Longtemps rejeté au rang des pratiques inutiles, voire dangereuses, le jeûne trouve aujourd’hui un regain d’intérêt, y compris chez les scientifiques et les médecins. À l’occasion du financement participatif du film Le jeûne, Amandine Cotteaux, naturopathe et membre de l’équipe de tournage, nous présente ce reportage et nous introduit à un usage qui mériterait, selon elle, une plus grande attention. Loin de rejeter d’un bloc la médecine conventionnelle, il s’agit de s’interroger à propos de la place du jeûne auprès d’autres méthodes de guérison.
Le jeûne est toujours perçu aujourd’hui comme l’apanage d’excentriques, d’alternatifs, de friands de sensations fortes. Mais qu’en est-il réellement ?
Fabien Moine, naturopathe et accompagnateur de jeûne, a décidé de rendre le jeûne accessible à tous et de le remettre à sa place : une partie intégrante d’une hygiène de vie globale. Il réalise son premier film, accompagné d’une équipe de trois personnes, tous passionnés par la santé naturelle. Ce film retrace l’histoire du jeûne en France depuis plus de 50 ans.
Le jeûne, une pratique qui a du mal à se faire une place en France
C’est tout un pan de la santé qui est remis en question lorsque l’on entreprend une démarche de jeûne ; il s’agit de considérer la « maladie » non plus comme une fatalité mais comme une opportunité de mieux se connaître et de vivre en harmonie corps, âme, esprit.
Pour comprendre les motivations du jeûneur, il faut se pencher sur la vision de la maladie selon les mouvements de santé naturelle, parmi lesquels la naturopathie et l’hygiénisme. La maladie est, dans de nombreux cas, la conséquence d’un trop plein de toxines. Le jeûne permet quant à lui, en arrêtant de s’alimenter, de libérer ces toxines. La force vitale du corps, non occupée à mettre en mouvement la machine digestive, se retrouve à gérer le surplus de déchets du corps humain afin de l’évacuer. Oui mais l’énergie, me direz-vous, provient de ce que l’on mange… En effet, nos aliments sont notre carburant au même titre que l’oxygène. Toutefois, quand la machine est trop encrassée, il ne sert à rien d’en remettre, une petite vidange s’impose.
Un jeûne encadré permet non seulement de reprendre confiance en son corps mais aussi d’être sensibilisé à l’hygiène de vie globale à mettre en place en sortie de jeûne. Il est aussi conseillé avant d’entreprendre un jeûne, d’estimer sa force vitale et son état de toxémie ; s’assurer que l’énergie de vie circule a minima et que les portes de sortie des déchets (foie, intestins, poumons, peau, reins) soient suffisamment solides pour gérer la détoxication. Pour que le jeûne soit régénérateur, il se doit d’être effectué dans des conditions appropriées. La diversité des encadrements proposés en France est une force. Chacun peut trouver ce qui lui convient le mieux, afin que le jeûne ne soit pas vécu comme une expérience laborieuse mais plutôt libératrice.
Un film pour présenter le jeûne au grand public
Beaucoup ont recours au jeûne pour guérir et pourtant ne serait-il pas plus bénéfique de jeûner pour se maintenir simplement en bonne santé plutôt que d’attendre la maladie ?
Le film a justement pour ambition de promouvoir le jeûne préventif et non le jeûne thérapeutique. Ce dernier sera évoqué dans le film car il fait partie de l’histoire du jeûne en France mais cela se révèle parfois hasardeux pour l’équipe du film et les intervenants. En effet, le jeûne thérapeutique est illégal en France. Remboursé en Allemagne et largement promu en Russie et aux États-Unis, il reste aujourd’hui rejeté et condamné en France où le système médical reste profondément conservateur, en démontre notre rapport délicat à la fin de vie. Il règne dans le pays une sorte d’omerta sur le jeûne thérapeutique. Les professionnels n’osent en parler craignant les injonctions d’exercice illégal de la médecine.
Au-delà d’un simple film sur le jeûne, il s’agit d’un plaidoyer en faveur de la santé naturelle et de l’incroyable pouvoir d’auto-guérison du corps humain que Fabien Moine propose. Comme en témoignent les jeûneurs, arrêter de manger, c’est se retrouver avec soi, avec ses aspirations profondes. La libération de toxines est souvent concomitante de libérations émotionnelles, d’une énergie de vie fluidifiée et d’un retour à sa nature profonde (introspection).
Il ne s’agit pas de faire l’apologie de l’ascétisme alimentaire ou d’un quelconque remède miracle, bien au contraire… Les jeûneurs aiment manger, bien manger et cherchent à retrouver les plaisirs de la vie dans la nourriture et mettre fin à ce gavage alimentaire quantitatif que l’on nous vend dans nos pays industrialisés. Une démarche qui s’inscrit ainsi indirectement dans une approche écologique de nos comportements de consommateurs. Par ailleurs, le jeune n’est pas présenté comme une recette miraculeuse qui éliminerait tout autre forme de traitement. La démarche est nécessairement holistique.
Dans le film, seront évoqués tous les types de jeûne encadrés :
- hygiéniste, repos total
- jeûne et randonnée
- holistique, prenant en compte toutes les dimensions de l’homme — physique, mentale, émotionnelle et énergétique — à travers des activités telles que le qi-cong, l’art-thérapie, la respiration…
« Le jeûne » “propose une information complète sur le jeûne travers les interviews d’experts et les histoires de vie de jeûneurs” explique le réalisateur qui a fait de la santé naturelle son cheval de bataille. Afin de financer les frais liés à la réalisation du documentaire et à sa diffusion, au cinéma et en DVD, Fabien Moine organise actuellement une campagne de financement participatif. Par ailleurs, il met à disposition sur youtube des centaines d’heures d’enregistrements sur la santé naturelle et le jeûne.
Amandine Cotteaux
Pour en savoir plus : lejeune-le-film.com
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