Ils sont souvent les grands oubliés des militants de la cause animale. Ils sont pourtant pêchés en nombre conséquent chaque année. Selon le Worldwatch Institute (organisation environnementale) ou encore selon le site Planetoscope (une branche de ConsoGlobe) plus de 90 millions de tonnes de poissons sont enlevés à leur milieu annuellement. La production totale s’élève quant à elle à 154 millions de tonnes (incluant donc l’aquaculture).
Une des questions qui ne se pose guère face à ces chiffres, est celle de savoir si les poissons peuvent ressentir la douleur. La question semble essentielle dès lors que l’on sait qu’il n’existe aucune législation sur le bien être animal dans le domaine de la pêche, contrairement aux autres secteurs.
Le Dr Lynne Sneddon, une éthologiste de l’Université de Liverpool (vue dans la vidéo ci-dessus) s’est spécialisée sur la question de la sensibilité des poissons. Selon son expertise, les poissons possèdent un système nerveux et réagissent à la douleur. Ce constat s’oppose à l’avis de certains zoologues comme James Rose qui affirment que les poissons n’ont pas de structure nerveuse adéquate. Pourtant, le Dr Lynne Sneddon indique que ses recherches démontrent que non seulement les poissons possèdent des nocicepteurs (récepteurs à la douleur qui se trouvent sur la peau et à l’intérieur de l’organisme) mais que le cerveau est également actif lors d’un stimuli douloureux. Les réactions des poissons face à la douleur ne relèveraient donc pas du pur réflexe mais bel et bien de la souffrance.
Rappelons qu’il y a plusieurs années, l’INRA (l’Institut National de la Recherche Agronomique) considérait que les animaux d’élevage n’éprouvaient pas véritablement de douleur mais une « nociception ». Depuis, les discours et les mentalités ont bien changé. On reconnaît la souffrance des mammifères et des mesures ont été prises en ce sens pour les limiter. Ceci étant, les inspections dans les élevages sont rares, et des associations de protection animale dénoncent régulièrement les dérives de cette filiale, vidéos et photographies à l’appui.
La souffrance des poissons causée par les procédés de pêche industrielle
Au-delà des immenses dégâts que génère la pêche industrielle : filets dérivants, chaluts, pêche en eaux profondes, etc. (voir notre publication à ce sujet), les poissons subissent également divers traumatises lors de leur extraction des mers et océans. Ces derniers, souvent pêchés à de grandes profondeurs, n’ont par exemple pas le temps de dépressuriser lors de la montée des filets à la surface. Écrasés par le poids des autres poissons, leurs organes explosent et leurs yeux sont souvent exorbités. Les poissons gisent plusieurs heures sur les pontons des bateaux avant d’être tués. Après une longue attente, ils sont ensuite vidés et « travaillés » vivants sans aucune anesthésie car cela représenterait des budgets supplémentaires auxquels personne ne souhaite se soumettre.
Les poissons ont souvent été considérés comme insensibles ou moins sensibles que les animaux terrestres. Pourtant, des découvertes récentes et de nouveaux discours poussent à la réévaluation de leur statut. Début décembre 2014, un article paru sur Le Temps (média suisse) indiquait que la Commission fédérale d’éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) reconnaissait que « certains poissons peuvent souffrir. » La Commission estime qu’il n’existe « aucune bonne raison de conclure que les poissons seraient insensibles » à la douleur. La CENH estime également que les poissons devraient « faire l’objet d’un respect moral indépendant de leur utilité pour l’être humain.» Ainsi en Suisse, les poissons ont été reconnus officiellement comme pouvant ressentir la douleur.
Il y a quelques années, l’acteur Joaquin Phoenix avait donné sa voix dans une campagne de Peta en faveur des poissons (crédit vidéo Peta).
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=Ij3W0BetI60]
Ce passage vidéo où s’exprime le Dr Lynne Sneddon est extrait du documentaire intitulé : Surpêche – la fin du poisson à foison. Réalisation : Jutta Pinzler et Mieke Otte. Un reportage très complet qui aborde le sujet de la pêche sur de nombreux points. Éléments souvent méconnus du grand public. Surpêche – la fin du poisson à foison passe au crible les problématiques de :
- – La raréfaction des ressources marines en raison de leur surexploitation
- – L’esclavagisme moderne causé par la production de poisson et par la pêche
- – La pêche des bateaux européens qui prive les pays en voie de développement de ressources et de commerce
- – La souffrance des poissons
- – Les méthodes de pêches destructrices et polluantes
- – Le « gaspillage » et la perte de vie marine causés par les prises accessoires
En effet, lors des pêches, il n’y a pas que des poissons qui sont remontés à la surface. Tortues, dauphins ou encore requins (pour ne citer qu’eux) font évidemment partie des prises et leur souffrance ressentie n’est plus à prouver.
Surpêche – La fin du poisson à foison, un autre documentaire particulièrement édifiant (À découvrir ci-dessous)
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=OL8aHmxorwE]
Les prises accessoires représentent l’un des problèmes majeurs d’une pêche industrialisée, gargantuesque et extrêmement destructrice. Une pêche qui n’hésite d’ailleurs pas à utiliser des méthodes quasi militaires pour trouver du poisson (utilisation de sondes, ordinateurs et technologies ultra-développées, etc.). De nombreux poissons (et autres créatures marines) sont pêchés accidentellement et sont rejetés en mer avec une chance de survie quasiment nulle.
Pour illustrer le problème des prises accessoires, Greenpeace a réalisé une vidéo assez percutante à le sujet fin 2014 :
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=4Wps_d5Y08U]
La pêche en eaux profondes : un autre aspect des dégâts de la pêche industrielle
En 2013, Claire Nouvian, fondatrice de l’Association Bloom, s’est exprimée brillamment lors d’une intervention à TEDx Paris sur la problématique de la pêche en eaux profondes. Cette intervention a donné lieu par la suite à une bande dessinée signée par l’illustratrice Pénélope Bagieu. La bande dessinée fit le tour du web. Pour la pêche en eaux profondes, 3 espèces seulement sont visées, et pourtant plus d’une centaine d’espèces sont pêchées pour être ensuite rejetées à la mer, sans vie.
L’intervention de Claire Nouvian en vidéo :
[youtube=https://www.youtube.com/watch?v=c8FSVWIgiLg]
Il semblerait que le domaine de la pêche intéresse de plus en plus les citoyens engagés. Les informations concernant la surpêche se sont multipliées et des solutions émergent pour rencontrer les problématiques. Choisir une pêche artisanale, de proximité, ou arrêter de consommer du poisson, les consom’acteurs peuvent désormais faire leurs choix en connaissance de cause. Bruxelles parle même d’interdire les filets maillants-dérivants à court terme. Affaire à suivre …
Sources : Le Temps / Libération / Planetoscope / Greenpeace / Ouestfrance /Vidéo 1 / Vidéo 2 / Vidéo 3 / Vidéo 4 / Image à la une (Campagne de Peta : Association de défense des droits des animaux)