2000 km à vélo pour aller à la rencontre et filmer des personnes qui agissent pour l’environnement, c’est le projet fou de Jérémi Stadler et de son parcours ORDINAIRE. Parti le 22 octobre dernier de Montpellier, Jérémi va nous emmener de Biarritz jusqu’à la Rochelle, en passant par Anglet et la Provence, le tout seul et entièrement en vélo. Un projet dingue que Mr Mondialisation suit étape par étape, avec vous.

Jérémi Stadler était plus un skateur qu’un cycliste. C’est avec le skate qu’il a commencé à filmer, à poser des sons et des images quand il était jeune, pour s’exprimer. Il n’a jamais lâché sa caméra depuis.

En 2017, Jérémi rencontre Emmanuel Laurin, un homme un peu fou lui aussi, qui a nagé entre Marseille et Toulon en ramassant tous les déchets sur son passage. De cette rencontre est né le documentaire « Le Grand Saphir ». Quelques années plus tard, c’est Jérémi qui se lance dans sa propre aventure : filmer le portrait de cinq personnes qui œuvrent pour l’environnement, le tout en les rejoignant en vélo, et en portant tout son matériel avec lui.

Jérémi se réveille au camp, sur la route entre Montpellier et Biarritz. / Photo : Benjamin Bello

Des personnes ordinaires

« S’ILS NE FONT RIEN COMME TOUT LE MONDE, VIVEMENT QUE TOUT LE MONDE FASSE COMME EUX »

Jérémi a atteint Biarritz ce 31 octobre, après une première semaine intensive de vélo. Épuisé, les galères ne l’ont pas empêché d’atteindre son premier rendez-vous avec le sourire et l’impatience de filmer son premier portrait : Tom.

« Tom Flambeau, Il faisait de la chasse sous-marine et il s’est mis à ramasser les plombs des pêcheurs, nous raconte Jéremi. Il les fait fondre pour créer des objets artistiques. Je trouvais la démarche intéressante, et en plus il surf donc il doit être cool ! »

Le portrait de Tom Flambeau devrait être très bientôt disponible. Mr Mondialisation vous le partagera, avec celui de Julien, un éco-activiste à l’énergie inépuisable ; Marion, une créatrice qui a pris le problème de la pollution des masques chirurgicaux à bras le corps ; Ed, initiateur de projets et de combats de rue et enfin Rita, dont l’art et la danse sont indissociables de sa volonté d’assainir son bidonville.

L’idée, comme nous l’explique Jérémi, c’est « d’être au plus proche de ces personnes-là et de montrer leur quotidien. Le but est de sublimer leur action sans en faire des tonnes, pour rester dans la réalité. »

Portrait de Tom Flambeau, par Jérémi Stadler. / Instagram : @jeremi_stadler

ORDINAIRE, c’est donc le portrait de cinq personnes « comme tout le monde », mais qui, pourtant, agissent. Des gens pas si ordinaires, mais pas exceptionnels non plus. Chacun avec ses différences, ses points forts et ses faiblesses.

« Après Le Grand Saphir j’étais à fond, je me suis mis au zéro déchet, je faisais beaucoup de ramassage, se confie Jérémi. J’en fais moins aujourd’hui mais j’en fait toujours. Or, depuis trois ans tu as l’impression que ça n’avance pas, voire même que ça régresse. Avec le Covid tu as maintenant des masques partout. »

« J’aimerais bien dans cette série garder le côté positif des actions, l’aspect humain, et drôle : car ça fonctionne. Le message passe rapidement et les gens comprennent direct. Mais j’aimerais aussi ne pas faire Le Grand Saphir 2, apporter une patte différente dans la série, ne pas montrer uniquement que la vie est belle parce que malheureusement, je trouve que c’est faux. »

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L’activisme, prendre conscience du problème et agir en conséquence, c’est compliqué. Agir pour l’environnement est difficile et Jérémi n’a pas peur de le dire, tout n’est pas tout beau, tout rose, et souvent, on a l’impression de s’époumoner face à un mur. « Quand tu es activiste il y a des hauts et des bas, et même souvent des bas qu’on ne montre pas du tout. L’environnement c’est compliqué de le défendre, ça n’avance pas très vite. »

D’ailleurs, c’est un phénomène récurrent chez les activistes. Le « burn-out du colibri », ou l’anxiété créée par la crise environnementale, dont tout le monde prend conscience, alors que les politiques, encore et toujours, ne font pas assez, si ce n’est rien du tout.

Avec ORDINAIRE, on renoue avec ce sentiment de faire quelque chose de bien. De faire, en fait, la seule chose qu’il nous reste à faire : agir. Pour soi, et aussi pour forcer la main à ceux qui peuvent faire une vraie différence. Et au passage, on rencontre des personnes humaines, qui ont autant d’expériences et de valeurs à partager.

« Pour construire tous ensemble le monde d’après, prêtons l’oreille à ceux qui y ont pensé avant. »

Jérémi le dit en d’autres mots : « Ordinaire c’est un clin d’œil à « la révolte ordinaire » le sous-titre du Grand Saphir ; j’aimais aussi ce mot car ça représente la simplicité. Je trouve que ce sont toutes des personnes simples qui font des actions simples mais qui sont rares. Je n’ai pas envie d’en faire des personnes extraordinaires en fait, je veux montrer que toi, moi, n’importe qui, on est tous en mesure de faire ce genre d’actions… Mais si, d’un autre côté, l’Etat ne se bouge pas le fion, ça ne sert à rien ! »

 

Un projet dingue pour se retrouver

Pourquoi le vélo et 62 kg de matériel, pourquoi s’infliger cette difficulté ? « J’avais besoin de ça », répond-il.

« Je ne sais pas pourquoi, mais ça fait un moment que j’avais envie de sortir de ma routine et de me mettre dans la merde, de galérer un peu. Je me suis dit que le meilleur moyen pour faire ça c’est de faire un truc inconnu. Et je pense que c’est ça qui est cool avec l’aventure. Quand tu résous plein de problèmes, tu atteins une autre sorte de bonheur, en fait. J’avais besoin de ça, car j’ai toujours fait un peu trop les mêmes films. »

Par-là, Jérémi sous-entendait les films commandés par des entreprises, des produits « corporate ». Des travaux où, en fin de compte, il faisait toujours la même chose : vendre. Vendre un produit, vendre un système d’entreprise.

Un projet fou à la rencontre de gens qui ont peut-être un grain. Visuels avant le grand départ. / Photo : Benjamin Bello

« J’ai fait ça pendant six ans et au bout d’un moment tu te demandes à quoi tu sers. Et c’est vrai qu’avec le Grand Saphir j’ai pu respirer à nouveau, ça m’a fait un bien fou, et c’est de là que tout est parti. Je ne pouvais plus rentrer dans un cycle de même film, même client, même retour. Il n’y avait plus de liberté au final, tu t’enfermes là où veut t’enfermer la société de consommation. Et je voulais en sortir. »

Jérémi est reparti sur la route, en vélo. Ni le froid, la fatigue ou les aléas ne comptent l’arrêter. Un parcours fou que vous pouvez suivre au jour le jour sur son compte Instagram, Sa page Facebook mais aussi et surtout sur l’Okpal de Jérémi. Via Okpal Ordinaire, vous pouvez même soutenir son travail (réalisation, montage, son, post-production, etc. ).

 

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