Le 8 mai dernier, Alain ouvrait à Liège un restaurant à Burger entièrement végétalien. Inspiré de la culture street-food, il souhaite mettre les valeurs humaines et environnementales au centre de son projet de vie, tout en montrant qu’une idée socialement engagée peut être économiquement viable. Nous l’avons rencontré.
Une semaine à peine après la soirée d’inauguration de GreenBurger, c’est un Alain enthousiaste que nous rencontrons, motivé par la forte affluence dont il bénéficie déjà. Chez cet homme de 36 ans, qui avait été auparavant employé pendant 15 ans au sein de l’enseigne de grande distribution Delhaize, on sent beaucoup de détermination, et d’envie de tout changer.
« Liège est une ville créative »
Aussi, Alain ne souhaite pas trop insister sur son temps passé à travailler pour la grande surface. Néanmoins, il souligne la « déception » ressentie à l’occasion de ses dernières années de service, pendant lesquelles la rentabilité à tout prix se faisait au prix d’un sacrifice des valeurs qui lui sont chères. « L’humain est oublié dans ce type de structure » relève t-il, et « le gaspillage dans la chaîne alimentaire » le dérangeait de plus en plus. Aussi, lorsque l’occasion se présente, il décide de mettre un terme à son contrat le liant à Delhaize.
Pendant un an et demi, il mûrit alors avec Céline, sa compagne, un nouveau projet autour du Burger, aliment de la culture street-food dont il aime rappeler l’aspect « convivial » et « chaleureux ». Mais celui-ci reste, à raison, mal perçu par le monde engagé car il peut symboliser les fast-food et la nourriture industrielle. Il y avait donc un boulevard face à lui pour créer quelque-chose d’alternatif et d’innovant. Accompagné par l’ALPI, une structure d’accompagnement à la création d’entreprise, il se lance dans l’aventure. « Indépendant est un métier à part entière, il y a énormément de choses à prendre en compte », explique-t-il, heureux que les démarches les plus importantes soient désormais derrière lui. Ainsi, les premiers investissements ont été délicats a financer. Le crowdfunding mis en ligne n’a pas su mobiliser et Alain s’est finalement tourné vers des « modes de financement plus traditionnels ». Dans une ville en pleine transformation dans lesquelles les initiatives engagées se multiplient, ces débuts plus difficiles que prévu ne l’ont pourtant pas démotivé. Quelques mois plus tard, ses burgers éthiques prenaient vie en plein cœur de Liège.
« Trouver des solutions concrètes qui ne sont pas hors de prix »
Alain, qui est lui même végétalien depuis 5 ans, insiste sur sa volonté d’agir d’un point de vu environnemental et social, mais aussi économique. Derrière ses burgers, dont le nom est trop souvent associé à une faible qualité, se cache surtout le souhait de faire au maximum avec des produits biologiques et locaux. Aussi bien pour la base du burger que pour le pain, Alain collabore avec des entreprises locales, dont il aimerait être une vitrine. Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que le menu, composé principalement de quatre burgers, des incontournables potatoes wedges, ainsi que de quelques desserts type « muffins », attire une clientèle « éclectique » selon les propos du gérant. Outre les végétaliens et végétariens, ce sont en effet souvent des personnes au régime alimentaire carné qui se pressent au comptoir, intrigués, puis très vite convaincus.
Le goût du détail développé par Alain et Céline n’y est pas pour rien dans ce succès. « Où j’ai pu agir, j’ai agi », se félicite Alain, rappelant que certaines normes hygiéniques imposées par la loi l’empêchent d’aller au bout de ses convictions. Les emballages sont tous recyclables, les sodas, les jus et le café sont biologiques. Même le mobilier a été savamment choisi, puisqu’il a été construit par une société belge à partir de bois de récupération. Nul doute, les propos du restaurateur laissent entrevoir qu’au delà de ses convictions engagées, sa motivation résidait aussi dans le défi qu’il s’est imposé, celui de réduire autant que faire se peut les impacts de son restaurant sur l’environnement et les êtres humains. On ne peut qu’espérer que ce type d’initiative fasse des petits. Manger local, éthique et de qualité, sans se ruiner, c’est définitivement possible.
Sources : Propos recueillis par l’équipe de Mr Mondialisation / facebook.com / localove.be