En Angleterre, un maître-luthier irlandais du nom de Padraig O’Dubhlaoidh a créé un violon à 100 % végane. Contrairement à la plupart des instruments traditionnels, il ne contient donc aucune matière animale. L’objet mis au point par l’artisan a même été certifié par la vegan society. Découverte.
Installé sur les collines de Malvern, en Angleterre, le fabricant d’instruments a voulu innover et proposer une alternative éthique aux violons habituels. Ceux-ci sont en effet pour la plupart conçus avec de la colle animale et du crin de cheval.
A violin-maker has used #components including #steamed pear, #berries and spring #water to create a #vegan violin.
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Padraig O'Dubhlaoidh made the #instrument, entirely #free of animal #products, in his Malvern Hills #workshop during the #coronavirus lockdown. pic.twitter.com/sviDy5ZnRy— UnExplored Ideas💡 (@UnexploredIdeas) January 19, 2022
Pas seulement la nourriture
Le véganisme est très souvent réduit à l’alimentation. Ce nouvel exemple est la preuve que le véganisme touche en réalité bien plus de sphères de la société. Les partisans de cette philosophie refusent en effet toute exploitation animale dans quelconque domaine, que ce soit l’alimentation, l’industrie, le spectacle ou encore ici l’artisanat.
Les produits à base d’animaux se retrouvent même parfois dans des endroits insoupçonnés. Ainsi, il existe plusieurs types de colles fabriquées à partir d’animaux, riches en collagène ou en kératine. Elles peuvent être confectionnées à l’aide de poissons, de nerfs, de peau (en particulier de lapins), d’os ou de sabots. Il s’agit d’ailleurs d’un processus proche de celui de la gélatine contenue dans de nombreux gâteaux ou bonbons, par exemple.
Une réalité peu ragoûtante qui est pourtant très répandue dans de multiples domaines. C’est notamment le cas dans celui des chaussures, qui en plus d’utiliser régulièrement du cuir, sont également collées la plupart du temps avec des matières animales. Heureusement, là aussi des alternatives existent.
De la colle à base de fruits
Dans le cas des violons artisanaux de qualité, la colle animale reste encore très prisée, puisqu’elle a l’avantage de pouvoir être retirée facilement contrairement à la majorité des colles végétales ou de synthèse.
Il existe pour autant des exceptions, comme la colle à base d’algues funori dont la réversibilité est très appréciée en ébénisterie. Padraig O’Dubhlaoidh, quant à lui, utilise un mélange de sa propre création dont il n’a pas révélé la composition exacte, mais qui contiendrait notamment des fruits (poires et baies) et de l’eau de source.
Le luthier s’est également occupé du problème de l’archet de l’instrument qui est souvent réalisé à partir de crin de cheval. Même si la certification de la vegan society ne porte que sur le corps du violon, il a cependant aussi réglé ce problème.
« Le monde change beaucoup »
Pour cet artisan, faire son métier dans des conditions plus éthiques a toujours été un objectif primordial. Depuis plusieurs années, il s’est par exemple engagé pour la conservation du pernambouc, un bois tropical rare particulièrement apprécié des fabricants pour la conception des archets. Une ligne pourtant très peu suivie par les professionnels du secteur.
Master craftsman builds world’s first vegan violin: https://t.co/HaeF7T55B1#vegan #violin #music #animals #crueltyfree pic.twitter.com/xlbwrX7WlF
— talker (@talker_news) January 26, 2022
Mais pour l’irlandais, chercher d’autres solutions pour vivre de manière plus responsable est crucial. Il a d’ailleurs commencé à se pencher sur l’idée d’un violon végane lorsqu’un client lui en a commandé un il y a quelques années.
« C’était une question intrigante », a-t-il commenté au micro de la BBC. « Je me suis demandé combien il y avait de musiciens potentiels véganes dont l’éthique empêchait de jouer du violon. Ça doit être horrible. »
Plein d’enthousiasme pour ce nouveau projet, le luthier s’est félicité que « le monde change beaucoup en ce moment ». Il a particulièrement salué le rôle de la « jeune génération » dont il s’est dit « très fier ». Des paroles réconfortantes et une initiative qui donne indubitablement le sourire, un peu d’espoir pour l’avenir !
– Simon Verdière
Photo de couverture : Extrait Il messaggero