il en a déjà une, mais vue le prix, pourquoi se l’interdire. Les gens campent devant le magasin, roulent sous la grille et se marchent dessus pour bénéficier de 60 % de remise » raconte notre interlocuteur.
Mais ce n’est pas le seul message de la vidéo. Les Parasites exposent également un monde dans lequel de plus en plus de personnes sont isolées, prises par le piège formé par la monotonie du quotidien et l’absence d’alternatives. C’est pour cette raison que « le format muet du film s’est imposé ». Pour exprimer la solitude et la dé-socialisation, « quoi de mieux que de ne pas avoir d’interactions vocales entre les gens » précise notre interlocuteur. Charly, le personnage principal, représente ainsi une société qui se distingue par son manque de sens.
Cercle vicieux
Ni la consommation ni les possessions ne permettent de se sentir vraiment heureux. Au contraire, le désir perpétuel de posséder de nouvelles choses engendre des frustrations, car les besoins de ne sont jamais entièrement assouvis : la publicité et la pression sociale alimentent les besoins nouveaux sans fin. Malgré le cercle vicieux, c’est sur ce modèle qu’est bâti le modèle économique contemporain. Le pire, c’est que sans cette consommation de masse, la croissance est impossible à maintenir et c’est l’ensemble d’un système qui s’effondre.
Malgré une durée de seulement quelques minutes, la vidéo regorge de critiques discrètes comme nous y habitue le jeune studio indépendant. Elle arrive à refléter et à dénoncer l’évolution de la société et des relations sociales. Arnaud Huck souligne que « la promotion avec le couple représente le voile que le monde de la pub nous met devant les yeux. Il nous dicte et créé nos propres besoins. Ici Charly se dit que la télévision va l’aider à trouver sa moitié comme l’indique la promotion, et le couple de voisin appuie ce besoin. » Les Parasites concluent leur première année sur une vidéo critique réussie : ils conservent leur style et leur discours engagé, multiplient leurs moyens et continuent à explorer différents formats, faisant de leurs méthodes une véritable signature.