Chaque année à Taiji (Japon) des chasses aux dauphins reprennent du 1er septembre jusqu’à fin mars. Des associations décident de lever le voile sur ces événements en organisant des actions à but informatif et afin de sensibiliser un large public sur la question. En effet, la majorité des japonais eux-mêmes ignore l’existence de cette pratique. Le Japan Dolphin Day, un événement mondial qui a lieu chaque année à la fin du mois d’août, est l’opportunité d’en parler. 

Le Japan Dolphin Day 2015 : une série d’événements différents en France (Nantes, Paris et Strasbourg)

Trois associations de protection des mammifères marins dont C’est Assez, la Dolphin Connection et Réseau Cétacés organiseront le 29 août un événement à Paris sur la place du Trocadéro, dans le cadre du Japan Dolphin Day. Deux autres événements seront également organisés par C’est Assez à Nantes et un dernier à Strasbourg, mené par C’est Assez et Animalsace. Cette journée mondiale est organisée afin de protester contre les tueries de dauphins qui ont lieu chaque année à Taiji au Japon, sur une durée d’environ 7 mois. La date du « Jour du Dauphin japonais » est symbolique car la chasse à Taiji redémarre chaque année tous les 1er septembre, et dure jusqu’aux environs de la fin du mois de mars. L’objectif de ces événements sera de sensibiliser un maximum de citoyen sur cette question qui préoccupe beaucoup les ONG écologistes, les associations de protection animale, mais aussi de plus en plus de citoyens concernés. Il sera également question de mettre en parallèle les tueries de dauphins et l’industrie de la captivité.

La baie de Taiji : des centaines de dauphins tués dans des conditions jugées intolérables 

Les côtes de Taiji sont chaque année le théâtre d’une chasse au rabattage sanglante de plusieurs centaines de dauphins. Ces chasses particulièrement violentes saisissent opinion internationale et ONG car ce sont des groupes entiers de cétacés qui sont rabattus puis tués dans « la baie de la honte » tristement devenue célèbre.

Au même titre que dans les îles Féroé, les méthodes d’abattage sont jugées « intolérables » et extrêmement cruelles par de nombreuses associations. La méthode est très décriée tant il apparaît clairement qu’elle fait subir aux cétacés une maltraitance et des souffrances considérables. Depuis l’intérêt grandissant des associations, les dauphins sont désormais tués sous de grandes bâches déployées pour éviter les regards indiscrets des cameras.

Une vidéo qui a été tournée en 2013 par l’association Blue Voice montre comment les dauphins sont massacrés sous ces larges bâches. Une tige métallique est enfoncée dans la base de la tête du dauphin (rabattu en eaux peu profondes) juste derrière l’évent, et un bouchon en bois est ensuite placé dans la plaie afin que l’afflux de sang ne soit pas trop important dans l’eau.

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Un docteur vétérinaire du nom de Andrew Butterworth a étudié la vidéo de l’abattage point par point et estime que ces méthodes ne sont pas « conformes à l’exigence reconnue d’une insensibilisation immédiate et ne serait jamais tolérée dans aucun processus d’abattage réglementé dans le monde civilisé ». Ces méthodes entraîneraient des souffrances interminables pour ces mammifères doués de sensibilité mais aussi de sociabilité, qui meurent ainsi étouffés dans leur propre sang au bout de longues minutes d’agonie.

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♦ Consulter la VIDEO

♦ L’étude du Docteur vétérinaire

♦ Site de l’association BLUE VOICE, à l’origine de la vidéo


Comment les dauphins sont-ils rabattus dans la baie ?

Lors de la saison de chasse, les dauphins sont désorientés par des bateaux par le biais de perturbations sonores, et poussés près des côtes peu profondes. Ils sont ensuite enfermés dans des filets et maintenus parfois pendant plusieurs jours sans aucune nourriture, ce qui permet aux dresseurs des delphinariums sur place de « faire le tri » des plus beaux spécimens. Une fois les prélèvements effectués, les individus choisis seront entraînés (« l’entraînement » commençant parfois sur place) et expédiés à destination des bassins des delphinariums pour une vie de captivité.

Les autres dauphins seront quant à eux tués par le processus décrit plus haut et finiront en boucherie, faussement étiquetée comme étant de la viande de baleine, comme l’indique le documentaire The Cove. Selon les associations organisatrices, il n’y a pas qu’à Taiji que les dauphins seraient tués. En tout, on estime à 23 000 le nombre de delphinidés tués chaque année le long des côtes japonaises, certains au large et d’autres notamment dans la baie désormais connue de Taiji. Les dauphins seraient aussi vu comme des nuisibles par certains pêcheurs qui n’hésitent pas à les tuer, car en concurrence pour les prélèvements de poissons. Cependant, chez le citoyen japonais moyen, cette pratique est pratiquement inconnue de tous.

Autorisations de prélèvements de dauphins pour la saison 2014/ 2015 

TJDPhoto : dolphinproject.org

Selon les associations, c’est bien l’industrie de la captivité qui entretient ces rabattages et tueries car la chasse à un but seulement alimentaire ne serait pas rentable, les japonais ne consommant globalement pas de dauphins. Un dauphin capturé vivant peu se vendre jusqu’à 150 000 dollars. Les documentaires The Cove et plus anciennement A Fall From Freedom mettent en perspective ce lien entre industrie de la captivité et captures et massacres au Japon.


♦ Voir le documentaire : THE COVE

♦ Voir le documentaire : A FALL FROM FREEDOM


Si la destination des futurs captifs est difficilement traçable, il est estimé par des spécialistes que les dauphins capturés partent principalement à destination de certains pays asiatiques (Chine, Japon), pays de l’Est (Ukraine, Russie) ou encore vers le Moyen-Orient. Face à cette réalité dénoncée, la JAZA (Association japonaise des zoos et aquariums) a annoncé en mai 2015 qu’elle ne se procurerait plus de dauphins venant des tueries de Taiji. L’association japonaise reste ainsi membre de l’Association mondiale des zoos et aquariums (WAZA) qui interdit à ses membres le commerce de dauphins capturés à Taiji (source).

DDauphin capturé pendant les saisons de chasse à Taiji – Credit photo : Sea Shepherd Cove Guardians

Sur place, les chasses reprennent tout de même car d’autres pays sont en demande de dauphins vivants et certains delphinariums japonais sont détachés de la JAZA. Selon l’agence Kyodo, citant des statistiques établies par l’Agence de recherche japonaise sur les pêches, 760 dauphins vivants ont été vendus entre septembre 2009 et août 2014 par les pêcheries de Taïji (sources : 1 . 2). Un business florissant où se mêlent violence inutile et captivité.

Au cours de la saison de chasse 2013-2014, une delphine albinos juvénile a été capturée et placée au Taiji Whale Museum. Les associations présentes rapportent que la mère de la delphine se serait laissé mourir pendant la capture, tandis que les autres membres du groupe ont été tués. Richard O’Barry, ancien dresseur des dauphins de la série Flipper, et créateur et président de l’Association Richard O’Barry Dolphin Project, l’a surnommé Angel. Richard O’Barry entamera sa treizième année d’activisme à Taiji dès septembre …

D2Angel au Taiji Whale Museum – Credit photo : freedolphinsbelgium.wordpress.com

D3Angel avec son groupe, pendant les rabattages – Credit photo : Sea Shepherd Cove Guardians 

Les cétacés et la captivité 

Si les animaux sauvages dans les cirques itinérants dérangent, il en va de même pour les delphinidés dans les parcs aquatiques. En effet, ces parcs contraignent les cétacés, dont la grande intelligence n’est plus à prouver, à effectuer des tours et des spectacles de façon quasi-permanente devant une foule de gens. Les dauphins et les orques en captivité évoluent dans des bassins de béton dénués de toute richesse naturelle, aux eaux souvent chlorées, mais aussi aux trop faibles profondeurs et proportions par rapport à leurs besoins vitaux (rappelons que les dauphins parcourent plus de 100 kilomètres par jour). Les naissances par insémination artificielle entraînent liens consanguins, groupes recomposés non authentiques, mais aussi frustrations et violences.


Le descriptif des événements du 29 août en détails : 

NANTES

MANIFESTATION PLACE ROYALE de 13H00-18H00 :

« L’association C’est Assez ! organisera une mobilisation statique avec mise en scène pour sensibiliser la société civile aux chasses sanglantes de cétacés réalisées au Japon de septembre à mars. Chaque année sur ses côtes, le gouvernement nippon autorise le massacre de 23 000 petits cétacés tués au large pour la plupart au harpon ou rabattus à l’aide de murs sonores dans la baie tristement célèbre de Taiji (1200 à 1500/an). Enfermés par des filets durant plusieurs jours, les plus beaux spécimens sont sélectionnés pour approvisionner les delphinariums du monde entier, le reste des dauphins capturés sera massacré pour être vendu de façon mensongère comme viande de baleine (avec des taux de mercure de 98,9 ppm au lieu des 0,4 ppm recommandés par le ministère de la santé publique). L’association C’est Assez! souhaite donc, à travers cette manifestation, informer le public sur ces massacres barbares et dénoncer le commerce de ces mammifères à destination des delphinariums (un dauphin dressé se monnaye 130 000 dollars), qui les réduisent en esclavage pour les spectacles aquatiques. »

Lien de l’événement

PROJECTION DU DOCUMENTAIRE OSCARISE « THE COVE» AU FERRAILLEUR – HANGAR A BANANES de 19H30 à 22H00 :

« L’association C’est Assez! diffusera pour la première fois à Nantes le fameux documentaire oscarisé de Louie Psihoyos: The Cove. Ce film distribué en France par Luc Besson, sera projeté dans la salle mythique du Ferrailleur. Cette projection gratuite sera suivie d’un débat et d’échanges avec le public. A travers ce documentaire, vous découvrirez comment l’équipe de l’Oceanic Preservation Society, entreprend de révéler la vérité sur les massacres de Taïji au monde entier. Malgré l’hostilité de la police locale et des pêcheurs, Ric O’Barry et ses complices réunissent une équipe de choc et se lancent dans une opération secrète destinée à rapporter des images terrifiantes de la petite baie isolée …« 

PARIS 

Parvis du Trocadéro

« Mobilisation statique, silencieuse avec mise en scène et nombreux visuels pour sensibiliser à la chasse sanglante de Taïji qui reprend chaque année début septembre. Dans la baie de ce village japonais, des familles entières de dauphins sont systématiquement assassinées avec une violence inouïe. Cette chasse est liée de façon très étroite avec la captivité, car c’est durant celle-ci que les dresseurs du monde entier viennent s’approvisionner en « matière première » pour l’industrie des delphinariums. Ce sera donc l’occasion d’informer le public de ce qui se cache derrière les spectacles aquatiques. »

Lien de l’événement

STRASBOURG

Même mobilisation et Happening (voir description ci-dessus)

Lien de l’événement

D’autres événements auront lieu dans le monde, notamment à Liège en Belgique : Informations
Il y aura également un autre événement dans le sud de la France, à Nice : Informations


L’éthique animale au cœur du débat contemporain, un espoir pour les dauphins ?

L’éthique animale est une question qui prend de l’ampleur années après années dans le débat public. En pratique, de nouvelles lois voient timidement le jour pour protéger les espèces sauvages. On notera que la France a enfin reconnu les animaux comme des êtres sensibles par un vote à l’Assemblée Nationale en janvier 2015 (même si certaines associations n’y voient qu’un écran de fumée). La Catalogne a tout récemment interdit les animaux sauvages dans les cirques, alors qu’elle abandonnait définitivement la corrida il y a de ça déjà 5 ans. La Belgique optait, quant à elle, pour la même interdiction début 2014. Globalement les animaux sauvages dans les cirques sont désormais totalement ou partiellement interdits dans de nombreux pays d’Europe et du monde. Par ailleurs, le statut de « personne non-humaine » évolue au fil du temps, grâce aux travaux d’éthologie et des combats d’associations. Ainsi en 2014, l’argentine reconnaissait un orang-outan comme personne non-humaine, tandis que l’Inde accordait ce statut particulier aux dauphins en 2013.

Face à toutes ces avancées, la cause des dauphins peut-elle avancer ? Plus globalement, va-t-on vers un nouveau regard et statut sur les animaux ? Tout porte à croire que oui…


SOURCES : freedolphinbelgium.wordpress.com : 1 . 2 / dauphinlibre.be : 1 . 2 / collectifcestassez.wordpress.com / ladolphinconnection.com / Credit photo à la une : C’est Assez

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