Présenté au Nikon Film Festival 2018, le court-métrage de Raphaël Daniel intitulé « L’appel de la forêt » nous propose une réflexion sur l’avenir de la Corniche des forts à Romainville, espace propulsé sur le devant de la scène médiatique en novembre dernier alors que des manifestants empêchaient l’abattage d’une partie des arbres qui s’y trouvent. Le réalisateur nous explique pourquoi le sujet l’a inspiré.
Menacée de destruction au profit de la construction d’une base de loisir, la forêt de la Corniche des forts à Romainville, à proximité de Paris est au centre d’un conflit opposant les habitants du quartier à la municipalité. L’objet de la discorde ? La construction d’équipements sportifs, d’un poney club et d’une promenade aménagée, etc sur 8 hectares. Depuis plus de deux décennies, les autorités manifestent leur volonté d’aménager cet espace qui englobe 28 hectares au total et sur lequel se trouvaient auparavant des carrières de gypse. Pour réaliser les travaux, les anciennes carrières doivent être comblées, nécessitant l’abatage de plusieurs centaines d’arbres. Les promoteurs promettent la plantation de 4000 nouveaux arbres par la suite, mais l’argument ne convainc pas les opposants, qui estiment que l’espace doit être laissé intact.
L’aménagement, revu à la baisse depuis que les critiques se sont multipliées, doit prolonger des plans plus vastes qui ont pour objet de détruire une partie des HLM qui se trouvent à quelques pas de là pour les transformer en écoquartier. Les personnes concernées ne croient que peu dans la promesse d’être relogées sur place : au regard des prix des nouveaux logements, les habitants actuels n’auraient certainement d’autre choix que de déménager ailleurs. Par ailleurs, le verdissement de façade peine à convaincre, d’autant plus que la construction de nouveaux ensembles aura sans aucun doute un coût environnemental important. Les arguments qui s’opposent sont toujours les mêmes : les partisans voient une opportunité de valoriser le territoire, les sceptiques craignent une énième bétonisation de l’espace sous couvert d’arguments fallacieux.
Malgré le début des travaux, riverains et défenseurs de l’environnement se mobilisent depuis plusieurs semaines pour empêcher que ne soit commis l’irréparable. Certains privilégient l’action directe pour empêcher les opérations de déboisement et de terrassement, notamment en s’attachant aux arbres, pendant que d’autres essayent d’ouvrir le dialogue avec les autorités responsables. Jusqu’à présent, leur démarche a été couverte d’un certain succès, puisqu’ils ont obtenu le gel du chantier pendant deux semaines de novembre. Néanmoins, les travaux devraient se poursuivre dans les prochains jours, à moins qu’une nouvelle consultation publique ne soit entamée.
« J’ai été subjugué par cette forêt unique
C’est à cet espace que Raphaël Daniel a consacré son court-métrage qu’il présente actuellement au Nikon festival 2018 et qui met en récit la destruction de la forêt de Romainville. Le réalisateur, engagé dans plusieurs associations militantes affirme ne pas avoir pris part à la lutte sur le terrain. Mais vivant à proximité de l’espace en question, il raconte avoir été « subjugué par cette forêt unique en région parisienne de par son caractère sauvage » et qui se démarque ainsi des paysages urbains alentour. « Il n’y a pas presque pas de trace humaine sur cet espace », complète-t-il.
Selon lui, le court-métrage a non seulement pour vocation de mettre en lumière le sort réservé à la Corniche des forts à Romainville, mais également celui des forêts de manière plus générale. Il entend dénoncer « un projet complètement démodé, à l’heure de la crise écologique et un projet qui est le symbole de la schizophrénie de notre époque« . Parmi ses sources d’inspiration, il cite volontiers le livre L’arbre monde de Richard Power. Raphaël Daniel ne perd pas espoir : « on vit un tournant, les individus changent d’attitude, les gens se lèvent pour défendre les arbres et cela n’aurait pas été possible il y a 10 ans ».
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