Récemment, la L214 dénonçait l’origine brésilienne de la viande de poulet utilisée par Domino’s Pizza. Fait tout aussi important, elle mettait en lumière les conditions d’élevage industriel désastreuses des animaux (voir notre article détaillé). Elle enjoignait alors l’enseigne de restauration rapide à adopter l’European Chicken Commitment une charte par laquelle les entreprises s’engagent « contre les pires pratiques d’élevage et d’abattage des poulets dits de chair ». Un engagement que non seulement Lidl persiste à ne pas prendre mais tente également de détourner dans un récent communiqué de presse.
En France de nombreuses entreprises se sont déjà engagées à ne plus se fournir en viande de poulets élevés dans les pires conditions que l’élevage intensif a su imposer en toute ignorance des consommateurs. Du moins, jusqu’à il y a peu ! Car les vidéos tournées secrètement dans les élevages sont devenues légion grâce aux réseaux sociaux. Parmi les enseignes de grande distribution qui ont adhéré aux valeurs de l’European Chicken Commitment, on peut citer Intermarché, Carrefour, Netto, Système U, Auchan, Cora et Match. Une liste à laquelle la L214 aimerait voir s’ajouter d’autres noms, en particulier celui de Lidl.
Pendant un an, la L214 a dialogué avec l’enseigne pour l’inciter à s’engager fermement à améliorer les conditions d’élevage et d’abattage des poulets et à intégrer une part minimale d’élevage en plein air à ses approvisionnements comme prévu dans l’European Chicken Commitment. Sur ce dernier point il s’agit en outre d’un sujet auquel les citoyens sont particulièrement sensibles : 89 % des Français considèrent comme important (dont 68 % comme très important) que les poulets disposent d’un accès à l’extérieur, selon un sondage ComRes de 2019 (source : Eurogroup for Animals, Q7.3).
Ces échanges ont abouti, ce vendredi 17 juillet, à un communiqué de presse anticipé de Lidl qu’elle présente comme un engagement en faveur des poulets de chair. Or, pour la L214 cette publication ne répond pas aux mesures minimales attendues par une majeure partie des citoyens et qu’elle porte auprès de Lidl depuis plus d’un an. Car dans ce communiqué, la L214 relève qu’il ne figure aucun engagement à fournir une part minimale (20%) de poulet issu d’élevage en plein air. Et 20%, ça semble déjà bien peu… Tout en prétendant s’engager (enfin) en faveur du European Chicken Commitment, Lidl désavoue dans le même temps deux mesures phares de cette initiative que sont l’arrêt de l’utilisation de souches d’animaux à croissance rapide et la baisse des densités d’élevage (une mesure ne demandant aucun investissement matériel, et qui est au contraire immédiatement applicable).
Après une longue année d’échanges finalement infructueux, la L214 s’est décidée à riposter en sortant les grands moyens. Elle lance aujourd’hui une campagne massive visant à dénoncer l’inaction de Lidl. Une campagne sur le terrain comme sur le net.
Aujourd’hui, dans 25 grandes villes de France, des actions ont lieu aux abords des magasins Lidl afin d’informer les passants et les clients de l’enseigne de la politique d’élevage de Lidl, notamment à l’aide d’un tract parodiant celui de l’enseigne. À Lille, Lyon, Bordeaux, Nancy et dans plusieurs autres villes, un camion publicitaire circule devant les magasins du groupe, exposant au public les conditions actuelles d’élevage de poulets pour Lidl. Un happening durant lequel des bénévoles dénoncent à l’aide de pancartes les conditions d’élevage en claustration des poulets a également lieu aujourd’hui devant le siège du groupe à Rungis, en région parisienne.
Sur internet des vidéos un brin cyniques parodiant les célèbres publicités “Allô Patron” et Parkside (la marque de bricolage de Lidl) sont diffusées.
A voir également les trois vidéos « Chicken Nightmare » reprenant les codes de Parkside pour des accessoires utilisés dans les élevages de poulets : la mangeoire, le ventilateur et le crochet d’abattoir. Attention, présence d’images choquantes.
Enfin, la L214 appelle les consommateurs à signer une pétition en ligne adressée à Lidl pour que l’enseigne se décide enfin à changer de politique sur l’origine de ses poulets.
S. Barret
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