L’industrie fossile fait à nouveau parler d’elle aux États-Unis. Dans l’État de l’Oklahoma, on répertorie une explosion du nombre de tremblements de terre d’une magnitude allant jusqu’à 4,5 sur l’échelle de Richter. La fracturation hydraulique est pointée du doigt par les experts.
Situé au cœurs de terres américaines, l’état de l’Oklahoma n’est pas coutumier des séismes. On en répertorie en moyenne deux par année, d’une faible amplitude. Une assertion qui devra désormais se tenir au participe passé. Depuis plusieurs mois, le nombre de séismes dans la région fut multiplié par 300. De deux tremblements de terre par an, les habitants de la région doivent s’accoutumer à pratiquement 2 séismes par jour pour 600 depuis début 2015. En comparaison, la Californie, située sur plusieurs failles sismiques, ne rencontre « que » moins de 200 séismes par an.
Source : earthquakes.ok.gov via libération.fr
La multiplication anormale des séismes dans l’Oklahoma coïncide parfaitement avec le début de l’exploitation du gaz de schiste. La fracturation hydraulique, c’est la dernière méthode « à la mode » dans l’industrie des énergies fossiles non conventionnelles. Un secteur qui a contribué largement à sortir les USA de la crise et dont les promoteurs tentent de s’implanter en Europe en ce moment. Mais la technique est au cœur d’un très grand nombre de polémiques depuis son origine. En pratique, elle consiste en l’injection à très haute pression d’eau chargée de produits chimiques dans les profondeurs rocheuses des terres. L’explosion libère des hydrocarbures qui remontent à la surface et peuvent être exploité par l’industrie fossile.
F. Rall Walsh III, doctorant en géophysique à l’école des sciences de la Terre, de l’énergie et de l’environnement de Stanford, explique que « 70 % des tremblements de terre dans le centre des États-Unis sont arrivés dans l’Oklahoma et c’est un énorme changement ». Pour les scientifiques, l’injection d’eau dans les formations sédimentaires profondes pourrait interférer avec des failles sismiques plus profondes. Sans surprise, l’industrie du pétrole conteste les analyses, réclamant des recherches plus poussées avant d’envisager une quelconque action.
Crédit image : © Jim Young / Reuters
Bien que ces centaines de tremblements de terre ne constituent aucun danger réel pour le public, le scientifiques restent divisés sur la possibilité à long terme de créer des séismes plus destructeurs. Si certains estiment que les séismes ne dépasseront jamais le niveau 4 ou 5 sur Richter, d’autres craignent des magnitudes jusqu’à 7, de quoi faire effondrer des constructions. Tel un laboratoire géant où nul n’ignore exactement ce qu’il se produira, l’Oklahoma vit dans l’attente du pire, profitant du « meilleur » d’une industrie fossile florissante boostant son économie. La question écologique (pollutions, CO2, changements climatiques,…) n’est évidemment pas au cœur des inquiétudes.
Rappelons enfin que chaque État américain défend sa propre politique en la matière. En 2014, l’État de New York a fait interdire purement et simplement la technique de la fracturation hydraulique sur son territoire au regard des risques engendrés. En Europe, de nombreux collectifs tentent également de s’opposer à l’exploitation du gaz de schiste. L’Allemagne s’y refuse officiellement ainsi que l’Écosse qui a fait interdire la pratique en janvier 2015 juste avant de bannir, dans un tout autre registre, l’utilisation d’OGM dans l’agriculture. Les industriels continuent leur lobbying auprès des pouvoirs des pays hésitants pour ouvrir la voie à l’exploitation du gaz de schiste le plus rapidement possible.
Source : france24.com / lexpress.fr / liberation.fr