« Chemins de Vie » : 2000 kilomètres à la rencontre de pèlerins

    À l’aube de ses 30 ans, Pauline Wald quitte sa vie de bureau pour partir marcher avec son sac à dos, de la maison où elle a grandi en Alsace jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle. Sur son chemin, elle part à la rencontre de ceux et celles qui marchent. Qu’est ce qui peut pousser quelqu’un à quitter sa zone de confort si radicalement, parfois un travail, une maison, une famille, pour se lancer sur ce Chemin ? En marchant, l’idée lui vient de réaliser un film pour répondre à cette question.

    Bonne élève à l’école, Pauline suit l’autoroute toute tracée sans se poser de questions, comme beaucoup : classe préparatoire, école de commerce, CDI dans le secteur bancaire. Après quelques années, elle se sent enfermée dans l’engrenage métro-boulot-dodo, et a l’impression de «  perdre sa vie à la gagner. » « Quel est le sens de tout ça ? » Cette question sera le point de départ d’un cheminement intérieur qui la mènera notamment à faire de l’humanitaire en Inde et à entamer des études de psychologie en parallèle de son travail.

    C’est en août 2017, qu’elle décide de quitter son appartement et son travail pour partir marcher sur le chemin de Compostelle.

    Marcher pour trouver son essentiel

    « Dans une vie quotidienne stressante et bien remplie, la charge mentale créait un brouillard autour de moi qui m’empêchait de m’écouter et accéder à mon GPS intérieur. Marcher d’un point A à un point B, c’est mettre son corps en mouvement et revenir à une forme de simplicité. Se réveiller, manger, marcher, trouver un lieu où passer la nuit : cette simplicité libère l’esprit. »

    Patrick Burensteinas définit le « pèlerin » non comme une personne qui va visiter des hauts lieux de piété dans un but religieux mais comme celui qui pèle ses peaux, les unes après les autres, comme on pèle un oignon, jusqu’au cœur.

    Le pèlerin se dépouille : des affaires de son sac à dos et aussi de ses pensées. Et en se dépouillant, il se rapproche de ce qui est essentiel.

    Pauline Wald

    « Ce Chemin a été l’occasion pour moi de laisser aller des couches de peaux qui ne me convenaient plus, qui pesaient trop lourd, pour me reconnecter à la personne que je suis derrière tous les conditionnements. J’avais l’espace pour observer les pensées et les émotions qui me traversaient et les lâcher en cours de route. Et mon sac à dos aussi s’est allégé, en passant de 11 à 5,5 kilos ».

    Le choix de la marche à pied était également en cohérence avec ses convictions écologique, du fait du très faible impact carbone. On peut aussi parler des conséquences positives de la marche sur la santé. En tant qu’homo sapiens, nous avons été nomades pendant la majeure partie de notre histoire. Ce n’est qu’il y a 12 000 ans que nous sommes passés de chasseurs-cueilleurs nomades à agriculteurs sédentaires. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous passons nos journées assis sur une chaise devant un ordinateur. Or, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), la sédentarité augmenterait le risque de développer des maladies cardiovasculaires, du diabète, de l’obésité, des cancers, de la dépression, de l’anxiété, etc.

    - Pour une information libre ! -Soutenir Mr Japanization sur Tipeee

    Pauline interviewe d’ailleurs maintenant des personnes sur différents sujets, dont celui de l’écologie, sur sa chaîne YouTube Pauline Across the Worlds. Comme ici, son entretien avec Géraldine Rémy :

    https://www.youtube.com/watch?v=sqP3ZdnLnwU

    L’idée de réaliser un film

    Pendant son chemin, Pauline rencontre de nombreux pèlerins d’âge, de pays et de milieux différents et leur demande ce qui les a amenés à se lancer sur ce chemin, et ce que cette aventure leur apporte.

    Steven (Anglais) souhaite devenir une meilleure version de lui-même, Daniel (Suédois) veut se sentir libre et à l’abri du stress du quotidien, Barbara (Tchèque) veut affronter sa plus grande peur qui est celle d’être seule avec elle-même, Maximilien (Français) veut se rapprocher de Dieu, etc.

    Chaque chemin n’est pas unique et pourtant, toutes ces personnes marchent dans la même direction.

    En chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle

    « L’idée de faire un film m’est venue en marchant, en discutant avec d’autres pèlerins, alors que je ne suis pas dans le domaine de l’audio-visuel. J’ai eu envie de donner la parole à ceux et celles qui ont quitté leur vie confortable pour marcher. Ce film parle d’une génération de pèlerin·e·s, prêt·e·s à questionner leurs habitudes et à s’ouvrir à l’inconnu et à la magie de la vie. »

    Deux ans après son retour, Pauline complète son court-métrage de 30 minutes en demandant aux marcheurs et marcheuses qu’elle a rencontré·e·s comment on rentre d’un tel Chemin et comment on fait face à la peur originelle de partir… Son nouveau film (qui durera une heure) sort à l’automne et est disponible sur ce lien.

     


    Nos travaux sont gratuits et indépendants grâce à vous. Afin de perpétuer ce travail, soutenez-nous aujourd’hui par un simple thé ?

    - Cet article gratuit et indépendant existe grâce à vous -
    Donation