Alors que le manque d’eau potable est une réalité quotidienne pour près de 900 millions de personnes dans le monde, chercheurs et citoyens s’associent afin de repenser les systèmes d’approvisionnement et rationaliser l’utilisation de cette précieuse ressource. Le Multi-Use Water System (MUS) est une approche collective dans la gestion de l’eau qui fait peu à peu son chemin. L’idée est simple : afin de limiter la consommation une même quantité d’eau est utilisée plusieurs fois. Au Népal et ailleurs, des milliers de fermiers profitent d’un MUS, et aujourd’hui l’eau coule toujours à flot…

Le MUS est une stratégie innovante destinée à améliorer les conditions de vie des populations les plus pauvres. Afin d’économiser les ressources en eau, elle prévoit un usage multiple de celle-ci. De cette manière, le concept aussi simple qu’efficace répond aussi bien aux besoins domestiques qu’aux besoins agricoles.

Les MUS, depuis le 5ème Conseil Mondial de l’Eau tenu en 2009 à Istanbul, sont soutenues institutionnellement, et donc économiquement, en particulier par la FAO. Ces systèmes sont aujourd’hui installés et testés très concrètement dans des pays frappés par la sécheresse au sein desquels l’accès à l’eau est souvent rendu compliqué. Elle connaît des applications concrètes dans le monde entier autant que de grands succès pour les populations locales.

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La sécheresse, un phénomène global

Partout dans le monde, le manque d’eau se fait criant. L’année 2016 ne fera pas exception. Dans certaines régions du globe, la sécheresse sévit plusieurs années de suite. Sans surprise, les populations les plus impactées sont celles qui sont les plus faibles économiquement et politiquement, car aucune alternative ne leur est accessible et elles ne disposent d’aucun moyen pour se protéger.

En Inde par exemple, l’avocat du gouvernement a annoncé en début d’année qu’un quart de la population était concernée par une sécheresse qui perdure depuis deux ans. Ailleurs, en Chine, les déserts menacent très directement les villes ainsi que les surfaces agricoles. Pas moins de 27% du territoire est touché par la désertification. Le gouvernement tente d’endiguer cette avancée en plantant de nouvelles forêts et en tentant de limiter la consommation de viande.

De l’autre côté du Globe, l’État de Floride, aux États-Unis, a connu une sécheresse sans précédent au cours des 4 dernières années. Des photos mettant en lumière les conséquences directes du manque d’eau ont régulièrement été publiées dans la presse ces derniers mois. Bref, rares sont les lieux du globe à être totalement épargnés par la problématique, directement ou indirectement.

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Enfin, citons la Somalie qui est frappée depuis 2016 par une sécheresse dévastatrice. Selon les estimations de l’UNICEF, 8 millions de personnes seraient actuellement en besoin d’aide urgente et/ou en situation de famine, en raison de mauvaises récoltes. Les habitants sont désormais forcés à abandonner leur mode de vie traditionnel et de cesser l’élevage pastoral ce qui est une atteinte supplémentaire à leurs ressources. Dans une région touchée par la guerre depuis de nombreuses années, ces conséquences pourraient être catastrophiques.

Dans chacun des pays évoqués le manque d’eau résulte de la combinaison de plusieurs facteurs parmi lesquels il faut citer la faiblesse des précipitations, la hausse des températures ainsi que des pratiques, en particulier agricoles, non soutenables. L’intensification des sécheresses à de quoi inquiéter, car cela peut mettre en danger la stabilité sociale et politique de pays entiers et de vastes régions. Ainsi, il a été montré par des chercheurs que le changement climatique pouvait être un facteur à l’origine de nouveaux conflits. Mais difficile pour le citoyen moyen de mettre en parallèle ces problématiques avec le mode de vie (production/consommation) des sociétés développées.

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Multi-use Water System (MUS)

Dans ce contexte, les acteurs locaux ont un rôle de premier ordre à jouer. Les MUS leurs donnent un nouvel outil pour augmenter leur résilience en ce qui concerne l’eau, tout en s’adaptant aux changements climatiques par le biais d’une meilleure gestion. Plus concrètement, cette approche prend en considération les différentes utilisations faites de l’eau selon l’accès local et la culture des communautés. Il s’agit ensuite de mettre en œuvre un projet de rationalisation de cette susnommée utilisation, par le développement de nouvelles infrastructures et la réhabilitation de celles déjà existantes. La démarche a pour particularité de ne pas envisager une seule utilisation de l’eau, mais plusieurs. Elle traite aussi bien les besoins agricoles que les questions liées aux besoins alimentaires et à l’hygiène. Il n’existe donc pas de modèle type de MUS. Comme en permaculture, le point de départ est une analyse globale des besoins et des éléments disponibles ainsi que de la géographie locale.

Ainsi, les MUS peuvent être le point de départ d’une gestion communautaire de l’eau, en particulier pour les populations qui vivent en milieu rural. L’autonomie des habitants et l’amélioration générale de leurs conditions de vie est le premier objectif. De manière plus précise, il s’agit de limiter les dépenses et d’augmenter les revenus agricoles. En moyenne, les différentes initiatives ont permis des résultats prometteurs. Les familles ont accès à des quantités d’eau bien plus importantes : jusqu’à huit fois ce à quoi elles étaient habituées auparavant. Les MUS permettent également d’introduire de nouvelles pratiques, plus respectueuses de l’environnement en association avec de nouvelles techniques, comme par exemple les systèmes de micro-irrigation.

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Au Népal on a constaté que l’installation d’un MUS pouvait avoir un impact positif et immédiat sur les populations qui en bénéficient : les fermiers sont moins touchés pendant les périodes de faibles précipitations. De plus, l’eau ne doit plus être transportée sur des kilomètres, corvée souvent réalisée par les femmes et les enfants. Enfin, la période pendant laquelle il est possible de cultiver est allongée : de quoi laisser espérer une multiplication de tels projets. À ce jour, 80 MUS sont mis en place et fonctionnent au Népal et 12.000 fermiers en profitent chaque jour. Une lueur d’espoir pour les populations qui pourront, demain, à leur tour, bénéficier de ces innovations.

05_MUS_waterPhotographie : idereadyforbusiness.org


Sources : fao.org / ideo.org / mwawater.org / practicalaction.org

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