À l’appel de différentes associations issues de la sociétés civile, Belges, Néerlandais et Allemands se sont déplacés pour former une chaîne humaine de près de 90 kilomètres entre la centrale nucléaire de Tihange et Aix-La-Chapelle. Ayant parfois plusieurs heures de routes en train, en bus, en voiture ou en vélo derrière eux, ils sont pourtant des dizaines de milliers à s’être déplacés pour dénoncer les dangers que représente la filière nuléaire et l’irresponsabilité des politiques qui ferment les yeux sur les défauts des cuves des réacteurs nucléaires Tihange 2 et Doel 3. Nous étions sur place.
Ce dimanche 25 juin, vers 14 h 30 des dizaines de milliers de citoyen.ne.s formaient pendant une quinzaine de minute une chaîne humaine géante pour réclamer la fermeture des réacteurs nucléaires belges les plus fissurés depuis Tihange via Liège et Maastricht jusqu’à Aix-la-Chapelle. Convaincus des dangers du nucléaire, ils réclamaient une autre politique énergétique, plus soucieuse des enjeux environnementaux et des êtres humains. La chaîne était organisée conjointement par des initiatives citoyennes belges, néerlandaises et allemandes.
« La question du nucléaire est internationale »
La question nucléaire dépasse les frontières et les citoyen.ne.s sont prêts à le crier haut et fort. C’est peut-être l’un des principaux message de la mobilisation massive de personnes venues de différents pays pour interpeller les décideurs politiques et réclamer une transition rapide vers un autre modèle énergétique. Sur place à Liège, le long de la Meuse, nous avons pu observer le joyeux rassemblement, international et coloré. Venu depuis Cologne en train et accompagné de sa femme et de ses deux enfants, un participant se dit convaincu de « l’importance de montrer qu’il existe une dynamique citoyenne contre le nucléaire qui dépasse les frontières » .
Les ambitions du rendez-vous étaient importantes : peu avant le début de l’évènement, le porte-parole du côté Flamand de l’organisation Belge de la chaîne humaine annonçait que “cette action deviendra une des plus grandes – peut-être même la plus grande – contestations anti-nucléaires organisée en Belgique. Cette chaîne humaine internationale vise les réacteurs fissurés de Tihange 2 et Doel 3. Des personnes de différentes nationalités et de différentes régions issues du coeur de l’Europe, se tiendront par les mains (ou se relieront par des banderoles, des drapeaux, des rubans, …) pour exprimer leur résistance (au coeur même de l’Europe).”
Fermer Tihange, organiser la transition énergétique
Outre l’arrêt des réacteurs nucléaires Tihange 2 et Doel 3, dont les cuves présentent des milliers de fissures, les participants réclamaient des investissements accélérés dans les énergies renouvelables ainsi qu’une transition socialement juste du nucléaire vers le renouvelable. Leur mobilisation sera-t-elle suffisante pour infléchir les politiques publiques ? En tous cas, les manifestants, venus en nombre, ont presque relevé le défi : seuls quelques espaces des 90 kilomètres sont restés inoccupés. Pour les organisateurs, qui revendiquent 50 000 participants, l’objectif est largement atteint.
Pour les mobilisés, il s’agissait de mettre en lumière un enjeu collectif. Stavroula, une liégeoise, est venue pour montrer qu’il est nécessaire de dépasser les intérêts individuels et de s’organiser collectivement : « les gens sont-ils prêts à sortir pour réaliser leurs idéaux ? » , interroge-t-elle. Olivier, un jeune de 30 ans vivant également à Liège, est venu pour « donner du visuel à une mobilisation citoyenne » . Il dénonce qu’à Tihange 2 et Doel 3 on « dépasse les règles européennes en matière de sécurité nucléaire » . Avec l’espoir que le mobilisation puisse servir de « moyen de pression » sur les décideurs publics, il réclame une « sortie progressive du nucléaire » . Ces arguments seront-il entendus ?
Propos receuillis par l’équipe de Mr Mondialisation
Pour en savoir plus : chain-reaction-tihange.eu